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Responsable de la chronique : Gilles Leblanc
Cinéma d'aujourd'hui

Danoiseries : La chasse ET Pour le meilleur et pour le pire

Imprimer Par Gilles Leblanc

De ce temps-ci, le cinéma du Danemark, le plus petit des pays scandinaves, a la cote d’amour des cinéphiles. En plus de son chef de file, l’impayable Lars von Trier, qui a réalisé le magnifique MELANCHOLIA en 2011, deux compatriotes viennent de produire des films remarquables : POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE, une comédie romantique bien menée par Susanne Bier et LA CHASSE, un drame saisissant habilement tourné par Thomas Vinterberg. Nous les soumettons à votre attention.

LA CHASSE

Dans son premier film, l’acclamé FESTEN, Thomas Vinterberg montrait le déboulonnement public d’un patriarche respecté, après que son fils eut révélé ses actes pédophiles passés. À l’autre bout du spectre, le réalisateur danois dénonce ici, avec une égale force, les pièges des fausses accusations d’abus sexuels, le pouvoir destructeur de la rumeur et les dérives de la justice populaire.

La chance tourne enfin pour Lucas. Son fils adolescent Marcus, dont son ex-épouse lui dispute la garde, viendra habiter chez lui en permanence. Et au jardin d’enfants où il est éducateur, une cuisinière immigrée s’est entichée de lui. Ces promesses d’un nouveau bonheur, dans sa petite communauté tissée serrée où la chasse est une religion, sont cependant compromises quand la fille de son meilleur ami, la petite Klara, furieuse de le voir refuser ses marques d’amour enfantines, raconte à la directrice de la garderie qu’il lui a montré ses parties génitales.

Gérant très mal la situation, l’administratrice alerte les parents, sans donner à Lucas la chance de se défendre. Bientôt, la rumeur court que d’autres enfants auraient été abusés. Consciente des dégâts qu’elle a causés, Klara avoue son mensonge à sa mère. Mais celle-ci interprète sa confession comme un déni. Seuls Marcus et le parrain de ce dernier croient en l’innocence de l’éducateur, violemment ostracisé par sa communauté.

Dur et implacable, LA CHASSE – la métaphore du titre n’échappera à personne – rappelle sous plusieurs aspects le PRÉSUMÉ COUPABLE de Vincent Garenq, les deux films se terminant d’ailleurs sur une note d’espoir teintée d’ambiguïté. Maniant une fois de plus la caméra à l’épaule avec nervosité et efficacité, Vinterberg signe une mise en scène tendue et très expressive.

Saluée par le prix d’interprétation à Cannes, la performance robuste et intense de Mads Mikkelsen (UNE LIAISON ROYALE) force l’admiration. Très bien dirigée elle aussi, Annika Wedderkopp est poignante dans le rôle de la fragile et influençable petite fille au cœur brisé, par qui le drame arrive.

POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE

Conjuguant un sujet grave à une envie d’évasion, la réalisatrice Susanne Bier (APRÈS LA NOCE, FRÈRES) signe ici une comédie ensoleillée, au charme discret, sur les thèmes du mensonge et de l’hypocrisie.

Ida vient à peine de terminer ses traitements de chimiothérapie qu’elle découvre l’infidélité de son époux Leif. Parce que le mariage de leur aînée Astrid doit avoir lieu une semaine plus tard en Italie, la coiffeuse danoise prend le parti de fermer les yeux et de sauver les apparences. Mais dès l’aéroport, sa rencontre brutale avec le père du marié, Philip, un riche importateur anglais de fruits et légumes jamais remis de la mort de son épouse, bouscule son équilibre déjà précaire.

Puis, à destination, le débarquement de Leif accompagné de sa jeune maîtresse force Ida à reconnaître que son mariage est fini. Tandis qu’une amitié inattendue se tisse entre elle et Philip, soudain ému par la résilience de celle qui a subi une mastectomie partielle, Astrid éprouve de son côté ses premiers doutes au sujet de son fiancé, qui repousse étrangement ses avances. La veille du mariage, dans la villa de Philip ceinturée d’une plantation de citronniers, les masques commencent à tomber.

Le scénario, qui lorgne du côté du « Songe d’une nuit d’été » de Shakespeare, grince parfois à force de chercher le ton juste. Pareillement, certains personnages – porteurs d’un secret ou d’un malaise mal dissimulé – dépassent à peine le stade de la caricature. Mais la caméra légère, ainsi que le montage qui glisse sans jamais accrocher, corrigent le tir.

Cela dit, POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE a pour principal atout la composition de Trine Dyrholm. L’actrice, aperçue dans UNE LIAISON ROYALE de Nikolaj Arcel et UN MONDE MEILLEUR de Bier, habite son héroïne angélique avec beaucoup d’élégance et de nuance, apportant une belle unité à ce film dont elle apparaît dans presque tous les plans.

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