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Responsable de la chronique : Gilles Leblanc
Cinéma d'aujourd'hui

Où est le trésor ? : LA CHUTE DE L’EMPIRE AMÉRICAIN et ÔTEZ-MOI D’UN DOUTE

Imprimer Par Gilles Leblanc

« Là ou est ton trésor, là aussi sera ton cœur », nous dit l’évangile. Qu’est-ce qui est donc le plus important dans la vie ? L’argent, la famille, l’altruisme… Une épineuse question qui se retrouve au cœur de deux films à l’affiche cet été. D’abord, le grand cinéaste d’ici, Denys Arcand, est de retour avec LA CHUTE DE L’EMPIRE AMÉRICAIN qui aborde habilement le rapport ambiguë entretenue par la société entre la richesse et la pauvreté. Pour sa part, la réalisatrice française Carine Tardieu nous émeut avec sa recherche sur le lien fondamental de la filiation dans ÔTEZ-MOI D’UN DOUTE.

LA CHUTE DE L’EMPIRE AMÉRICAIN

Après les succès mitigés de L’ÂGE DES TÉNÈBRES et du RÈGNE DE LA BEAUTÉ, Denys Arcand revient en meilleure forme avec une charge anticapitaliste astucieuse, librement inspirée de faits vécus, dont le titre annonce à tort une suite du DÉCLIN DE L’EMPIRE AMÉRICAIN et des INVASIONS BARBARES. Ce sont davantage JOYEUX CALVAIRE et LA MAUDITE GALETTE du même Arcand qui sont évoqués dans ce récit à la Robin des Bois louant le triomphe de la générosité des profiteurs du système et l’incurie des gouvernants.

Témoin d’un cambriolage qui a mal tourné, le livreur Pierre-Paul Dubé s’empare des sacs d’argent abandonnés sur la chaussée par l’unique survivant du drame, gravement blessé à la cuisse. Grisé par cette fortune tombée du ciel, qui se révèle appartenir au crime organisé, l’homme timide invite chez lui Aspasie, l’escorte la plus chère de Montréal.

Charmée par ce client inhabituel, docteur en philosophie et bénévole auprès des sans-abri, la jeune prostituée en vient à percer son secret puis à l’aider dans un projet audacieux : laver l’argent sale en le faisant transiter par les paradis fiscaux, pour ensuite le dissimuler dans le compte en Suisse d’une fondation humanitaire bidon.

Pour y parvenir, Pierre-Paul a embrigadé un motard repenti, qui a appris la fiscalité en prison. Convaincus que le produit du cambriolage est entré dans les mains du livreur, deux détectives de la police de Montréal le suivent à la trace. Pendant ce temps, le caïd lésé met la pression sur le propriétaire du magasin et le voleur blessé pour récupérer son argent.

Le réalisateur de JÉSUS DE MONTRÉAL sait toujours mettre en valeur la métropole québécoise, dans sa mise en scène soignée et vivante. Face à l’excellent Alexandre Landry (GABRIELLE), la nouvelle venue Maripier Morin crève l’écran. Et les habituels Rémy Girard et Pierre Curzi s’illustrent dans leur rôle de criminel réhabilité et de fiscaliste véreux.

ÔTEZ-MOI D’UN DOUTE

Pour son troisième long métrage, Carine Tardieu cosigne avec les scénaristes Raphaëlle Moussaire et Michel Leclerc (LE NOM DES GENS) une jolie comédie sentimentale, rehaussée par une fine réflexion sur la filiation. Les personnages attachants et les beaux paysages bretons confèrent un charme indéniable à un marivaudage plutôt convenu et prévisible

Depuis la mort de son épouse survenue il y a douze ans, Erwann Gourmelon vit seul avec sa fille Juliette, 23 ans. Enceinte de plusieurs mois, cette dernière refuse obstinément de dévoiler l’identité du père, au grand regret d’Erwann. Pour ajouter au désarroi de ce solide démineur breton, le résultat d’un examen sanguin révèle qu’il ne partage aucun gène avec Bastien, celui qui l’a élevé comme son propre fils.

Grâce à l’enquête discrète d’une détective privée, Erwann retrouve rapidement son père biologique, un certain Joseph Levkine, un vieil homme des plus charmants, pour qui il se prend d’affection. Or, ce sympathique rentier serait également le père d’Anna, une jeune médecin à prime abord insaisissable, que le quinquagénaire a entrepris de séduire.

La réalisatrice parvient à confondre le spectateur grâce à la vérité des scènes entre le protagoniste et son père adoptif, ainsi qu’une finale émouvante sur le devoir familial. Entouré d’une belle distribution, au sein de laquelle brille le vétéran André Wilms (LE HAVRE), François Damiens (LA FAMILLE BÉLIER) joue de manière impeccable un démineur imperturbable dont le destin bascule.

Gilles Leblanc

 

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