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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 5e dimanche du Carême (C)

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Saisir la chance d’une Vie nouvelle

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 8, 1-11)

En ce temps-là,
Jésus s’en alla au mont des Oliviers.
Dès l’aurore, il retourna au Temple.
Comme tout le peuple venait à lui,
il s’assit et se mit à enseigner.
Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme
qu’on avait surprise en situation d’adultère.
Ils la mettent au milieu,
et disent à Jésus :
« Maître, cette femme
a été surprise en flagrant délit d’adultère.
Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné
de lapider ces femmes-là.
Et toi, que dis-tu ? »
Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve,
afin de pouvoir l’accuser.
Mais Jésus s’était baissé
et, du doigt, il écrivait sur la terre.
Comme on persistait à l’interroger,
il se redressa et leur dit :
« Celui d’entre vous qui est sans péché,
qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »
Il se baissa de nouveau
et il écrivait sur la terre.
Eux, après avoir entendu cela,
s’en allaient un par un,
en commençant par les plus âgés.
Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu.
Il se redressa et lui demanda :
« Femme, où sont-ils donc ?
Personne ne t’a condamnée ? »
Elle répondit :
« Personne, Seigneur. »
Et Jésus lui dit :
« Moi non plus, je ne te condamne pas.
Va, et désormais ne pèche plus. »

COMMENTAIRE

Il y a six ans, le 13 mars 2013, à Rome, en soirée, on annonçait qu’un nouveau pape venait d’être élu. Peu après, François se présentait à tous ces gens réunis par milliers sur la place St-Pierre. Dès cet instant, l’homme nous est apparu le visage empreint de douceur et d’humilité. On le sentait à l’écoute de cette foule immense. Son silence nous a d’abord surpris, de même que la douceur de ses propos par la suite, et son humour bienveillant.

Il y a dans les manières du pape François quelque chose de ce que nous voyons se dégager de la personne de Jésus dans l’Évangile, notamment dans l’épisode que nous venons de lire. Jésus s’adonne à l’enseignement dans le Temple, lorsqu’on lui amène cette femme surprise en train de commettre l’adultère, une faute estimée très grave dans la loi juive. Cette femme, il fallait la dénoncer au nom de la Loi. Et on sent un malin plaisir chez les purs et durs de la Loi à conduire la coupable auprès de Jésus, pour l’obliger à se prononcer, à prendre parti devant tout le monde. Jésus, l’ami des pécheurs, ne pourra pas s’esquiver cette fois. Il est coincé. Il faut la condamner.

Mais lui, que va-t-il dire? Que va-t-il faire? Devant le rapport accablant qu’on fait sur cette personne, Jésus marque d’abord un temps d’arrêt. Il fait silence. Un silence qui invite chacun à la réflexion. Puis vient la question : ces messieurs sont-ils tous tellement purs et innocents qu’ils puissent se permettre de lapider cette femme? Sont-ils justifiés de mener quelqu’un à la mort alors qu’eux-mêmes ils ne sont pas sans reproche? Chacun n’a-t-il pas quelque squelette dans son placard?

Et de nouveau, c’est le silence. Un silence qui en dit long! Silence et retrait de tout l’monde sur la pointe des pieds. Jésus, quant à lui, refuse de condamner. Lui seul pourtant pourrait confondre l’accusée en toute vérité et justice. Il s’abstient de le faire. « Moi non plus, je ne te condamnerai pas », prononce-t-il. Il refuse la violence. Il consent à donner une chance au pécheur. Il ne veut pas la mort, mais la vie du pécheur. Il ouvre ainsi à cette femme un espace de miséricorde et de pardon. « Va, et désormais ne pèche plus. » Il y a pour elle un avenir. Il la convoque au meilleur d’elle-même pour une vie plus juste désormais. « Ne vous souvenez plus d’autrefois, ne songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas? » Le Seigneur croit au changement. Il redonne espoir et confiance à chacun, à chacune.

Cette histoire nous entraîne dans le même sens : alors que nous sommes pécheurs et qu’il pourrait nous dénoncer, Jésus nous appelle plutôt à la conversion, nous convoquant au meilleur de nous-mêmes pour la vie, pour ne plus pécher. S. Augustin le disait ainsi : détestons le mal et le vice, mais aimons le pécheur. L’aimer, non pas pour sa faute, mais pour lui-même, pour le sauver de son mal.

Le pape François dénonce vigoureusement le mal. Il doit, bien sûr, permettre à la justice humaine de faire son travail. Mais en tout ce processus de mise en ordre au sein de l’Église, il se pose comme un pauvre parmi les pauvres, donnant à chacun la possibilité de se relever et de mener une vie plus juste, une vie nouvelle. Bien sûr il faut dénoncer et stopper le mal, il faut réparer l’offense autant qu’il en est possible. Ainsi va l’Évangile!

Mais n’oublions pas que les règlements de compte ne suffisent pas. Nous ne vivons pas que pour la terre et le siècle présent. Il y a l’avenir. L’Évangile nous ouvre sur l’avenir. Et même quand nous traversons de grandes misères et portons de multiples souffrances, le souffle de l’Esprit nous pousse vers ce qui compte vraiment, comme le dit S. Paul : nous laisser saisir par le Christ. Notre seul avantage, c’est lui, en qui Dieu nous reconnaîtra comme justes. Il s’agit de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa passion, en reproduisant en nous sa mort, dans l’espoir de parvenir nous aussi à ressusciter d’entre les morts. Il est notre justice, notre espérance, notre Sauveur.

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