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Dieu en famille,

Responsable de la chronique : Raphaël Pinet
Dieu en famille

Dans le murmure d’une brise légère

Imprimer Par Raphaël Pinet

On connaît tous la fameuse boutade de Sacha Guitry : « Il y a des gens qui parlent, qui parlent – jusqu’à ce qu’ils aient enfin trouvé quelque chose à dire ». En cette époque où tout est communication, où la parole se dit libérée, où le temps consacrée en famille est rongé par l’envoi de SMS, le mot de Sacha Guitry est criant d’actualité.

Chaque jour dans mon travail, je suis confronté à une incapacité effrayante de la part de mes élèves, celle d’écouter : écouter le professeur, bien sûr, mais aussi écouter les autres qui ont des choses à dire … sur le cours. Savoir écouter suppose sans redondance se mettre à l’écoute, c’est-à-dire faire d’abord silence. Cela suppose de cesser d’émettre pour commencer à recevoir, ou tout au moins à s’y disposer.

Cette attitude est une astreinte et une ascèse difficile de nos jours car nous avons tellement de choses à dire, à exprimer de soi, à partager de la richesse de nos personnalités que nous en oublions bien souvent que l’autre aussi a des choses à nous dire … et que lui aussi, est intéressant !

Cette merveilleuse capacité, l’écoute, est précisément ce qu’en famille, nous pouvons particulièrement favoriser. C’est un apprentissage fondamental pour nos enfants, pour nous face à notre conjoint, pour les personnes de notre communauté qui sont en demande.

L’écoute suppose le silence. Faire taire notre « rayonnement » intérieur qui souvent s’apparente à du bruit, c’est-à-dire de l’information non organisée.

L’écoute suppose la patience. Car se mettre à l’écoute n’est que le début. La patience du silence n’est pas tout de suite récompensée et peut devenir silence souffrant. Qui a vu Le grand silence de Philipp Gröning (2006) comprendra que les longueurs du film sont à la mesure du trépignement intérieur qu’on peut éprouver face à ce rien qui s’impose à notre urgence de communiquer ou de faire (enfin) quelque chose.

L’écoute suppose la compréhension et la compassion. Cette grand-mère seule qui ressasse le bon vieux temps, nous assomme de ses ennuis de santé et nous assène à tout bout de champ que « la vie est moche », nous préférerions couper le son et passer à autre chose. Mais si nous ne l’écoutons pas, qui le fera ?

Cette écoute si fondamentale à notre vie peut être le carburant de l’amour au quotidien. Et la meilleure école de l’écoute est … d’être à l’écoute de Dieu. Le silence, la patience et la charité sont les voies que Dieu choisit pour nous mettre à l’écoute de sa Parole. Loin du tremblement de terre, de l’ouragan qui gronde et du feu qui brûle, nous devons faire taire les bruits qui nous envahissent et nous empêchent d’accueillir Dieu dans le murmure d’une brise légère (1R 19, 12).

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