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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Cinquième dimanche du temps ordinaire. Année A

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Donner le goût de Dieu et de sa clarté

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 5,13-16. 
Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n’est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent.
Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée.
Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.
De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux.

COMMENTAIRE

Dimanche dernier, ce n’était pas, cette année, un dimanche ordinaire. C’était la fête de la Présentation de Jésus au Temple. Nous n’avons donc pas eu l’évangile des béatitudes qui précède immédiatement l’évangile d’aujourd’hui, en S. Matthieu. Heureux êtes-vous si vous avez un cœur de pauvre, disait le Christ. Heureux  si vous avez de la compassion, si vous avez le cœur pur, oui, heureux êtes-vous. Car vous aurez le royaume, vous posséderez la terre, vous obtiendrez miséricorde, vous verrez Dieu. Une sorte de rétribution était annoncée, une récompense était promise. Jésus nous invitait à nous engager dans des chemins d’avenir, promis à la vie, menant au vrai bonheur.

Et voilà que, tout de suite après les béatitudes, le ton change. Jésus ne parle plus au conditionnel. Il n’engage plus l’avenir par la promesse d’un accomplissement relié à la pratique de telle béatitude. Il reconnaît d’emblée un statut pour le disciple, qui engage sa responsabilité, qui le charge d’une mission. Cette consécration nous rejoint par delà les siècles dans nos existences de croyant, de croyante.

Les affirmations sont fortes : Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde. Comme si c’était là notre identité, l’essentiel de notre raison d’être, notre vocation. Etre le sel de la terre.  Pas seulement être du sel. Mais être le sel de la terre. Comme si, sans nous, la terre n’avait pas de sel, comme si autrement rien n’y serait salé. Etre la lumière du monde. Pas seulement être lumière. Mais être la lumière du monde. Comme si, sans nous, le monde irait dans les ténèbres, dans l’obscurité tout au moins.

Saler et illuminer. Deux missions qui nous sont assignées en propre. Comme si elles étaient dans notre nature de disciple du Christ. Comme si personne ne pouvait remplir ces fonctions à notre place. Elles sont de notre responsabilité. Est-ce que le Seigneur n’est pas en train de nous en demander trop ? Pour qui nous prend-il ? À moins que cette capacité ne découle tout normalement de notre condition de disciple du Christ, de fidèles engagés à sa suite dans la pratique des béatitudes, dans la mise en valeur de l’évangile sous la poussée de l’Esprit.

Comment pouvons-nous être du sel pour la terre ? Quelle est donc la propriété du sel – sans quoi il n’est plus bon à rien ? Le sel, il sert à donner du goût, il sert à conserver les aliments. Sans lui tout est fade, sans lui les aliments se gâtent. Etre le sel de la terre, ne serait-ce pas conserver au cœur du monde l’Évangile du Christ? Veiller sur sa parole et sur les sacrements de sa présence? Pour que rien ne soit perdu de son témoignage et de sa victoire sur le mal et sur la mort. Être sel de la terre, n’est-ce pas garder vive la conscience de la présence du Christ-Sauveur au milieu de l’humanité ? Cette fonction de saler nous la jouerons nécessairement au cœur du monde, si nous-mêmes sommes pénétrés de la saveur du Christ. Ce sera alors plus fort que nous. Nous n’aurons pas envie de nous esquiver, de fuir, de nous réfugier dans quelque chapelle ou quelque bulle. Nous voudrons donner à la terre le goût du Christ, nous voudrons nous perdre en elle pour lui donner ce goût. Et nous saurons inspirer de partout une montée d’espoirs et de prières. Nous donnerons saveur à l’histoire humaine devant Dieu par notre louange et notre intercession.

Comment allons-nous être lumière du monde ? Sinon en étant nous-mêmes inspirés par les valeurs d’évangile, marchant à la suite du Christ. Vivant à la manière du Christ. Sa lumière remplissant notre vie. Car c’est lui la lumière du monde. C’est en lui que nous rendons gloire à Dieu. Du sel, il en faut peu pour que son effet paraisse. De la lumière, il en faut peu pour illuminer la nuit. Frères et sœurs, que la lumière et le sel soient en nous feu de l’Esprit, énergie de Pâques, sagesse du Royaume, et nous goûterons la saveur de l’amour de Dieu, sa gloire illuminera le monde.

 

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