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Désobéir!

Imprimer Par Denis Gagnon

Désobéir! J’ai appris la définition de ce verbe alors que j’étais bien jeune. C’est même probablement l’un des premiers mots que j’ai retenus. Ma mère, en bonne éducatrice, l’accompagnait d’un autre mot : punir ou punition. À genou dans le coin, tu apprends vite le sens des mots. Et encore plus vite avec une tape sur les fesses. Je suis né à l’époque où le dictionnaire se consommait ainsi.

Désobéir! Ma mère n’a pas réussi parfaitement à me faire abandonner ce triste vice. Il m’est arrivé depuis de céder à ce mauvais penchant. J’en demande pardon à ceux et celles à qui je n’ai pas obéi. Surtout ceux et celles dont les exigences étaient bien fondées.

Désobéir! Le mot trotte dans les conversations québécoises depuis quelques semaines. Une loi décrétée par le gouvernement québécois sème la grogne dans une certaine partie de la population. Les jeunes l’utilisent abondamment, probablement parce qu’ils en connaissent la définition depuis moins longtemps que leurs aînés. Et qu’ils ne l’ont pas appris à coup de bâton.

On parle de « désobéissance civile ». C’est donner beaucoup trop d’importance à cette loi, si dérangeante soit-elle. Des restrictions en matière de manifestation ou un appel au retour en classe, c’est quand même pas l’apartheid de l’Afrique du Sud ou le racisme aux États-Unis au temps de Martin-Luther King.

Et puis, la désobéissance civile en soi n’est jamais une solution. Elle arrête en cours de route la démarche vers la vraie solution. Elle constitue même un échec. D’une part, elle fait plier l’adversaire sans le convertir. D’autre part, elle stoppe le processus de négociation; elle ne permet pas d’aller jusqu’au bout du cheminement vers l’entente.

Avec Stéphane Hessel (« Indignez-vous! », Indigène Éditions), je prône plutôt la non-violence, plus précisément la « violence de l’espérance », une « insurrection pacifique » (p. 20). À tout problème, il existe une bonne solution qui fait des gagnants des deux côtés de la barricade. Avoir confiance que l’on peut parvenir à cette solution par une espérance tenace et sans compromis. Persévérance et patience.

Avoir confiance aussi en l’autre, l’adversaire en face de moi. Il y a assez de bon en lui comme il y a assez de bon en moi pour conduire à une véritable alliance, une entente qui peut tenir.

« Il faut comprendre que la violence tourne le dos à l’espoir. Il faut lui préférer l’espérance, l’espérance de la non-violence. C’est le chemin que nous devons apprendre à suivre. Aussi bien du côté des oppresseurs que des opprimés, il faut arriver à une négociation pour faire disparaître l’oppression; c’est ce qui permettra de ne plus avoir de violence terroriste. C’est pourquoi il ne faut pas laisser s’accumuler trop de haine. » (Hessel, p. 20)

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