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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

6e dimanche du temps ordinaire. Année B

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Un Amour qui touche

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 1,40-45.
En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus ; il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. »
Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. »
À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié.
Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt
en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. »
Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.

COMMENTAIRE

« L’homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte qu’il n’était plus possible à Jésus d’entrer ouvertement dans une ville. Il était obligé d’éviter les lieux habités… » Nous avons là un curieux paradoxe. Celui qui donne à l’exclu la possibilité de retrouver la société des hommes et des femmes de son clan, de son village, se retrouve lui-même pratiquement exclu de la société. « Il était obligé d’éviter les lieux habités. » dit l’évangéliste. Comme si, par un effet malheureux, l’œuvre de salut que Jésus venait d’accomplir pour le pauvre lépreux s’était retournée contre lui. Y aurait-il un certain rapport entre le geste posé par Jésus à l’endroit du lépreux et le prix qu’un jour il aura à payer sur la croix pour avoir trop aimé, s’être fait trop proche des lépreux que nous sommes?

Le grand paradoxe pour notre foi il est là : de voir Jésus se mettre lui-même au rang des lépreux (des exclus, des pécheurs) alors qu’il s’apprête à nous libérer de toutes nos exclusions, de nous purifier de toutes nos lèpres, de nous sauver des malheurs du mal, du péché et de la mort.

Nous avons – dans cette anecdote toute simple, comme c’est souvent le cas dans l’Évangile – un résumé de toute l’histoire du salut. Cette page est porteuse de l’essentiel du mystère chrétien.  Nous sommes quelque part en nous-même ce lépreux qui vient trouver Jésus. Nous avions peur de nous-mêmes, peur des autres, nous étions loin les uns des autres, exclus par nos fautes et, sans même en être bien conscients peut-être, plongés dans une profonde détresse. Mais nous avons appris que le Christ pouvait nous purifier. L’annonce de son Évangile nous a rejoint, la foi de nos parents nous a instruits de cette vérité : Jésus est un trésor d’amour, de pitié, de compassion. Il ne nous rejette pas. Il ne s’éloigne pas de nous. Bien au contraire, il étend sa main sur nous. Il daigne nous toucher de ses sacrements. Il veut que nous soyons purifiés. Car lui il produit ce qu’il veut, il fait ce qu’il dit. Puissante est sa parole. Fort et fidèle est son amour pour tous.

Cependant, aujourd’hui, il n’en est plus tout à fait pour nous comme il en fut jadis pour le lépreux venu trouver Jésus. Il n’y a plus lieu de garder le silence. L’embargo est levé. Désormais nous pouvons confesser l’œuvre de purification accomplie en notre faveur ; nous pouvons, nous devons la dire à tous. Car le mystère de notre rédemption a été réalisé une fois pour toute dans la Pâque du Christ. La victoire de l’exclu, du crucifié est totale. N’est-il pas le vivant, le ressuscité, la source de toute purification, l’Emmanuel, Dieu avec nous ?

Frères et sœurs, c’est à notre tour de venir toucher notre Seigneur, de prendre l’initiative de lui tendre la main, de venir puiser au sacrement de sa miséricorde, de cette miséricorde qui lui a valu d’être un jour condamné à mourir sur la croix. L’eucharistie nous donne ce matin de communier à la chair glorifiée du ressuscité. Nous avons dans cette manducation la promesse et le gage d’être un jour relevé du séjour des morts, sauvés de l’exclusion totale. « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie en lui, et moi je le ressusciterai aux derniers jours. » L’eucharistie nous sanctifie, nous purifie, nous rassemble en communion avec Dieu, nous établit en des liens plus fraternels les uns avec les autres. Puissions-nous – dans la grâce de ce sacrement – devenir pour le monde où nous sommes des témoins heureux qui attirent ceux et celles qui sont en mal de pardon, de réconciliation, d’espérance. « Ta guérison sera pour les gens un témoignage. » avait dit Jésus. « L’homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que … de partout on venait à lui. »

 

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