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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 2e dimanche de l’Avent (A)

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

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Vivre debout!

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 3,1-12.
En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée :
« Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »
Jean est celui que désignait la parole prononcée par le prophète Isaïe : ‘Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.’
Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il avait pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage.
Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain se rendaient auprès de lui,
et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés.
Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens se présenter à son baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ?
Produisez donc un fruit digne de la conversion.
N’allez pas dire en vous-mêmes : “Nous avons Abraham pour père” ; car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham.
Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu.
Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
Il tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »

COMMENTAIRE

Il y a un fort contraste entre la première lecture et l’évangile. Autant le prophète Isaïe évoquait avec douceur un règne d’harmonie et de paix, de fraternité, un monde idéal dont le Messie serait le roi, autant l’évangile nous rapporte les propos rudes et menaçants de Jean Baptiste devant l’urgence de se convertir.

Il y a maintenant trois ans que Nelson Mandela est décédé. Sa renommée  est encore célébrée sur bien des antennes. Nous savons comment cet homme est devenu l’icône de tout un peuple. Qu’il était un symbole pour ceux et celles qui rêvaient de paix et d’unité entre les peuples, les races et les cultures. Lui qui voulait faire un arc-en-ciel de toutes les différences à condition de les célébrer dans le respect de chacune, dans la  pratique de la justice, l’égalité des droits et des chances pour tous. Nelson Mandela a eu le courage, la persévérance et l’humilité pour aller tranquillement et rigoureusement en ce sens.  Il a fait merveille dans son pays. Il suscitait l’admiration et le respect à l’étranger.

Cet homme illustrait dans sa vie l’évangile et la nécessaire conversion qu’il faut pour le vivre. Il avait bien intégré les valeurs morales des béatitudes. Même si son engagement politique se devait de n’être pas confessionnel, il était resté attaché à l’éducation chrétienne de son enfance. Si les propos idylliques d’Isaïe en 1ère lecture vont bien avec le rêve et le projet de société de Mandela, les paroles sévères et courageuses de Jean-Baptiste le rejoignent aussi. Car la tâche de l’opposant à l’Apartheid en Afrique du Sud et son engagement politique par la suite n’ont pas toujours été facile, loin de là. Il lui a fallu courage et rigueur pour changer tout un pays.  Sans vouloir récupérer M. Mandela du côté de la foi et tout de suite le canoniser, il fait bon retrouver dans cet homme un témoin qui s’accordait si bien à l’idéal chrétien.  Voilà quelqu’un qui n’a pas fait qu’y penser, qui n’a pas fait qu’en parler, mais qui a incarné ces valeurs dans sa vie, les a mises en pratique avec le charisme qui était le sien et l’énergie dont il était capable.

Cette qualité d’engagement est justement l’enjeu de l’évangile d’aujourd’hui. Avec des paroles sévères, Jean-Baptiste dénonce le double message des pharisiens et des sadducéens, eux qui étaient placés haut dans l’échelle sociale et religieuse de l’époque. Leur démarche sonnait faux. Dans l’affluence de ceux qui viennent vers Jean pour l’écouter, les pharisiens et les sadducéens s’amenaient eux aussi. Sans doute voulaient-ils voir ce qui se passait, se sentant quelque part concernés par la prédication du prophète. Jean les connaissait bien, ou du moins il percevait leur hypocrisie. Il les a mis au défi de se convertir en profondeur, de façon à produire des fruits qui exprimeraient la conversion.  Il ne suffit pas de se dire fils d’Abraham. Il faut l’être en vérité par des œuvres de justice, des œuvres qui montrent bien qu’on est en alliance avec Dieu, et qu’on agit en conséquence.

Cette même critique vaut pour nous aujourd’hui. Nous qui devons nous demander où en est notre vie, où en est notre fidélité à l’Évangile, où en est la miséricorde entre nous, l’amour fraternel, le respect de l’autre, l’esprit de paix, de pardon et de réconciliation, le sens du partage.

Que cette eucharistie nous rapproche du Seigneur Jésus pour que nous lui soyons intimement conformes et à même de produire les fruits qu’il attend de nous.

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