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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 1er Dimanche du Carême (B)

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

 

Le bonheur du Fils, célébré et partagé!

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1,12-15.
Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit pousse Jésus au désert
et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.
Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ;
il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

COMMENTAIRE

Cet évangile est bien court pour un dimanche de carême! Quel contraste avec ce que nous avons chez Luc et Matthieu, où les tentations au désert sont abordées pour elles-mêmes, et le dialogue engagé entre Jésus et le Tentateur, longuement rapporté, où l’on constate la fidélité absolue du Fils bien-aimé envers son Père. En S. Marc, nous avons seulement une allusion discrète, comme si l’épreuve était un élément parmi d’autres. Nous n’allons donc pas nous attarder sur les tentations. Arrêtons-nous plutôt au mouvement intérieur qui anime cette page d’évangile, au courant qui la traverse et nous entraîne à la suite de Jésus.

Il est dit que c’est « poussé par l’Esprit » que Jésus va au désert et y demeure 40 jours. C’est dire l’importance de cette expérience. Comme si c’était la première chose à faire. Aller au désert. Jésus n’est d’ailleurs pas seul en ces lieux arides. Il y a les bêtes sauvages. Il y a les anges qui le servent. Il y a, bien sûr, Satan, qui le tourmente. 40 jours ! Dans la bible, ce chiffre revient souvent. Les 40 jours du déluge. Les 40 ans d’Israël au désert. La longue marche d’Élie vers l’Horeb. Si Jésus entre ainsi en quarantaine, c’est pour prendre le temps d’aller au cœur de lui-même, pour se battre contre tout ce qui pourrait le détourner de sa mission, c’est pour célébrer l’intimité qu’il vit avec le Père.

L’évangéliste rapporte que dans le désert Jésus est en harmonie avec les bêtes comme avec les créatures spirituelles qui vont et viennent auprès de lui. Il y a là quelque chose d’idyllique, comme une restauration du paradis perdu. Mais les confrontations et le dépouillement du désert lui apprennent notre condition humaine : ses fragilités, ses peurs, ses angoisses, la faim, la solitude. C’est ainsi qu’il atteint aux limites de l’humain, au cœur du mystère qui l’habite, éprouvant nos pauvretés et nos peines, mais célébrant sans cesse son état privilégié de Fils bien-aimé de Dieu. Jésus dans l’épreuve ne saurait oublier sa condition de Fils. Il y trouve une source intarissable de réconfort, de paix et de liberté. Il fait l’expérience d’un amour infini.

Le séjour de Jésus au désert est fascinant. Il donne le goût d’entrer nous aussi dans le silence, dans une pareille communion avec la nature, dans cette solitude qui nous redonne à nous-même. Pourquoi pas pour nous aussi cette paix intérieure, cette attention profonde à soi-même, à Dieu, aux êtres qui nous entourent? 40 jours pour nous retrouver et retrouver Dieu, pour vivre une conversion dans l’intimité et le secret. Faire l’expérience d’un amour, l’amour fou de Dieu pour son Fils et pour chacun de nous. Dans le désert avec le Christ apprendre à être des fils et des filles dans le Fils. Connaître la joie immense de ce bonheur et l’envie pressant, irrépressible d’en témoigner désormais à tout venant.

En effet la suite de l’évangile de ce jour va dans ce sens. Il est dit en effet que, sur un signal donné, en fait « après l’arrestation de Jean-Baptiste », Jésus « part pour la Galilée proclamer la Bonne nouvelle de Dieu. » Cette Bonne Nouvelle n’est-ce pas l’amour du Père pour le Fils, la nouvelle d’une paix et d’un pardon accordés à toute personne de bonne volonté, d’une alliance nouvelle offerte au monde? Ne serait-ce pas ce qui amène le bien-aimé Jésus à sortir du désert pour dire ce bonheur qu’il ne peut pas ne pas crier partout? Lui-même, il est cette Bonne Nouvelle de Dieu. « Les temps sont accomplis. Le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. » Ne faudrait-il pas traduire : C’est le temps ! Dieu est avec vous ! Convertissez-vous et croyez son Fils ?

Cette bonne nouvelle du Christ n’a-t-elle pas déjà changé nos cœurs? Soyons-en donc les porteurs dans un monde qui a tellement besoin de l’entendre.

 

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