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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 19e Dimanche T.O. (B)

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Les vraies affaires!

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 6, 41-51)

En ce temps-là,
les Juifs récriminaient contre Jésus
parce qu’il avait déclaré :
« Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. »
Ils disaient :
« Celui-là n’est-il pas Jésus, fils de Joseph ?
Nous connaissons bien son père et sa mère.
Alors comment peut-il dire maintenant :
‘Je suis descendu du ciel’ ? »
Jésus reprit la parole :
« Ne récriminez pas entre vous.
Personne ne peut venir à moi,
si le Père qui m’a envoyé ne l’attire,
et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
Il est écrit dans les prophètes :
Ils seront tous instruits par Dieu lui-même.
Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement
vient à moi.
Certes, personne n’a jamais vu le Père,
sinon celui qui vient de Dieu :
celui-là seul a vu le Père.
Amen, amen, je vous le dis :
il a la vie éternelle, celui qui croit.
Moi, je suis le pain de la vie.
Au désert, vos pères ont mangé la manne,
et ils sont morts ;
mais le pain qui descend du ciel est tel
que celui qui en mange ne mourra pas.
Moi, je suis le pain vivant,
qui est descendu du ciel :
si quelqu’un mange de ce pain,
il vivra éternellement.
Le pain que je donnerai, c’est ma chair,
donnée pour la vie du monde. »

COMMENTAIRE

On aimerait que la Parole soit plus claire et plus simple ce matin. Le long discours sur le pain de vie qui nous occupe sur plusieurs dimanches a l’air de nous répéter toujours les mêmes choses. Des choses qui nous paraissent peut-être sans rapport avec notre vie d’aujourd’hui, avec nos problèmes, nos préoccupations. Parlons donc de choses sérieuses, aurions-nous envie de dire; des choses importantes et de portée immédiate; « les vraies affaires! » comme disent les politiciens.

Pourtant c’est une situation urgente et dramatique qui est évoquée dans la 1ère lecture. Ce pauvre Élie qui est parti précipitamment pour fuir la colère de la reine Jézabel! Il avait de quoi avoir peur. Après ce qu’il avait fait aux adorateurs de Baal : son geste de colère pour éliminer les prêtres de cette religion inacceptable pour la foi juive. Le prophète en a gros sur le cœur et sur la conscience, alors qu’il est là maintenant sans aucune ressource, fugitif, réfugié au désert.

Est-ce que la situation, voire l’état d’âme du prophète ne ressemble pas à certaines impasses de nos vies? Quand nous sommes tout mélangés en dedans? Ne sachant plus trop où aller? Mal avec les autres? Mal avec nous-mêmes? Ayant le sentiment d’être abandonnés par les autres, par Dieu lui aussi? Ce n’est pas là une situation hypothétique ou irréelle. C’est du vrai de vrai. Une situation extrême, une affaire de vie ou de mort. Que bien des gens connaissent un jour ou l’autre. Nous le savons pour en avoir nous-mêmes peut-être fait l’expérience.

Et vient alors cette voix qui vous dit « Lève-toi et mange! » Quelqu’un qui sait où nous en sommes. Quelqu’un qui vient vers nous, vers moi. Un bon samaritain qui daigne s’approcher. Qui en prend l’initiative. Quelqu’un qui se soucie de mon relèvement, de ma survie, de la route qu’il me reste à parcourir. Quelqu’un dont je ne puis douter de sa tendresse, de sa miséricorde.

Quelqu’un à qui je n’ai pas d’abord des questions à poser. Parce que le temps presse et que la situation est urgente. Que pour vivre, il me faut manger du solide Pour ensuite me tenir debout et aller de l’avant. Plus tard je comprendrai. Plus tard je saurai. Plus tard je vivrai tout cela plus à mon aise avec mon intelligence et la pleine lumière sur ce qui m’arrive. Pour le moment je puis dire : Goûtez et voyez comme c’est bon! Une simple petite phrase qui témoigne de mon relèvement intérieur, de l’encouragement reçu, des forces qui me sont revenues.

C’est comme cela que Jésus se fait connaître à nous ce matin. Comme le bon samaritain sur notre route. L’étranger divin qui nous éveille à nous-mêmes en nous redonnant force et vigueur. Il nous apporte le pain qu’il nous faut. Il est lui-même ce pain surprenant, venu du ciel. Vrai pain pour la route et notre marche vers Dieu et vers les autres, pain pour l’heureux accomplissement de notre vie. Pain du pardon, pain d’amour et de paix. Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur!

Élie n’espérait plus rien. Il était à bout de force. Il s’en allait nulle part. C’est le Seigneur qui est venu vers lui. Il a mangé. Il a bu. Il a trouvé là l’énergie pour avancer. Alors pourquoi serions-nous hésitants, réticents, désobligeants envers celui qui s’offre à nourrir notre vie. Il nous apporte l’essentiel, cette part merveilleuse et salutaire de pain et d’eau qui nous sauve. C’est Noël, le Verbe fait chair, le Christ venu et donné pour que nous vivions de lui, par lui, pour aller jusqu’au bout du désert, jusqu’auprès de nos frères et sœurs, jusqu’au bout de nous-même, jusqu’à la montagne de Dieu, la Vie, la Joie.

 

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