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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 5e Dimanche T.O. Année C

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Quand tout bascule dans notre vie

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc  (Lc 5, 1-11)

En ce temps-là,
la foule se pressait autour de Jésus
pour écouter la parole de Dieu,
tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth.
Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ;
les pêcheurs en étaient descendus
et lavaient leurs filets.
Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon,
et lui demanda de s’écarter un peu du rivage.
Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules.
Quand il eut fini de parler,
il dit à Simon :
« Avance au large,
et jetez vos filets pour la pêche. »
Simon lui répondit :
« Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ;
mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. »
Et l’ayant fait,
ils capturèrent une telle quantité de poissons
que leurs filets allaient se déchirer.
Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque
de venir les aider.
Ceux-ci vinrent,
et ils remplirent les deux barques,
à tel point qu’elles enfonçaient.
à cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus,
en disant :
« Éloigne-toi de moi, Seigneur,
car je suis un homme pécheur. »
En effet, un grand effroi l’avait saisi,
lui et tous ceux qui étaient avec lui,
devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ;
et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée,
les associés de Simon.
Jésus dit à Simon :
« Sois sans crainte,
désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
Alors ils ramenèrent les barques au rivage
et, laissant tout, ils le suivirent.

 

COMMENTAIRE

Nous avons tous dans nos souvenirs quelque évènement de notre vie, un moment où tout a basculé, a pris un sens nouveau. Ce fut peut-être un accident, un deuil, une rencontre, un échec ou une réussite formidable. Un moment particulier, où nous nous sommes sentis rejoints, atteints profondément en nous-mêmes. Ce n’était peut-être pas une grosse affaire, mais nous étions alors plus sensibles à ce qui nous arrivait. Il s’est alors produit un changement de regard, un sens nouveau pour notre vie, une conversion. Devant cette nouveauté qui s’offrait à nous, nous avons peut-être eu un moment d’hésitation et de vertige. Le sentiment d’être dépassés, de n’être pas à la hauteur. Et tranquillement nous nous sommes faits à l’idée d’une nouvelle étape pour notre vie. Nous avons compris que des forces étaient en nous qui nous rendaient capable d’assumer cet appel à grandir, à vivre plus.

Il y a de cela dans la parole de Dieu qui nous a été proclamée aujourd’hui. Rappelons-nous la 1ère lecture et le prophète Isaïe, alors qu’il est dans le temple et que Dieu se manifeste à lui d’une prodigieuse façon. Le prophète fait une expérience qui lui donne d’abord de l’effroi. Il est saisi et très conscient de son indignité. « Malheur à moi, dit-il, je suis perdu. Je suis un homme aux lèvres impures. » Le Seigneur ne veut pas le terroriser, au contraire, il lui envoie un ange pour le purifier de ses fautes. Le prophète en devient courageux, libre et fort pour s’engager dans la mission que le Seigneur lui confie.

Vous connaissez bien l’histoire de S. Paul, comment il était persécuteur des chrétiens, comment sur la route qui mène à Damas il a été terrassé. En 2e lecture, dans la lettre aux Corinthiens, Paul s’explique sur la conscience qu’il a d’être le plus petit, le dernier des apôtres. Il nous rappelle que la révélation de Dieu a changé sa vie. Et que la grâce de Dieu en lui n’a pas été stérile.

Enfin, l’évangile nous rapporte la fameuse pêche, qui fut pour Simon Pierre et les autres avec lui, une expérience décisive où se révélait la puissance du Seigneur, et chez eux, le sentiment profond de leur indignité. « Éloigne-toi de moi, Seigneur, parce que je suis un pécheur. »Toujours cette conscience d’être si petit et pauvre devant la grandeur et la sainteté de Dieu. Et en même temps comme chez Isaïe, comme chez s. Paul, cette confiance manifestée par le Seigneur, cette miséricorde qui lui est accordée. Et dans les trois cas, il y a finalement un libre engagement bien personnel au service de la mission.

Nous n’avons sans doute pas eu des tournants aussi décisifs que cela dans nos vies. Pas de vision grandiose comme pour Isaïe, pas d’intervention sur la route comme chez S. Paul, pas de pêche miraculeuse non plus, mais chacun, chacune nous avons nos secrets, le détour où Dieu nous a parlé. Juste assez pour nous faire changer de chemin peut-être, pour nous mener les uns dans la vie religieuse, les autres dans l’état du mariage, d’autres dans le célibat, dans tel ou tel engagement, toujours c’était pour un nouveau défi, un projet d’amour, une réponse d’amour.

Des questions se posent : qu’ai-je fait de l’appel reçu? À quoi d’abord le Seigneur m’a-t-il appelé? Quelle est ma réponse à cette miséricorde qu’il a pour moi? Où en est l’amour dans ma vie ? Suis-je suffisamment attentif à tout ce que le Seigneur veut me dire aujourd’hui et demain au cœur même de ce qui fait ma vie la plus ordinaire, la plus quotidienne peut-être. N’est-ce pas là qu’il a rejoint le prophète Isaïe, Simon Pierre, Paul et les autres?

 

 

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