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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

6e Dimanche de Pâques. Année A.

Imprimer Par François-Dominique Charles

Accueillir la Sainteté de Dieu dans nos êtres de chair

À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Si vous m’aimez,
Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous :
c’est l’Esprit de vérité. Le monde est incapable de le recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez,
parce qu’il demeure auprès de vous, et qu’il est en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.
D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi.
En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous.
Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »

COMMENTAIRE

Nous approchons de la fête de la Pentecôte. C’est pourquoi les textes de ce 6e dimanche de Pâques sont déjà centrés sur le don du Saint Esprit. Dans le passage des Actes des Apôtres, Pierre et Jean prient puis imposent les mains sur les Samaritains devenus disciples du Christ : « Pierre et Jean leur imposèrent les mains et ils reçurent le Saint Esprit. » Dans l’évangile, Jésus dit à ses apôtres : « Je prierai le Père, il vous donnera un autre Défenseur qui sera toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité. »

Il n’y a pas de christianisme sans Esprit Saint. L’Église est née avec le don du Saint Esprit et elle s’est développée en transmettant ce don aux croyants. L’évêque, à la suite des apôtres, impose les mains sur ceux qui vont être confirmés et prie Dieu de répandre l’Esprit Saint sur eux. Le don de l’Esprit est toujours intimement lié à la prière : Jésus prie le Père d’envoyer l’Esprit de vérité, les apôtres prient avant d’imposer les mains, l’évêque prie aussi en imposant les mains aux confirmands.

La nouveauté de notre religion chrétienne réside dans ce don du Saint Esprit que Jésus fait à ses amis. Par ce don, en effet, Jésus met au plus intime de chacun de nous son dynamisme de vie et d’amour. Le christianisme est une religion du cœur, une religion spirituelle dans son essence. Est véritablement chrétien celui qui accueille en lui l’Esprit de Jésus, celui qui se laisse transformer et conduire par cet Esprit de sainteté. Est chrétien celui qui prie dans l’Esprit Saint.

On pourrait traduire le début de la première lecture qui est un passage de la première lettre de saint Pierre (1P 3,15) ainsi : « Sanctifiez dans vos cœurs le Christ qui est Seigneur! Soyez toujours prêts à rendre compte à quiconque de l’espérance qui est en vous ! » D’une certaine façon, ce verset exprime le secret de notre vie chrétienne. En effet, il est ici question de « sanctifier » le Christ dans nos cœurs. De la même manière, nous prions en disant : « Notre Père… que ton Nom soit sanctifié ! » Saint Pierre nous demande d’accueillir dans notre cœur le souffle spirituel de l’Esprit Saint pour que nous puissions chanter « Gloire à Dieu ! » Car c’est le Saint-Esprit qui vient chanter dans nos cœurs.

Si Jésus est venu jusqu’à nous, c’est pour nous communiquer la Sainteté et la Gloire de Dieu. C’est cela qu’il nous donne avec le Saint-Esprit : « Vous le connaissez parce qu’il demeure auprès de vous et qu’il est en vous », nous dit Jésus dans l’évangile. Le Saint-Esprit, c’est la Présence indéfectible de Dieu en nous. Depuis toujours, Dieu a le projet de faire résider sa Sainteté dans le cœur de ceux qu’il aime. Il nous a créés dans ce but. Nos corps humains sont destinés à accueillir la sainte Présence de Dieu. C’est pourquoi Paul ose écrire aux Corinthiens que « nous portons le trésor de la gloire de Dieu qui est sur la face du Christ dans nos vases d’argile » (2Co 4,6-7).

Si Dieu a envoyé son Fils pour vivre avec nous, c’est pour qu’il répande dans le cœur des croyants son dynamisme de vie et sa force d’amour qui est l’Esprit Saint. Dieu n’a pas d’autre désir que de se rapprocher de nous et de nous rendre saints comme lui-même est Saint (cf. Lv 19,2). Cette sainteté de Dieu nous a été donnée par Jésus quand il a soufflé sur nous en mourant sur la Croix: « Inclinant la tête, nous dit l’apôtre Jean, il donna l’Esprit » (Jn 19,30). Et après la résurrection, Jésus « souffla sur ses disciples et dit : recevez l’Esprit-Saint. » En soufflant sur nous, Jésus nous a donné sa propre Sainteté qui est aussi celle de son Père.

Quand donc Saint Pierre nous demande de « rendre compte de cette espérance qui est en nous », il nous demande d’être chrétien partout où nous vivons, pas simplement dans nos lieux d’Église mais aussi en famille, avec nos voisins, dans nos lieux de travail et de loisir. Car l’espérance chrétienne qui est en nous, c’est la sainteté même de Dieu. Oui, chacun de nous est un tabernacle vivant. Là où tu vas, Dieu entre avec toi ! Ce que tu vis, Dieu le vit avec toi. Chacun de tes gestes peut ainsi devenir un geste de Dieu. Quand tu visites tes frères malades ou éprouvés, Dieu les visite avec toi. Et si cela est vrai, le chrétien peut aussi, dans sa manière de vivre, prendre le risque de « profaner » la Sainteté de Dieu qui a fait sa demeure en nous. Paul met clairement en garde de cela quand il parle de la fornication et de la prostitution : le chrétien qui s’unit à une prostituée, dit-il, pèche gravement puisqu’il profane son corps qui est le temple de l’Esprit Saint (1Co 6,18-20).

Nous avons la grande chance de savoir que la sainteté du Seigneur réside dans nos faibles corps et dans nos cœurs qui ne savent pas toujours aimer. Si nos péchés peuvent devenir de graves obstacles à la sainteté, nos faiblesses ne le sont pas toujours. L’Esprit du Seigneur habite en nous pour sanctifier peu à peu tout ce que nous sommes. Lui seul sait comment nous aider à vaincre nos résistances à l’amour et à la vie. « Ce trésor, écrit Paul, nous le portons dans des vases d’argile pour que cette grande force soit de Dieu et non pas de nous » (2Co 4,7).

Jésus est monté aux cieux après sa résurrection… Nous fêterons son ascension dans quelques jours. En allant vers le Père, il ne nous a pas abandonnés : « Je ne vous laisserai pas orphelins ! » Il nous a donné ce qu’il a de plus précieux. Jésus doit partir pour que le Saint Esprit prenne le relais en agissant au-dedans des croyants et de l’Église. Invoquons donc le Saint Esprit en ces jours pour qu’il sanctifie nos cœurs et nous apprenne à chanter « Gloria ! » et « Alléluia ! ». Que nos êtres deviennent saints pour que le monde change et devienne un Royaume de « Dieu-avec-les-hommes » où Dieu sera tout en tous (1Co 15,28).

Frère François-Dominique CHARLES, o.p.

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