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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

Épiphanie. Année A.

Imprimer Par François-Dominique Charles

Racontez aux enfants l’histoire des mages venus d’Orient

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent : « A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple. » Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. » Sur ces paroles du roi, ils partirent. Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s’arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

Méditation pour la solennité de l’Épiphanie

Qui étaient donc ces « mages venus d’Orient » ? Nous en avons fait des rois, principalement à cause du Psaume 71 (versets 10-11 et aussi 15) qui est lu ou chanté pendant la messe de ce dimanche : « les rois de Tarsis et des îles apporteront des présents ; les rois de Saba et de Séba feront offrande ; tous les rois se prosterneront devant lui, tous les païens le serviront. » Depuis la fin du 6e siècle, on leur a même donné les noms de Gaspard, Melchior et Balthazar. Or l’Evangile ne dit rien de tout cela ! Il s’agit de « mages », c’est-à-dire de sages, d’astrologues, certainement pas de rois. Quelle étrange histoire que celle de ces hommes, dont on ne connaît ni les noms ni le nombre, venant d’ailleurs comme dans un rêve pour découvrir et adorer Jésus puis repartant chez eux par un autre chemin. Les enfants aiment beaucoup entendre cette histoire qui ressemble à un merveilleux conte de Noël. En nous la racontant dans son évangile, qu’est-ce que Matthieu veut nous faire comprendre ?

Ces hommes viennent de très loin, d’Orient : ce sont donc des étrangers. Ils ne sont pas du peuple de Jésus qui attendait la venue d’un « Messie » (mot qui vient de l’hébreu), d’un « Christ » (mot qui vient du grec) ! Ces mages sont des païens qui viennent adorer le Messie des Juifs… Déjà, dans la nuit de Noël, c’étaient les bergers, des marginaux du Peuple élu, qui étaient accourus vers l’enfant. Ainsi, ceux qui sont apparemment loin de Jésus en sont plus proches que ceux qui savent grâce aux Écritures d’où doit venir le Messie et qui habitent à Jérusalem, tout près de Bethléem ! Le roi des Juifs, les prêtres et les scribes ne se déplacent pas pour aller l’adorer. Ce sont les étrangers et les païens représentés par les mages et les pauvres représentés par les bergers qui acceptent de se déplacer et trouvent Jésus.

Les mages ont fait un grand voyage pour aller voir le visage de l’enfant. Pour rencontrer Jésus, il faut donc se mettre en marche : la foi est-elle autre chose dans nos vies qu’une marche chaque jour reprise, une marche permanente vers Dieu ? Que chacun de nous entende cet appel : « Lève-toi et marche ! » (cf. Mt 9,5), emprunte la même route que les mages, celle dont tu ne connais par avance ni le but, ni l’itinéraire ! Comme Abraham, quitte ton pays et laisse-toi guider par Dieu. « Debout, resplendis ! Marche vers la lumière ! » (cf. la première lecture : Is 60).

Les mages se laissent guider par un astre, une étoile qui se lève ! C’est donc qu’il faisait nuit ! Comment auraient-ils pu voir une étoile en plein jour ? Notre marche dans la foi est à l’image de cette marche dans la nuit illuminée par la petite étoile de l’espérance. Cette étoile, c’est la présence mystérieuse de Dieu qui nous enveloppe tellement discrètement que parfois la nuit semble totale ; le scintillement de l’astre est si faible qu’il est comme invisible : croire c’est entrevoir l’invisible (cf. ce qui est dit de Moïse en He 11,24). Oui, « l’important est invisible pour les yeux » comme le dit si bien le Petit Prince de Saint Exupéry. Quand notre route est obscure, explorons toujours notre ciel pour y trouver cette étoile de l’espérance qui est toujours présente à condition de la chercher comme les mages. En la voyant, nous éprouverons aussi une très grande joie.

Ils « entrent dans la maison » et découvrent « l’enfant avec Marie sa mère ». Cette longue marche de la foi les a donc fait entrer dans la maison même du Christ. Ils ont touché au but après l’avoir tant désiré et cherché. Pour nous aujourd’hui, cette petite maison de Jésus c’est l’Eglise où la foi et l’espérance nous rassemblent autour du Christ. Qu’importe maintenant nos longs et parfois pénibles sentiers. Ce qui compte aujourd’hui, c’est de venir contempler Jésus notre Sauveur qui se donne à voir et à toucher dans sa Parole et dans son Pain (« Bethléem » veut dire « maison du pain »). Offrons-lui les richesses de nos vies car elles viennent de lui.

Encore un petit détail : cette longue marche, les mages ne l’ont pas faite seuls ! Ils l’ont faite ensemble, à plusieurs. Car c’est ensemble que nous sommes forts pour marcher dans la nuit de la foi, guidés par l’étoile de l’espérance. C’est ensemble que les mages ont évité les pièges d’Hérode, le roi des forces destructrices et meurtrières du mal.

Ne cherchons pas trop Dieu dans les hauteurs du ciel : il demeure aujourd’hui dans la maison des hommes. Laissons-le nous guider par son étoile et nous le rencontrerons chez les hommes. La marche des mages vers le roi des Juifs les a conduits vers la maison d’un enfant. Ils sont repartis dans leur pays « par un autre chemin ». La rencontre de Jésus a provoqué en eux une conversion. La route de leur vie a changé ! Depuis le premier Noël de l’histoire, la marche vers Dieu ne peut plus se faire sans une marche vers les hommes. L’épiphanie de Dieu se fera pour nous aujourd’hui si nous acceptons cette conversion : allons visiter ceux de nos familles ou de nos voisins qui sont seuls dans leur maison ; osons nous mettre en marche vers ceux qui sont oubliés dans les maisons de retraite, les hôpitaux, les prisons…

Amis, n’oubliez surtout pas de raconter à vos enfants l’étonnante histoire des mages venus d’Orient ! Ils comprendront mieux qu’avec de longues explications qui est Jésus et qui est notre Dieu. En vivant dans la nuit de la foi sous la conduite de l’étoile espérance, nous verrons l’Invisible sur la terre. Puisse ce conte des mages devenir notre propre histoire aujourd’hui !

Frère François-Dominique CHARLES, o.p.

Un petit clin d’œil pour le premier jour de l’année, solennité de sainte Marie Mère de Dieu : voici un poème à Marie, écrit par un jeune frère dominicain camerounais qui est actuellement au couvent d’Abidjan. En ce premier janvier où l’Église prie pour la paix, invoquons la Mère du Prince de la paix pour que le sang ne coule plus en Côte d’Ivoire ni nulle part ailleurs puisque les anges nous ont appris à chanter à Noël : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime ! ».

Marie ma Mère,
Elle était
Certainement si belle
Que l’ange ne tarit d’éloges pour elle.

A coup sûr si tendre
Que L’Esprit, sous son ombre, s’empressa de la prendre.

Sans doute si pure
Qu’elle seule était digne de porter la rédemption future

Disons le, tellement pieuse
Qu’elle accueillit le projet de Dieu insoucieuse.

Certainement si craintive
Que l’ange la rassura qu’à Dieu, rien n’est impossible.

Frère Alain Christian ZIBI ELOUNDOU o.p.

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