Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 16, 13-20)
En ce temps-là,
Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe,
demandait à ses disciples :
« Au dire des gens,
qui est le Fils de l’homme ? »
Ils répondirent :
« Pour les uns, Jean le Baptiste ;
pour d’autres, Élie ;
pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. »
Jésus leur demanda :
« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »
Alors Simon-Pierre prit la parole et dit :
« Tu es le Christ,
le Fils du Dieu vivant ! »
Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit :
« Heureux es-tu, Simon fils de Yonas :
ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela,
mais mon Père qui est aux cieux.
Et moi, je te le déclare :
Tu es Pierre,
et sur cette pierre je bâtirai mon Église ;
et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.
Je te donnerai les clés du royaume des Cieux :
tout ce que tu auras lié sur la terre
sera lié dans les cieux,
et tout ce que tu auras délié sur la terre
sera délié dans les cieux. »
Alors, il ordonna aux disciples
de ne dire à personne que c’était lui le Christ.
Une Église bâtie sur le roc de la Foi!
La belle saison s’en va. Finies bientôt les vacances! Tout va reprendre son cours habituel; c’est la rentrée avec ses nouveautés et bientôt aussi les mêmes routines… compte tenu aussi des aménagements particuliers que nous impose encore le contexte de la pandémie du Covid-19. C’est le temps des récoltes aussi, le temps des bilans, des orientations à prendre, des projets qui s’annoncent.
La Parole de ce dimanche prend aussi couleur de tournant, de regard d’avenir, de projet à bâtir. Jésus fait le point sur son parcours. Il en parle avec ses disciples. Ça ressemble à ce que nous faisons parfois avec nos proches, compagnons ou compagnes de vie ou de travail. S’arrêter et se questionner : voir où nous allons, ce que nous devenons ensemble, qui nous sommes les uns pour les autres.
L’événement évangélique rapporté prend la forme d’une retraite avec Jésus. On est dans la région de Césarée-de-Philippe, dans le nord du pays, aux frontières du Liban et de la Syrie actuelle. Près du mont Hermon, aux sources du Jourdain. En pleine nature. Un vrai petit paradis!
C’est là que Jésus s’informe sur ce que les gens disent de lui. Un petit exercice auquel chacun participe volontiers. Il y en a qui disent que tu es Jean-Baptiste, lui que pourtant le prince Hérode a fait assassiner. D’autres te voient comme Élie qui doit revenir. D’autres te prennent pour Jérémie ou pour un prophète d’autrefois. Ce sont les rumeurs qui courent. Des réponses faciles, des références qui ne disent rien d’original et de bien personnel sur Jésus.
Ce dernier espère-t-il qu’on lui dise autre chose? Il se tourne vers ses disciples pour avoir cette fois leur avis. Vous qui m’avez suivi partout, qui avez mangé et bu avec moi, vous, les témoins de tout ce que j’ai fait, vous qui priez avec moi, qui communiez à mes pensées, suivez mes enseignements, que dites-vous? Pour vous qui suis-je?
C’est alors que jaillit une réponse simple, spontanée, toute neuve, étonnante. Le disciple qui l’énonce a-t-il bien réfléchi à la portée de ce qu’il disait? « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant! » Cette réponse ne pouvait venir de lui tout seul. Elle touche tellement au mystère personnel de Jésus qu’elle ne peut surgir que de l’initiative du Père lui-même. Lui seul pouvait révéler ainsi à ce disciple l’identité réelle du Fils et faire de Simon celui sur lequel le bien-aimé Jésus pourra établir la suite, cette Église appelée à rassembler les croyants et à perpétuer l’œuvre du Christ.
Nous avons ici un moment fondateur, une confession de foi décisive de la part de Simon, qui appelle une répartie solennelle du Seigneur : « Je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. » Le disciple n’est plus Simon. Son nom est Pierre. Son destin a changé. Il est investi d’une responsabilité nouvelle. L’engagement de Jésus va loin; il déborde le présent pour atteindre par-delà la passion et la mort du Seigneur jusqu’au jour glorieux de la résurrection pour une alliance véritablement pascale.
Cette Église établie sur la foi de l’apôtre Pierre et de ses successeurs, elle est là pour toujours, maison des croyants, barque salutaire, assemblée sainte. Elle tiendra à travers les âges. Pauvre et fragile, peut-être, mais vivant de la foi de Pâques. « N’ayez pas peur! » sera le maître mot. Car la promesse est là de la puissance qui l’habite, puissance de vie et d’amour. Tenons donc, nous aussi, dans la foi de Pierre et professons que le Christ est vivant. Qu’avec lui nous vivrons à jamais, puisqu’il nous en fait la promesse.
En cette Eucharistie, rendons grâce pour la part qu’il nous donne à son Mystère de vie et d’amour! Tout n’est-il pas de lui, et par lui, et pour lui? À lui et au Père, dans l’Esprit, la Gloire pour les siècles des siècles!