Comme une graine de moutarde!
Aujourd’hui, Dieu nous parle le langage de la nature. Un monde avec lequel nous sommes un peu tous familiers et auquel nous sommes particulièrement sensibles en ce temps de l’année, où la végétation se déploie avec force et beauté. Dieu se fait jardinier pour nous dire son plan, son projet; il nous révèle l’œuvre de grâce qu’il poursuit dans le monde où nous sommes, alors que, jetée en notre terre, cette œuvre nous ouvre un avenir; elle nous fait entrer dans un chantier d’espérance, pour bâtir le monde nouveau du Royaume.
Déjà le livre d’Ézéchiel nous parlait d’un cèdre magnifique, produit d’une tige qui provient de la fine pointe du sommet d’un vieil arbre et qui, plantée dans les hauteurs, devient un arbre géant. On l’imagine rempli de la force de l’Esprit. Il sera l’arbre immense où beaucoup pourront trouver abri, paix et sécurité. Cet arbre c’est le Christ, le Messie, le Sauveur promis, l’un des nôtres, parti de peu en son humanité, mais choisi, nourri de sève divine.
L’Évangile nous dit tout cela, en paraboles. Le grain jeté en terre n’a besoin que de la complicité du sol pour germer, croitre, produire du fruit, avec bien sûr la pluie et la lumière du soleil. Cette semence jetée en terre, c’est le Fils en son incarnation, qui s’est fait tout petit. Il a vécu dans le temps et la chair des hommes. Il a pris de nous notre nature. Il est né de la plus jeune et de la plus sainte d’entre les femmes. Avec la puissance de l’Esprit, Dieu a épousé en Marie notre terre. Le Fils a pris d’elle notre condition humaine. Dans le mystère de cette venue, Jésus s’est tenu dans l’humilité. Contesté par les hommes, il fut mis en terre, caché au profond du tombeau. La puissance de vie et de résurrection du Père l’a fait se lever d’entre les morts. C’est ainsi qu’il a pris pour nous figure de géant et de Sauveur universel. « Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que nous, nous avions crucifié. » (Actes 2, 36)
Rappelons-nous que c’est sur ce modèle que nous sommes invités à cheminer dans la foi : vivre notre vie au quotidien de nos engagements, dans l’humilité du service et de l’amour fraternel, acceptant volontiers de mettre nos talents, si humbles soient-ils, au service de la société humaine, en fidélité à la grâce reçue pour aller jusqu’au don de nous-mêmes. L’œuvre de Dieu s’accomplit dans l’humilité d’une vie donnée, offerte, comme celle de Jésus en sa Passion. Jardiniers à notre tour, nous serons des hommes et des femmes de confiance, ne désespérant jamais des autres et de nous-mêmes, à cause de Celui qui veille sur nous, à cause du Christ, le frère de tous, notre compagnon de route et notre Sauveur.
La lettre de Paul aux Corinthiens nous rappelait que notre condition présente, avec ses merveilles et ses pauvretés, peut nous paraître un temps d’exil où nous sommes tenus, pour un temps encore, éloignés du Seigneur. Mais, en vérité, nous capitalisons déjà pour le Royaume, si nous nous efforçons de plaire au Seigneur. Le Christ nous revaudra notre patience et nos œuvres bonnes. Notre gloire, c’est d’appartenir au grand arbre qui nous abrite, nous protège et nous garde pour un bonheur sans fin. Notre avenir, c’est le Royaume achevé dans la grâce du Fils, dans la puissance de l’Esprit d’amour et de communion, Celui-là même qui a ressuscité Jésus d’entre les morts.