Pâques arrive enfin, qui nous rappelle la victoire du Christ, le Ressuscité. Après un long hiver, le printemps s’est amené avec toute sa force et son insolence, marquant une fois de plus l’avancée d’une saison longtemps attendue,pour le triomphe et l’éclatement de la vie.
Il y a un an, le cardinal Bergoglio devenait le pape François; son avènement a pris pour notre Église et pour le monde couleur d’un printemps prometteur. Récemment, les jeux olympiques de Sotchi nous ont laissé le souvenir impérissable d’une belle fraternité ouverte sur toute humanité. Ailleurs, des solidarités s’affirment tranquillement face à des détresses extrêmes vécues dans des pays éprouvés par des tensions et des conflits sans fin.
À l’échelle de nos propres expériences, il nous est plus facile peut-être de nommer les passages importants qui surviennent : expériences de partage, de joie, de découvertes, de changements aussi dans nos perceptions de l’autre.
Chez nous deux, engagés dans cette chronique, il y a toujours cette joie et ce défi d’écrire ensemble un éditorial pour chaque mois; cela nous oblige à beaucoup de réflexion personnelle en vue d’un partage d’idées et d’opinions qui puisse être fécond : voilà une expérience qui s’avère enrichissante pour nous et, nous l’espérons bien, pour vous aussi.
Partout, il y a la vie qui bat, sauvage et forte, et qui fait son chemin malgré nos résistances au changement et les frustrations qui surviennent inévitablement. Car, il faut bien se le dire, il y a aussi des déceptions et des impasses qui nous emprisonnent et nous paralysent! Pensons à ces situations que nous ne pouvons ni contrôler ni changer, et qu’il nous faut vivre : un homme nous disait récemment être incapable de relations avec les autres; un autre, souffrant et malade, devait envisager une grave chirurgie; un troisième, pleurant la perte de sa conjointe, était inconsolable.
Il n’est pas toujours facile de voir ce que l’événement de Pâques peut apporter dans ces moments de mort que nous vivons. Félix Leclerc disait: « La mort, c’est plein de vie dedans. » C’est sans doute vrai, mais pour reconnaître la vérité de ce propos, nous pensons qu’il nous faut porter un regard de foi : le regard de la lumière pascale qui nous donne de voir une énergie, un souffle nouveau à l’œuvre dans ce qui meurt et ce qui naît. Si nous daignons y consentir, cette énergie nous pénètre nous-mêmes. Une telle expérience spirituelle nécessite de notre part un abandon qui ne nous dispense pas de nous investir totalement dans la réalité. Il s’agit seulement de laisser à Pâques la possibilité de nous donner ce souffle surnaturel de vie dont nous avons tant besoin.
À l’échelle mondiale, nous avons tous été témoin récemment d’un immense malheur qui s’est produit en Asie du sud. Nous apprenions la disparition du vol MH 370 de la compagnie Malaysia Airlines, le 8 mars, avec 239 personnes à son bord. Devant l’absurdité de cet événement qui a fait tant de victimes, nous ne pouvions qu’imaginer la peine et la douleur de tous ces gens pleurant la perte de leurs proches. Nous avons prié en silence pour que le Christ soit avec eux dans cette épreuve, comme il l’a promis. Or, au milieu de tout ce chaos d’attentes et de recherches, nous avons vu les familles des victimes se réunir pour se soutenir, et crier leur colère, demandant que la vérité se fasse sur l’événement; nous avons vu se multiplier des gestes de réconfort à l’endroit des personnes éprouvées. Nous avons pu constater la solidarité des efforts déployés par plusieurs pays pour retrouver les disparus; collaboration effective de pays dont nous savons par ailleurs le voisinage parfois tendu et difficile. Au cœur de tous ces gestes petits et grands, n’y a-t-il pas un signe de Pâques? Un rayon de lumière pascale ne traverse-t-il pas la tristesse et le tragique de l’événement? Nous le croyons.
Pâques, c’est la fête du Ressuscité et aussi notre fête. Parce qu’il nous apporte l’espérance. Le Christ vivant nous donne de sa vie lorsque nous l’accueillons chez nous.
Au moment de terminer cette réflexion, nous vous souhaitons de vous rappeler toutes les « petites Pâques » que vous avez vécues depuis un an, quand vous avez quelque part perçu la lumière du Ressuscité. Il nous accompagne toujours. Il n’attend que notre désir pour se manifester et nous guider hors de nos tombeaux. Prenons un temps de silence pour réfléchir encore et nous mettre simplement en sa présence. Vivons tous les jours cette belle fête de Pâques, où nous pouvons, sans cesse témoigner dans la foi et l’amour que le Christ est vivant.
Anne Saulnier et Jacques Marcotte, OP
En collaboration
Québec, QC