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Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
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Faiblesse ou courage?

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Tout récemment nous apprenions le départ du pape Benoît XVI. Cette nouvelle nous a surpris et a suscité pour plusieurs un questionnement. En effet, la décision de démissionner nous a toujours semblé incompatible avec le statut de pape.

En même temps, nous connaissons le grand âge de Benoît XVI et l’ampleur de sa charge. Nous savons aussi que sa décision était mûrement réfléchie. De plus, avec l’actualité qui s’accélère, la nature complexe des enjeux et les sujets conflictuels dans le monde, il faut une grande capacité d’adaptation et beaucoup de discernement dans l’interprétation et la lecture des événements, ce qui complique la besogne. Ce témoignage qui nous a été donné peut facilement laisser l’impression que l’homme s’est senti dépassé par sa charge et qu’il a perçu l’importance de se désister pendant qu’il était encore temps. Était-ce une démission ou la conscience qu’un autre allait avoir les forces nécessaires pour mener à bien l’immense tâche qui s’annonce? Acte de faiblesse ou acte de courage?

Jean-Paul II, lui, avait choisi de continuer jusqu’à la toute fin de sa vie terrestre. En cela, il a montré sans aucun doute beaucoup de courage et il a été un exemple de vie édifiant pour tous. Paradoxalement, son leadership spirituel a ressorti à travers sa longue maladie d’une manière remarquable. Ce faisant, il a touché les cœurs. Par le retrait volontaire de son ministère Benoît XVI nous dit autre chose. Il nous donne un témoignage d’humilité et de liberté, reconnaissant sa pauvreté et ses incapacités à faire face aux nombreuses obligations de cette tâche à laquelle maintenant il a renoncé.

Les deux positions sont valables et ont chacune quelque chose à nous apprendre face à notre propre gestion du vieillissement. L’incapacité est une notion délicate que nous ne pouvons clairement définir. Cependant, il est bon et même essentiel de prévoir les choses alors qu’il en est encore temps. Benoît XVI a préféré ce choix qui, à notre avis, s’avère aussi un acte d’amour envers l’Église qu’il a bien servie.

Cette situation nous touche d’autant plus qu’elle rejoint une donnée omniprésente dans nos sociétés où la vie se prolonge indéfiniment. Nous sommes confrontés aux problèmes de l’âgisme avec la discrimination que cela suppose; et malgré que nous essayions tant bien que mal de tromper la réalité, elle finit toujours par nous rattraper. Ces derniers mois, on a beaucoup parlé du droit de mourir. Avons-nous abordé le droit de vieillir dignement, avec nos souffrances et les problèmes inhérents à l’âge, avec les choix aussi que nous devons obligatoirement faire selon notre condition?

Jean-Paul II, Benoît XVI : deux personnes différentes, deux choix différents, mais combien  éclairants pour notre Église qui a bien besoin de modèles. En cette période de transition où nous sommes peut-être incertains face à l’avenir, nous sommes plus que jamais invités à laisser l’Esprit agir, confiants que le Seigneur n’abandonnera pas son Église.

Jacques Marcotte, O.P.
en collaboration avec Anne Saulnier.
Québec

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