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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 28e Dimanche T.O. (B)

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Insoutenable tristesse!

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 10, 17-27)

En ce temps-là,
Jésus se mettait en route
quand un homme accourut
et, tombant à ses genoux, lui demanda :
« Bon Maître, que dois-je faire
pour avoir la vie éternelle en héritage ? »
Jésus lui dit :
« Pourquoi dire que je suis bon ?
Personne n’est bon, sinon Dieu seul.
Tu connais les commandements :
Ne commets pas de meurtre,
ne commets pas d’adultère,
ne commets pas de vol,
ne porte pas de faux témoignage,
ne fais de tort à personne,
honore ton père et ta mère
. »
L’homme répondit :
« Maître, tout cela, je l’ai observé
depuis ma jeunesse. »
Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima.
Il lui dit :
« Une seule chose te manque :
va, vends ce que tu as
et donne-le aux pauvres ;
alors tu auras un trésor au ciel.
Puis viens, suis-moi. »
Mais lui, à ces mots, devint sombre
et s’en alla tout triste,
car il avait de grands biens.

Alors Jésus regarda autour de lui
et dit à ses disciples :
« Comme il sera difficile
à ceux qui possèdent des richesses
d’entrer dans le royaume de Dieu ! »
Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles.
Jésus reprenant la parole leur dit:
« Mes enfants, comme il est difficile
d’entrer dans le royaume de Dieu !
Il est plus facile à un chameau
de passer par le trou d’une aiguille
qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »
De plus en plus déconcertés,
les disciples se demandaient entre eux :
« Mais alors, qui peut être sauvé ? »
Jésus les regarde et dit:
« Pour les hommes, c’est impossible,
mais pas pour Dieu ;
car tout est possible à Dieu. »

 

COMMENTAIRE

La Parole de ce dimanche est dérangeante.. « Elle pénètre au plus profond de l’âme », nous prévient la lettre aux Hébreux proclamée en deuxième lecture. Cet homme qui vient s’agenouiller devant Jésus, c’est un bon garçon. Il pratique tous les commandements. On ne peut demander mieux. Il a même le sentiment qu’il n’en fait pas assez pour gagner son ciel.

Jésus regarde avec affection cet homme accouru vers lui en quête de vie éternelle, qui se demande ce qu’il doit faire de plus ou de spécial pour hériter de la vie. « Posant son regard sur lui, Jésus se mit à l’aimer. » Un regard qui va droit dans les yeux et le cœur de son interlocuteur. Jésus l’invite à faire un pas de plus, à se départir de tous ses biens en les vendant au profit des pauvres. « Tu auras un trésor au ciel », ajoute-t-il. Après seulement, il pourra revenir vers Jésus et le suivre.

L’homme devient sombre, il s’attriste. Pourquoi, alors qu’il était venu voir Jésus avec enthousiasme et grande sincérité, est-il reparti sombre et triste? C’est parce qu’il avait de grands biens, nous dit le texte. Et son bonheur il était dans cette possession. La seule pensée de devoir les abandonner, ça le rend malheureux.

Le regard de Jésus l’a rejoint. L’homme est travaillé en son cœur par tant d’amour, par l’appel que Jésus lui a fait de choisir la vie, la sagesse, en prenant soin des pauvres. S’il est triste, c’est parce qu’il se sait aimé par Jésus. Et ses richesses le séparent de lui. C’est bien difficile ce que Jésus lui demande. C’est comme faire un saut dans le vide. Son cœur est partagé. Il hésite. Il n’est pas prêt.

À vrai dire c’est une pareille histoire d’amour qui s’offre à nous tous. Pour y entrer, il nous faut retrouver notre liberté intérieure et nous offrir au regard du Seigneur. Devenir pauvre de cœur. Il nous proposera à nous aussi de nous engager en faveur des pauvres. Nos hésitations et notre peur vont nous rendre tristes, c’est normal. Mais le regard du Seigneur est toujours là. Regard de tendresse, plein de promesse, d’encouragement. Un visage de bonté qui appelle une réponse généreuse et confiante. Saurons-nous dire « oui »?

Je pense toujours à ces jeunes du secondaire 2 qui, sans doute avec l’intime conviction de n’avoir rien à perdre, corrigent spontanément l’histoire de l’homme riche et imaginent un sketch où le personnage tout de suite s’en va vers les pauvres pour leur partager ses biens, puis revient vers Jésus pour marcher derrière lui.

Qu’en est-il de nous qui sans doute avons déjà tout quitté pour suivre Jésus? Ne sommes-nous pas venus vers Jésus avec des richesses de tous ordres qui nous retiennent, nous attachent, avec la seule préoccupation de gagner notre ciel, de mériter une récompense, d’acheter le bon Dieu. Or Jésus nous regarde, il a pour nous un autre plan. Il porte sur nous un regard de sagesse, attentif à chacun, à chacune de nous. Jésus ne veut pas avec lui de nos richesses matérielles, mais il ne les méprise pas. Il veut seulement qu’on fasse justice, qu’on ait de la compassion, et qu’elles servent, nos richesses, au bonheur des plus pauvres. Puissions-nous lire dans ses yeux tout l’amour qu’il a pour les plus pauvres vers lesquels d’abord il nous envoie.

 

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