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Responsable de la chronique : Denis Gagnon, o.p.
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Osez espérer !

Imprimer Par Yves Bériault, o.p.

Crocus et neige

Le 23 mars 2017

Imperceptiblement, la vie se fraie un chemin au cœur du long hiver qui s’achève ici au Québec, bien que le printemps soit officiellement commencé ! Nous le savons, et c’est même une certitude, la vie est plus forte que tout. Plus forte que ces glaces qui nous emmurent, plus forte que ce froid qui trop souvent nous paralyse. Cette expérience des saisons dans notre pays nordique est à la fois exigeante et exaltante. De la canicule de juillet aux bancs de neige de janvier, des vergers fleuris aux érablières flamboyantes de nos automnes, la vie s’offre à nous comme un immense livre à colorier. La nature se fait pédagogue et elle enseigne à ses enfants à lire les signes des temps. Imperceptiblement, elle renouvelle sans cesse notre regard sur le monde que nous habitons. A quiconque sait tendre l’oreille, comme un chant séculaire, elle murmure ces paroles qui sont au cœur même de l’acte de création : Osez espérer !

Il y a plusieurs années, la communauté chrétienne de l’Annonciation à laquelle j’appartenais avait accueilli deux familles de réfugiés cambodgiens. J’étais allé chercher l’une de ces familles en plein mois de janvier, les ramenant de leur « hôtel refuge » de Montréal à ma petite vallée des Laurentides. Pour la première fois, ils voyaient nos vastes forêts et je lisais une pointe d’inquiétude dans leurs yeux. Le père, devant le regard insistant de sa femme, osa enfin me questionner. Il me demanda ce qui avait bien pu arriver aux arbres pour qu’ils soient tous morts. Je lui expliquai alors que nos arbres perdaient toutes leurs feuilles à l’automne pour s’endormir dans un profond sommeil. Mais le printemps venu, je l’assurai qu’ils retrouveraient leur vitalité et leurs feuilles.

Cette explication sembla le satisfaire et nous poursuivîmes notre route jusqu’à l’Annonciation. Après les affres de la guerre au Cambodge, une nouvelle vie commençait pour cette famille. Les mois passèrent, et l’été venu mes nouveaux amis m’avouèrent, mi-amusés, mi-confus qu’ils n’avaient pas vraiment cru à mon explication au sujet des arbres… Ce n’est qu’en expérimentant eux même cette réalité complexe, et combien mystérieuse de nos saisons, qu’ils purent comprendre à leur tour ce que signifie cette attente du renouveau au cœur de la vie. Chaque année maintenant ils entendent eux aussi cet appel des saisons qui leur dit : Osez espérer !

La fête de Pâques, n’est-elle pas le lieu par excellence où les chrétiens et les chrétiennes enracinent leur espérance, au-delà des saisons qui passent. Nous espérons parce que Dieu a cru en nous. Parce que dans un élan d’amour sans égal, Il nous a donné son Fils en partage. Nous espérons parce que Jésus a vaincu la mort et que sa vie s’offre à nous comme un printemps toujours renouvelé. Osez espérer ! C’est le printemps !

Yves Bériault, o.p.

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