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Imprimer Par Denis Gagnon

Il pleut. Lentement, la pluie descend couleur ennui. Les dernières gouttes de l’ouragan Sandy annoncent les premiers flocons de neige. Nous aimerions voir apparaître quelques rayons de soleil. Un peu de lumière en ces jours où l’actualité n’a rien de bien lumineux.

Novembre! L’avant-dernier mois de l’année a la réputation d’être lugubre. Est-ce pour cela qu’il commence ailleurs, au royaume ensoleillé des saints et des saintes? Pas seulement ceux et celles qui ont le statut officiel de sainteté, tous les saints, toutes les saintes, connus et inconnus, les chéris de Dieu. Nous espérons que tous nos proches en font partie.

Après ce premier jour de lumière, nous demeurons dans l’au-delà en faisant mémoire des défunts. Nous traversons le 2 novembre le cœur serré. Nous avons tous des parents et des amis qui sont définitivement partis. Nous pensons souvent à eux. Nous regrettons leur absence. Nous nous surprenons à attendre de leurs nouvelles, comme s’ils allaient rentrer prochainement d’un voyage en Europe ou dans le sud.

La mort des autres nous fait mal. Plus mal même que la perspective de notre propre mort. Bien sûr, je mourrai et cette étape a déjà de l’influence sur moi. Elle me fait peur ou m’intrigue. Avec les années, j’en tiens compte dans mes allées et venues au pays intérieur. Mais l’amour a plus d’impact dans ma vie que la fin de mon existence terrestre. L’amour me relie à tant d’hommes et de femmes qui jalonnent mon parcours. Je suis attaché à eux, plus encore qu’à mon bien-être personnel. Mon bonheur se nourrit de leurs présences ou des souvenirs que j’en garde. Ceux et celles qui affirment que la solitude est une bonne amie ont toujours le cœur habité par les autres. La solitude n’est asséchante que lorsqu’elle est déserte.

Le mois de novembre me rappelle que l’amour fait bon ménage avec la distance. En amour, nous nous attachons mais nous ne pouvons pas nous enchaîner. Nous ne pouvons pas aimer quelqu’un sans lui garantir sa liberté, sans respecter son droit à être unique et autonome.

Ce faisant, l’amour des autres m’apprend à m’aimer moi-même, à respecter en moi la liberté et l’autonomie. Mon bonheur dépend aussi de la part que j’accorde à la distance. «Vivre c’est savoir quitter les choses et les personnes.» (Jacques Arènes, psychanalyste) L’amour ne va pas sans un certain détachement. La vie est un grand livre. Comme les autres livres, nous parcourons celui-ci en tournant les pages. La maturité de notre existence dépend aussi des deuils que nous acceptons de faire.

Nous souhaitons que nos défunts reposent dans la paix. Souhaitons aussi reposer nous-mêmes dans cette paix, pas seulement au terme de notre passage sur terre, mais déjà dans le voyage que nous vivons présentement.

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