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Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Éditorial

Un carême de libération

Imprimer Par Jacques Marcotte & Anne Saulniers

Il fut un temps où le Carême était suivi par l’ensemble des croyants. C’était une pratique bien établie et personne ne s’en plaignait. De nos jours, cette simplicité dans la foi n’est plus. Les gens veulent une foi qui accepte la critique de la raison, une foi intelligente qui consent à se laisser visiter de l’intérieur. Nous ne pouvons que nous en réjouir. Il est clair que, si le temps du carême est associé aux mots privations, souffrances, épreuves, les gens ne se sentent plus concernés. Et pourtant, en y réfléchissant bien, ce temps qui nous est donné s’avère un moment précieux que nous pouvons accueillir et mettre en valeur en scrutant la parole de Dieu et en essayant de voir comment cette parole peut traverser notre chair et s’incarner dans nos vies.

Les évangélistes Matthieu et Luc mettent en récit les tentations de Jésus au désert. En regardant ce qui se passe en nous, autour de nous et ailleurs dans le monde, nous pouvons voir que les tentations sont toujours les mêmes. La soif d’argent, la volonté de puissance nous rendent prisonniers d’un monde devenu extrêmement complexe, dans lequel les intérêts personnels ou collectifs prennent souvent le pas sur les valeurs humaines. La fabrication et la vente d’armes lourdes est un exemple frappant de la contradiction entre notre quête de profit dans une économie de marché, et les valeurs communes prônées par un idéal de justice et de paix.

Le but du carême est justement de nous faire réfléchir à cette servitude par l’accueil de la Parole. Cet accueil se traduit dans une ouverture et une écoute de l’autre, des autres et du monde. Ainsi disposés, notre regard change ; il se fait plus pénétrant et nous permet d’identifier les réseaux sur lesquels nous pouvons intervenir pour faire advenir un monde meilleur. Bien sûr, cela n’est pas facile ; devant la complexité des réseaux, nous sommes portés à nous décourager tellement nous nous sentons impuissants à changer le cours des choses. Il faut beaucoup de courage et de détermination pour s’engager dans une prise de parole et des gestes concrets qui combattent l’injustice. Mais qui a dit que le message de l’Évangile était facile à vivre ?

Ce temps de carême rappelle l’expérience du désert qu’a connue le peuple d’Israël à sa sortie d’Égypte. Ce temps où Israël marchait vers la terre promise, avec Dieu qui l’accompagnait pour que ses fils puissent marcher de jour comme de nuit. Un temps de purification, un temps d’épreuves où Dieu se préparait un peuple avec qui il ferait alliance. Pour nous, chrétiens, héritiers de la tradition juive, le carême brille déjà de la lumière du Ressuscité qui éclaire nos vies de sa vie. Puisse ce temps béni être fécond et susciter davantage en nous le désir d’accueillir et de porter la Lumière.

En collaboration

Anne Saulnier et Jacques Marcotte, OP

Québec

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