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Éditorial,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Éditorial

L’heure des premiers bilans!

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

 

Je m’étais dit : « Cette fois je ne parlerai pas de la covid-19. C’est fini! On en a assez parlé. N’était-ce pas chez nous une véritable obsession? Cette catastrophe que nous n’avions pas vue venir, ce n’était quand même pas la fin du monde! »

Mais ce fut peut-être la fin d’un monde! Et je me suis dit : « Si je parlais de ce qui va arriver après la pandémie. Si j’écrivais sur ce qui va maintenant peut-être changer de nos manières, de nos attitudes, de nos valeurs? Sur ce qu’on va peut-être devoir vivre autrement? »

Il s’agirait alors de faire d’abord une sorte de bilan provisoire de cette triste période et du rôle qu’elle semble avoir joué pour faire évoluer notre humanité. N’étions-nous pas auparavant en quête de sens et d’une boussole, avec tous nos petits bonheurs qui allaient dans toutes les directions?  Quels sont alors nos profits et nos pertes à ce moment-ci de la pandémie? Cette pandémie n’aura-t-elle été que négative, malheureuse, désastreuse? Ou bien nous aura-t-elle éveillés à autre chose? Tout sera-t-il pareil après comme avant? N’avons-nous pas gagné du neuf dans cet exercice?

Il a fallu très tôt nous confiner. Ne plus aller dehors ni vers les gens. Nous changions même de trottoir pour ne pas rencontrer nos voisins? Nous portions le masque qui nous défigurait, qui cachait nos sourires et nos tristesses. Le masque qui dissimule, qui nous uniformise.

Notre premier réflexe serait sans doute de nous plaindre de ce malheur qui n’en finissait plus. Mais tout n’a peut-être pas été que négatif dans cette situation que peu à peu nous avons appris à apprivoiser. Encore qu’il ne fallait pas nous fermer les yeux et le cœur devant ces gens toujours en souffrance. Nous avons compté à mesure les deuils et les cas! Il était plus difficile de mesurer les séquelles produites, les effets pervers de nos précautions trop sévères, de la solitude et de l’isolement imposés. Beaucoup ont souffert et souffrent encore physiquement, moralement, psychologiquement de cette première vague qui déferle encore chez nos voisins du Sud et qui encore nous menace.

Pourtant il s’est passé plein de belles choses dans ce contexte particulier où nous étions. Un vent de renouveau soufflait sur le monde. Les regards avaient plus d’indulgence, plus de compassion. On se donnait des chances, on se faisait plus délicat, plus humble, plus attentif. Plus confiant. Plus aimant. On se parlait à distance dans la rue. Les gens étaient paradoxalement moins indépendants, plus abordables.

Au sortir de cette pandémie nous apprécions davantage la Vie. Notre incapacité de nous défendre et d’enrayer la Covid-19 fut un dur coup pour notre orgueil et notre fierté. Notre optimisme facile est devenu plus modéré. Nous acceptons à regret de voir notre économie plonger, la valeur de notre patrimoine et de nos acquis matériels diminuer. Pourvu que nous en sortions avec plus d’humanité, avec plus de miséricorde et de charité!

C’est le temps de « brasser les cartes », de nous appuyer sur des valeurs plus profondes, plus spirituelles. Nous n’allons plus nous satisfaire de rêves de voyages, de départ à l’aventure, de consommation effrénée. Nous comprenons qu’il y a plus et mieux comme projets de vie. Ce sera d’abord vivre plus simplement, plus pauvrement. Vivre plus, en prenant le temps de vivre! Tirer partie du moment présent au prix même de l’incertitude et d’un entre-deux éphémère.

Ensemble nous irons vers un ailleurs, menant une vie plus sage. Nous aurons tourné la page. Après la lourde épreuve, nous nous retrouverons plus unis, plus solidaires. Après la dure semonce de la pandémie, nous mettrons sans doute du temps à nous replacer, à retrouver nos repères, mais bien vite voici que nous serons à nouveau sur pied pour affronter, s’il le faut, une deuxième vague toujours possible.

Sachons donc apprécier et mettre en valeur ce qu’il nous reste d’amitiés, de foi, d’amour. N’oublions pas de dire Merci! De saluer les gens. D’avoir bienveillance et sympathie pour tel voisin qui souffre, qui s’ennuie, qui est en colère. Dé-confinons-nous spirituellement! Ouvrons nos bras et notre cœur aux nôtres et aux étrangers. Ne perdons aucune occasion de le dire : La vie est belle!  Oui, nous avons de l’avenir encore. Nous sommes tous convoqués au rendez-vous de l’Espérance!

Fr Jacques Marcotte, OP

Québec

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