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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 20e Dimanche T.O. (B)

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Viens vite à la table !

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 6, 56)

En ce temps-là,
Jésus disait à la foule :
« Moi, je suis le pain vivant,
qui est descendu du ciel :
si quelqu’un mange de ce pain,
il vivra éternellement.
Le pain que je donnerai, c’est ma chair,
donnée pour la vie du monde. »
Les Juifs se querellaient entre eux :
« Comment celui-là
peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus leur dit alors :
« Amen, amen, je vous le dis :
si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme,
et si vous ne buvez pas son sang,
vous n’avez pas la vie en vous.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang
a la vie éternelle ;
et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
En effet, ma chair est la vraie nourriture,
et mon sang est la vraie boisson.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang
demeure en moi,
et moi, je demeure en lui.
De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé,
et que moi je vis par le Père,
de même celui qui me mange,
lui aussi vivra par moi.
Tel est le pain qui est descendu du ciel :
il n’est pas comme celui que les pères ont mangé.
Eux, ils sont morts ;
celui qui mange ce pain vivra éternellement. »

COMMENTAIRE

« Venez, la table est mise ! La soupe est dans les assiettes. Dépêchez-vous de venir, sinon elle va refroidir. » C’est ce que venait nous dire sur le coin de la galerie, ma mère ou mes sœurs, quand sur la ferme, dans le jardin ou dans le hangar ou même à l’étable nous étions occupés, nous les hommes, à finir quelques activités plus ou moins pressantes avant le dîner, avant le souper. Nous étions, les plus jeunes, en train de jouer, occupés à toutes sortes de choses ; comme si nous n’avions pas faim. Comme s’il n’était pas nécessaire d’aller manger. Comme si tout l’effort de nos sœurs et de notre mère ne comptait pas, elles qui avaient investi de leur temps et de leur amour à préparer cette table qui nous attendait. Nous étions peut-être emportés par quelque projet qui nous faisait presqu’oublier cette première nécessité qui était celle d’aller manger. Manger pour vivre. Pour que nous puissions continuer après. Pour qu’il y ait un lendemain heureux.

Et puis, c’était beau de nous voir rassemblés autour de la table, après avoir soigneusement lavés nos mains et fait la prière, tous là, devant une soupe fumante, puis savourant le met principal, chacun disant où il en était dans ses activités, apportant des informations sur l’état des travaux, sur les projets du lendemain, sur ce qui s’était passé chez le voisin, des nouvelles de la famille élargie, ce qui allait venir. Et c’est ainsi que se bâtissait l’esprit de famille, chacun, chacune de nous y trouvant son compte pour s’accomplir, se réaliser, grandir dans la vie.

Comme chacun chez nous, quand il fallait tout lâcher pour nous retrouver autour de la table, nous sommes venus à la messe aujourd’hui partager une nourriture bien particulière, celle que Dieu lui-même a préparée pour nous. Nous sommes ensemble en appétit, en besoin de cette nourriture essentielle, indispensable pour nous faire vivre de Dieu. Il s’agit de la Sainte Cène que le Christ, l’envoyé du Père, nous a laissée pour faire mémoire de lui et nous nourrir de lui. L’invitation du Seigneur nous a rejoints. Pour y répondre nous laissons nos occupations et nos tâches, nous venons malgré notre indignité et nos pauvretés prendre part à ce que le Seigneur a de meilleur à nous offrir, sa chair à manger, son sang à boire. Lui, le premier-né d’entre les morts, il nous rejoint et se livre à nous dans les gestes qui commémorent l’offrande de sa vie par amour pour nous.

Nous sommes pauvres de mots pour en parler. L’Eucharistie, c’est le grand mystère de notre foi, qui nous dépasse infiniment. Mystère porteur du plus grand amour, puissant de la vie même de Dieu. Il nous signifie chaque fois la présence réelle de notre Seigneur, devenu dans le mystère de sa Pâque, source intarissable de vie et de paix pour le monde. L’Eucharistie porte en elle tout l’Évangile. Sous les dehors les plus humbles et les plus simples et les plus quotidiens, elle traduit pour nous un paradoxe étonnant : la folie de la Croix plus sage que l’homme; la faiblesse de Dieu plus forte que les hommes.

Le pape Jean-Paul II disait que l’Église n’avait pas d’autre but que de préserver et transmettre l’institution eucharistique. Une telle affirmation nous interpelle : nos vies de croyants, de croyantes sont-elles suffisamment nourries de l’Eucharistie ? « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui », dit le Seigneur. Pourrions-nous espérer porter du fruit pour le Royaume sans demeurer en Jésus et sans qu’il demeure en nous, sans qu’il nous alimente de sa chair et de son sang, sans nous approcher de la table où il se donne à nous ?

 

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