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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

19e Dimanche du temps ordinaire. Année C.

Imprimer Par Dominique Charles, o.p.

Seigneur, ta face est ma seule patrie

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 12,32-48. 
Jésus disait à ses disciples : « Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume.
Vendez ce que vous avez et donnez-le en aumône. Faites-vous une bourse qui ne s’use pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne ronge pas.
Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur.
Restez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées.
Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte.
Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour.
S’il revient vers minuit ou plus tard encore et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils !
Vous le savez bien : si le maître de maison connaissait l’heure où le voleur doit venir, il ne laisserait pas percer le mur de sa maison.
Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »
Pierre dit alors : « Seigneur, cette parabole s’adresse-t-elle à nous, ou à tout le monde ? »
Le Seigneur répond : « Quel est donc l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de ses domestiques pour leur donner, en temps voulu, leur part de blé ?
Heureux serviteur, que son maître, en arrivant, trouvera à son travail.
Vraiment, je vous le déclare : il lui confiera la charge de tous ses biens.
Mais si le même serviteur se dit : ‘Mon maître tarde à venir’, et s’il se met à frapper serviteurs et servantes, à manger, à boire et à s’enivrer,
son maître viendra le jour où il ne l’attend pas et à l’heure qu’il n’a pas prévue ; il se séparera de lui et le mettra parmi les infidèles.
Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a pourtant rien préparé, ni accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups.
Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, n’en recevra qu’un petit nombre. A qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage.

COMMENTAIRE

Il est vital que nous retrouvions les dimensions essentielles de la confiance et de l’espérance. « La foi nous fait désirer des réalités qu’on ne voit pas », dit l’auteur de l’épître aux Hébreux. La foi est une sorte de fenêtre sur l’invisible, une ouverture vers Celui que nos yeux de chair ne peuvent voir. Notre vie dans la foi est une quête incessante d’un Dieu caché mais bien présent, fidèlement proche sur notre route. Comme le Petit-Prince de Saint Exupéry, nous devons apprendre que « l’essentiel est invisible pour les yeux ». La foi est cette conviction très profonde d’une Présence toute proche qui nous permet d’avancer comme si nous voyons l’Invisible (cf. Hb 11,27) : « Tu es tellement présent, au cœur de ma vie, mais j’aimerais bien Te voir », écrivait le frère Christophe, moine de Tibhirine.

C’est par cette foi en Dieu, dit l’auteur de l’épître aux Hébreux, qu’Abraham quitta tout pour partir sans savoir où il allait, en acceptant de se laisser conduire par ce Guide invisible qui lui avait simplement dit : « marche en ma présence… » (Gn 17,1). Il a migré sans jamais se sédentariser, sans s’installer définitivement quelque part. Aucun lieu sur la terre où il s’est déplacé il y a 4000 ans n’a constitué le but de son voyage ! Il était partout comme « un étranger et un voyageur », campeur infatigable ayant choisi de vivre en migrant sur la terre. Car, précise l’auteur de l’épître aux Hébreux, « il attendait la cité fondée et bâtie par Dieu lui-même ». Abraham a ainsi marché et vécu en fondant toute sa vie sur une « promesse de Dieu », « à la recherche d’une patrie » tout autre que nos patries de la terre : une patrie céleste car il se savait citoyen de la patrie de Dieu.

Ce passage du chapitre 11 de l’épître aux Hébreux nous rappelle que nous sommes des croyants, comme Abraham : de ces gens dont la vie est fondée sur la confiance en un Dieu qui nous conduits et nous accompagne sur nos routes. Nous avons tout misé sur ce Dieu invisible et caché, et nous savons que lui seul est notre vraie patrie, que notre cité, notre royaume, c’est Dieu lui-même… Dans l’épître aux Romains (Rm 4,18), saint Paul dit à propos d’Abraham qu’il a « espéré contre toute espérance » et que c’est à cause de sa grande foi qu’il est devenu le père d’un grand nombre de peuples. Croire, c’est donc « espérer contre toute espérance », espérer, envers et contre tout. Dans ses moments d’épreuve les plus sombres, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus a pu écrire ces mots : « Mon âme fut envahie par les plus épaisses ténèbres… Je sais que le pays où je suis n’est pas ma patrie, qu’il en est un autre vers lequel je dois sans cesse aspirer. » Et dans ses poésies, elle écrivit : « Ta face Seigneur est ma seule patrie ! »

Dans l’évangile, Jésus nous invite aussi à avancer dans la confiance : « Soyez sans crainte, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. » Être croyant, c’est avancer sans crainte en mettant comme Abraham toute son espérance en ce Dieu invisible qui se préoccupe de tout. C’est lui l’Organisateur du pèlerinage de notre vie ; tout est compris, même le service ! N’oubliez pas, dit Jésus, que votre vrai trésor est invisible, il est en Dieu. Soyez donc comme le vieux croyant Abraham, toujours prêts à repartir ; restez en tenue de service et veillez pour ne pas manquer les départs. Ne vous installez pas dans les hôtels ou les camps de vacances. Il ne s’agit pas de dormir au soleil sur la plage. Au croyant, Jésus dit : « Lève-toi et marche » comme au paralytique, « viens, suis-moi », « je suis le chemin ».

En ce temps de vacances, puissions-nous retrouver cet élan de nos êtres, cette confiance au Guide de nos vies, cette certitude intérieure que nos petites existences ont du sens, un sens caché qui nous dépasse. Puissions-nous redécouvrir qu’en chacune de nos petites vies germe un mystérieux Royaume où l’homme est appelé à s’installer en Dieu et où l’Hôte intérieur plante la tente de sa propre Présence pour demeurer en chacun de nous. Quelles que soient nos épreuves et nos fatigues, demandons-lui de renouveler dans nos cœurs la joie de croire et d’espérer en lui afin que nous puissions la répandre abondamment tout autour de nous. Alors le monde entier pourra devenir ce « Royaume » promis où Dieu veut habiter « tout en tous » (cf. 1 Co 15,28).

Fr. Dominique CHARLES, o.p.

One thought on “19e Dimanche du temps ordinaire. Année C.

  1. Maria Aurora Rocha

    La réflexion m’a donné une trés grande paix. Par fois je pense que croire est une folie … et je ne sais pas que faire … peut être il y a des raisons d’esperance

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