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Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Éditorial

Regards sur l’au-delà!

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Le jour de Noël dernier, à la base de Kourou, en Guyane française, la fusée Ariane 5 emportait dans le ciel le télescope spatial géant James Webb pour une mission destinée à nous permettre un regard extrêmement profond sur l’univers astral. L’appareil très sophistiqué déploiera tranquillement ses instruments et leurs virtualités dans des conditions extrêmes de températures et de manutention. Nous espérons de cette aventure scientifique un regard jamais encore atteint sur un monde fascinant, à perte de vue! Nous obtiendrons bientôt des images inédites d’objets qui nous sont éloignés presqu’à l’infini du temps et de l’espace…

Qu’y a-t-il plus loin? Qu’y avait-il avant l’hypothétique Big Bang? Comment tout a pu commencer? À quoi nous attendre pour l’avenir? Voilà autant de questions plus philosophiques que physiques! Puisqu’il semble bien qu’il y aura toujours un au-delà de ce que nous voyons, toujours un avant de ce que nous découvrons. De quelle nouvelle antenne aurons-nous besoin pour percer le mystère de ce monde qui nous porte, qui nous emporte, qui échappe à toutes nos mesures et à nos théories les plus audacieuses?

Un bon nombre de nos contemporains voudraient limiter aux seules capacités humaines le droit et la possibilité d’arriver à des réponses complètes et définitives sur ces questions existentielles. Il leur semble que l’ère des approches religieuses et croyantes du mystère de l’univers physique et spirituel, dont nous sommes parties prenantes, est en train de céder la place aux considérations uniquement et strictement scientifiques. Nous serions enfin parvenus au stade d’une prise de conscience irréversible, selon eux : l’homme se suffirait à lui-même pour comprendre le monde.

Nous serions parvenus définitivement à l’époque des « lumières ». Fini le temps des religions et des légendes et des mythes et des écritures saintes! Mais, n’est-ce pas là se fermer à une collaboration possible, à des antennes utiles, dont il ne nous appartient pas de décider si elles sont valides ou pas. Et si c’était une question d’humilité, de sensibilité spirituelle, d’ouverture d’esprit, d’honnêteté intellectuelle? Qui a dit que la réalité devait se réduire à une froide et systématique observation des phénomènes, à des analyses fussent-elles les plus savantes? N’y aurait-il pas un langage autre qui risque de nous échapper, qui vient d’ailleurs, que nul télescope humain à lui seul ne peut capter?

Et s’il existait un autre monde? Totalement spirituel. Inaccessible à nos sens? Parfaitement libre et autonome? Qui n’aurait pas besoin de nous, à vrai dire? Mais qui aurait voulu, un bon jour, prendre initiative de nous rejoindre dans notre état d’humanité? Non pas pour envahir notre monde et le terroriser, mais pour le bonifier, pour l’aimer, l’habiter avec nous, le purifier, le racheter, le libérer, en l’illuminant d’un sens nouveau et d’une finalité augmentée à l’infini du surnaturel?

Et si c’était le chemin que Dieu avait choisi et décidé de prendre pour nous rejoindre? Nous parler? Nous révéler quelque chose de son Mystère? Nous inviter au dialogue? Nous donner d’être partenaires de sa béatitude, de la Vie intime de son être?

Le prologue de l’Évangile de Jean nous introduit dans cette grande perspective. Voici que Dieu lui-même s’est révélé. Il est venu au-devant de nous. Nos pensées les plus profondes, les plus sages, les plus subtiles n’arrivent pas à le trouver… tellement il est immense, infiniment grand. Or, c’est lui qui fait les premiers pas vers nous avec amour, avec tendresse, avec humilité même. Avec la plus grande patience!

Et si c’était la même attitude qu’il attend de nous et qu’il nous faudrait prendre pour le voir et le rencontrer? Oserions-nous déployer largement le télescope d’une Foi qui cherche, qui le cherche en toutes ses manifestions, dans le langage des Écritures, dans la foi de l’Église, dans la communion fraternelle, dans la nature, etc.? Pareille connaissance ne peut se concentrer que sur le miroir d’une âme déployée avec ferveur, humilité, sensibilité et amour. Voilà l’instrument adéquat que Dieu lui-même prépare en nous! C’est lui qui crée en nous cette capacité de le connaître, tel un puissant télescope venu de lui, qu’il nous prête pour scruter l’infini de son Mystère, celui de notre Grand Dieu et Père.

Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, QC

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