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«Un homme et son péché»

Imprimer Par Denis Gagnon

Au cours des années 1950-1970, la télévision franco-canadienne a popularisé un personnage d’un roman de Claude-Henri Grignon, Un homme et son péché. Les générations aînées connaissent bien Séraphin Poudrier.

Le péché de cet homme a pour nom l’avarice ou l’amour excessif des biens matériels, notamment l’argent. Traditionnellement, l’avarice est classée parmi les péchés capitaux. La description qu’en donne Grignon est tellement caricaturale qu’on pouvait croire, à l’époque, que les avares étaient de rares spécimens dans nos sociétés par ailleurs généreuses. Leur péché n’apparaissait donc pas capital.

En ce début du troisième millénaire, on n’entend guère parler d’avarice. Le mot est quasi disparu de nos conversations. De là à penser que sa réalité n’existe plus, il n’y qu’un pas que certains arrivent à franchir facilement.

Et pourtant, des Séraphin Poudrier continuent de faire des affaires d’or. Et de façon plus ou moins honnête. Les médias révèlent qu’un chef d’état fuit à l’étranger avec 1.5 tonne d’or. Tel autre a accumulé une fortune de 600 millions de dollars américains au détriment d’une population sous-alimentée. Celui-là détourne à son profit des biens offerts à des indigents par des organismes charitables. Un milliardaire méprise ses employés en lock-out depuis des mois et des mois. Des maires acceptent des pots-de-vin. Des fortunes dorment dans des banques pour le plaisir de quelques riches «gratteux».

Nos ancêtres ont connu des périodes difficiles. Le Québec s’est construit lentement. La prospérité a mis du temps à faire sa marque. Maintenant, nous sommes fiers de nos succès. Et en ce temps de crise économique, nous admirons ceux qui réussissent dans la vie. Entendez par là : qui font fortune.

On a raison de chercher à produire de la richesse, comme le préconisent les spécialistes de l’économie et les personnes soucieuses de justice sociale. La lutte à la pauvreté compte sur cet objectif. On ne peut interdire la réussite financière. Tous les terriens et les terriennes ont droit de manger à leur faim et de profiter des biens de la nature. Il peut même être convenable de produire au-delà de nos besoins personnels.

Là où le bât blesse, c’est dans l’orientation qu’on donne à l’exercice de la consommation. Les lois de celle-ci doivent favoriser l’égalité entre les personnes. Il faut tout faire pour permettre l’accès de tous aux biens matériels. De vieux sages des premiers siècles du christianisme croyaient que la nature produisait ce qu’il fallait pour toute l’humanité et seulement ce qu’il fallait. En ce sens, ils avertissaient les riches : «Ce que vous accumulez sans que vous n’en ayez besoin, vous le volez à d’autres!» C’est radical. Même si le principe s’appuie sur une fausse prémisse, cela mérite considération et, chez certains, examen de conscience!

En annonçant à mes proches que je m’apprêtais à écrire un billet sur l’avarice, j’ai suscité des éclats de rire. J’espère cependant avoir convaincu mes lecteurs et mes lectrices de la pertinence de ma réflexion! Séraphin Poudrier n’est pas disparu. Il se reproduit même à des milliers d’exemplaires. Et son égoïsme est plus qu’un péché individuel; il est une grave injustice sociale. Donc, plus qu’inacceptable!

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