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Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
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Le carême, une vieille habitude d’Église ?

Imprimer Par Jacques Marcotte et Anne Saulnier

Voici qu’est arrivé le mois de mars, où l’Église nous encourage à vivre un temps de carême, un temps de préparation à la fête de Pâques. En tant que chrétien et chrétienne engagés, nous nous sommes demandés si, dans notre société moderne, ce mot qui, pour plusieurs, a une connotation négative, peut nous faire découvrir quelque chose de précieux et qui fasse du sens dans nos vies. Cette question a suscité cette réflexion que nous aimerions vous partager.

Pour  découvrir un sens au Carême, il nous faut tout d’abord saisir qu’il s’agit d’un temps où le Christ lui-même nous accompagne en vue d’une conversion qui nous rendra plus ressemblants à lui.

Dans son message pour le Carême 2014, le pape François nous rappelle le paradoxe de la richesse de Dieu qui se manifeste dans la pauvreté du Christ. Dans cette pauvreté, nous retrouvons le désir de Dieu d’être proche de nous. En se dépouillant de lui-même pour épouser la condition humaine, Dieu nous donne la preuve de son amour et nous introduit dans la possibilité de nous aimer les uns les autres, puisqu’il se prête lui-même à cette démarche en son fils Jésus, nous ouvrant ainsi un chemin de vie.

Concrètement, nous pouvons nous demander ce que cela peut vouloir dire dans nos vies. De la même façon que Dieu s’est fait pauvre en Jésus, nous pouvons nous faire pauvres nous aussi les uns à l’égard des autres. Bien sûr, l’idée du partage de nos biens avec les plus démunis nous vient naturellement à l’esprit; mais il y a aussi d’autres formes de manques, comme la misère morale et la misère spirituelle, sur lesquelles il nous est possible d’agir. En y pensant bien, cela ne viendrait-il pas à dire aussi que nous sommes appelés à nous libérer de nos idées rigides sur lesquelles nous fondons souvent notre supériorité « morale » et notre richesse « spirituelle »? Nous avons peut-être là un désistement à vivre pour devenir plus humains et plus proches de ceux et celles que nous côtoyons.

Dans ce registre, il y a tous ces gens qui sont notre prochain et qui nous donnent cette possibilité de devenir pauvres de nous-mêmes, afin d’accueillir la richesse de la communion et de la solidarité avec eux, avec elles. Ce n’est pas impossible car, si nous y pensons bien, nous connaissons tous de ces personnes qui se dépensent sans compter, dans l’ombre, pour partager la joie ou la souffrance de l’autre, ou simplement l’écouter dans le silence dire ce dont il a besoin. Il y a là, comme naturellement, un don de soi à l’autre qui n’implique pas nécessairement une réciprocité, mais qui apporte une richesse résultant d’un geste analogue à ce que Dieu exprime de lui-même en Jésus.

Nos relations renouvelées peuvent alors nous permettre de goûter un peu plus à la joie de Dieu, à cette merveille cachée dont il était question au début de cet éditorial, parce que cet état de conversion nous change et nous ouvre au vrai visage de Dieu révélé en Jésus Christ. Cette joie, nous ne pouvons la goûter que si nous nous décentrons de nous-mêmes pour aller vers l’autre, pour le toucher simplement dans sa vulnérabilité, en n’ayant pas peur de la nôtre. Ceci n’est possible qu’en nous mettant d’abord dans la relation de fils et filles aimés du Père, comme Jésus nous en a donné l’exemple.

Ce n’est qu’ainsi que l’amour peut se répandre. Pas facile me direz-vous, mais réalisable si nous y mettons notre énergie et notre bonne volonté, et si nous sommes capables d’accepter le risque d’une relation véritable avec Dieu d’abord, et avec l’autre ensuite. Il nous faut certes compter sur la grâce de l’Esprit pour y arriver, mais, après tout, peut-être est-ce ça aussi le Carême?

Anne Saulnier et Jacques Marcotte, OP

en collaboration.

Québec

 

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