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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 11e dimanche T.O. (C)

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Samuel Chaignepain. La pécheresse

La femme au parfum

COMMENTAIRE

Cet évangile n’a pas toujours sa chance. Le 11e dimanche du temps ordinaire coïncide souvent avec la Pentecôte ou la Trinité ou la fête du St-Sacrement, et alors ce beau récit doit passer son tour. C’est bien dommage! Car il est porteur d’un message précieux qui nous concerne tous : la manifestation du mystère d’un grand amour et du grand pardon qui nous sont offerts en partage dans le Christ.

L’histoire est touchante. La femme au parfum qui survient dans la salle du repas, sans s’annoncer, sans y être invitée, cause tout un émoi. Pour le pharisien qui accueille Jésus chez lui, cette personne n’est pas la bienvenue. Mais plutôt que de l’exclure, l’homme s’en prend à Jésus qu’il soupçonne de ne pas se rendre compte de qui est celle qui l’approche. Il se posait des questions au sujet de son invité : il a sa réponse. Ce prétendu prophète n’en est pas un, sinon il n’aurait pas laissé cette femme lui toucher ainsi les pieds et le rendre impur.

Mais qui est-elle donc cette femme qui pleure et qui porte une telle attention à la personne de Jésus? Luc n’a pas voulu nous dire son nom. Pourtant d’habitude  il ne manque pas d’information sur les gens qu’il introduit dans ses récits. Pensons à Zachée, à Marthe et Marie, à ces femmes qui le suivront jusqu’à la croix, jusqu’au tombeau.  S’il ne nomme pas celle-ci, est-ce par discrétion ou parce qu’elle est trop connue? Les gestes qu’elle pose sont étranges et audacieux, voire ambigus; ils sont ceux d’une maîtresse de maison quand elle accueille une personne de marque ou d’une épouse qui accueille son mari revenu de voyage. Gestes tendres, affectueux, intimes, qui ont quelque chose de nuptial. Ils prennent ici un sens que Jésus invite Simon à découvrir.

Justement ce pharisien, nous savons son nom, dont la racine hébraïque connote l’idée de se souvenir. Simon devrait se souvenir des mœurs de Dieu à l’égard de son peuple. Jésus l’invite à considérer qu’il est lui aussi pécheur devant Dieu. Lui, l’homme qui se complait dans sa justice, il est en dette, il est insolvable. Or Dieu a pris initiative de lui remettre sa dette, tout comme il le fait pour cette femme devenue consciente de la miséricorde de Dieu pour elle. Elle mérite donc le respect dû à une personne aimée de Dieu, graciée par lui. Et c’est même pour cette raison qu’elle vient rendre grâce à celui qui lui apporte révélation d’une telle miséricorde.

Cette femme anonyme porte en fait le nom de tous les croyants et croyantes qui accueillent avec humilité et gratitude le mystère de réconciliation que nous a valu le Christ. Cette femme au parfum, c’est nous! Elle réagit en notre nom à ce que le Seigneur fait pour nous. Ses gestes d’affection, d’intime présence sont les gestes de l’épouse, les gestes de toute l’Église. Elle les produit devant tout le monde, pour que tous comprennent, pour que tous en parlent : oui, nos vies peuvent changer. Il n’en tient qu’à nous de nous convertir, de perdre un peu la tête et de basculer sans réserve dans l’amour tendre et miséricordieux de notre Dieu et Père, en son Fils, Jésus, notre Sauveur et notre frère, par l’Esprit Saint, notre consolateur et sanctificateur.

Jacques Marcotte, o.p.
Dominicain. Ordre des prêcheurs

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