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Responsable de la chronique : Denis Gagnon, o.p.
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Devant la parade

Imprimer Par Denis Gagnon, o.p.

Le 4 janvier 2015

Le récit biblique de l’Épiphanie met en scène, d’une part, un cortège de voyageurs et, d’autre part, des gens qui regardent passer la parade. L’Évangile est discret sur la vie personnelle des voyageurs. Il attire beaucoup l’attention sur ceux qui assistent à leur déplacement.

Les habitants des villes et des villages que traversent les voyageurs sont des croyants et des croyantes. Pour la plupart, des juifs. Ils sont de dignes descendants d’une poignée d’hébreux, anciens esclaves des Égyptiens. Ils vivent maintenant sur la terre que Dieu leur avait promise. Ils connaissent assez bien leur religion. Ils savent beaucoup de choses sur Dieu. Ils peuvent même décrire le messie qu’ils attendent et les signes annonciateurs de sa venue. Parmi eux se trouvent d’excellents théologiens, de très bons prédicateurs. Aux examens de catéchisme, ils auraient réussi à 100%. Malheureusement, ces bons religieux ne bougent pas. Ils restent assis devant leur maison, au puits de leur village ou près des stands de denrées au marché local. Ils ne courent pas avec les mages vers Bethléem.

Nous pourrions penser que les scribes, les pharisiens, les sadducéens et autres bons croyants engagés dans leur foi seraient plus dégourdis, plus sensibles aux signes des temps. Mais… eux non plus ne bougent pas. Ils regardent passer le convoi. Ils n’en font pas partie. C’est curieux : passer toute une vie à attendre quelqu’un et ne pas le reconnaître quand il se présente. C’est curieux et, en même temps, c’est vraisemblable. Parfois, attendre, c’est réinventer, c’est fabuler. Les juifs auraient pu éviter le piège en scrutant les Saintes Écritures. Elles étaient là pour ça.

À la tête du pays se trouve le roi Hérode. Il  veille au grain. Puissant, riche, il possède des palais, une bonne armée. Il exerce son autorité avec rigueur. Il ne souffre aucune concurrence. Lui non plus ne se met pas en route vers la ville de David. Il ne voit pas plus loin que sa cour royale.

Dans ce récit, les seuls qui marchent à la rencontre de Jésus sont les mages. Ils viennent d’ailleurs, et même de bien loin. Ces étrangers ne font pas partie du peuple choisi. Ces déracinés voyagent de campement en campement, de changement en changement. L’instabilité  totale.  Ils n’ont aucun pouvoir sur les pays qu’ils traversent. Ils ne savent même pas où ils vont. Ils suivent une étoile qui n’est pas très loquace. Ils ne savent rien sur le roi qu’ils cherchent. Ils ignorent tout des promesses de Dieu en faveur d’Israël.

Les voyageurs suivent une étoile. Cela se perd facilement une étoile parmi des milliers d’autres étoiles. Ils marchent donc dans la fragilité de la foi. Ils prennent le risque de la foi. Et c’est leur chance. Ils peuvent reconnaître Jésus parce qu’il est semblable à eux : sans château, sans trésor, sans armée. Il est pauvre, fragile et déraciné comme eux.

Au moment où nous changeons d’année, les médias font des bilans. Cette année plus que jamais, les bilans décrivent une planète qui vit dangereusement sur la corde raide : terrorisme, guerres, accidents d’avion, crises économiques, meurtres, etc. Dans ce contexte, l’enfant de Bethléem se manifeste dans toute sa pauvreté. Petit roi avec pour seul armement : l’amour.

Aux premiers jours de 2015, je souhaite aux chrétiens et aux chrétiennes de ne pas rester assis à regarder passer la caravane. Je leur souhaite de ne pas pactiser avec les Hérode qui exercent leur terreur sur le dos des  petits. Je leur souhaite de ne pas s’endormir dans une religion tranquille et sans audace.

N’oublions pas que le messie devant lequel nous voulons nous prosterner a tout perdu sur une croix.

 

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