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Nous deux,

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Nous deux

Quand deux ou trois sont réunis en mon nom

Imprimer Par Caroline Pinet

Il arrive que dans un couple les deux ne soient pas réunis en Son nom. Karine vient à la messe avec ses deux enfants. Ils sont assis en avant et on la voit tous les dimanches sans son mari. Elle s’implique dans la catéchèse des enfants. Mais elle ne reste jamais pour les activités familiales du dimanche qui se passent à la paroisse. Elle aimerait bien y venir avec son mari, mais comme il n’est pas croyant, elle considère que son activité familiale du dimanche est auprès de son mari avec ses enfants. Karine est très heureuse en ménage. Son seul regret est de ne pas partager sa foi avec celui qu’elle aime. « Ce n’est pas comme si j’aimais un sport particulier comme le squash et que lui n’embarquait pas dans cette passion! Je comprends que nous ayons chacun nos activités personnelles. Mais justement, la foi n’est pas une activité personnelle et ne pas pouvoir partager cet aspect central de ma vie avec celui qui la partage me pèse tout de même énormément. »

Karine n’est pourtant jamais amère! Dans la paroisse elle rayonne! Jamais elle ne se plaint de sa situation. Par sa lumière intérieure, elle convertirait les plus récalcitrants à l’Église. Mais pourtant, son mari demeure imperméable à cet aspect de sa vie. « J’ai accepté que ce n’est pas moi qui le changera à ce niveau! J’aime mon mari. C’est lui qui est sur ma route et je ne voudrais personne d’autre! Il faut dire que nous partageons plusieurs valeurs communes conjugales qui répondent aux vœux du mariage chrétien : fidélité, union pour la vie, respect l’un pour l’autre. Mon mari est très respectueux de ma foi et accepte que je la transmette à nos enfants. Pour moi, c’est énorme! Nous ne cachons pas non plus la vision du papa à nos enfants. Et, curieusement, je sais que mon mari m’aime telle que je suis avec ma foi!!! Il voit ce que cela me fait vivre, mais il dit que cela lui échappe et que ce n’est pas pour lui… » Après une pause, où on perçoit un soupir, elle se reprend et affirme : « Je crois aussi qu’au niveau de notre couple, j’ai reçu une grâce spéciale : j’ai la foi pour deux! »

Dans un monde où la foi vécue est le fait d’une petite minorité, il apparaît évident que tous les jeunes couples ne partageront pas une seule et même foi. Philippe, très croyant, partage sa vie avec Sylvie qui n’a pas voulu de l’institution du mariage pour couronner leur union. Ils ont trois enfants non baptisés. S’il ne remet pas sa vie de couple en question, il souffre beaucoup de ce manque de sacrement. Et le sujet de la religion est tabou, sinon il s’ensuit des disputes. Philippe va seul à la messe, sauf à Noël, où toute la famille y va ensemble. Philippe poursuit tout de même sa vie de foi, qu’il sent en porte-à-faux avec l’enseignement de l’Église.

Parfois, ce sont des unions entre personnes de religions différentes. Il faut dans ce cas aussi manœuvrer avec beaucoup de respect et de délicatesse. C’est souvent le plus « attaché » à sa religion qui obtiendra de transmettre aux enfants communs l’héritage de cette religion. Souvent, toutefois, il sera plutôt envisagé de ne donner aucun sacrement et de laisser les enfants choisir plus tard. Stéphanie, infirmière mariée à un musulman a vécu un Noël bien particulier. Elle travaillait ce soir du 24 décembre. Son mari, sachant combien cette messe était importante pour elle, a amené leurs enfants à la messe familiale. Elle en aurait pleuré. Si la foi n’est pas la même, l’amour qui unit tous ces couples n’en est pas moindre et tout geste bienveillant envers l’autre est ressenti avec beaucoup de bonheur.

La foi partagée est un don précieux. Et quand elle ne l’est pas, le croyant est appelé à se dépasser pour vivre sa foi. Chaque histoire conjugale est unique, et chacune offre un défi à vivre. Ce défi est parfois la vie spirituelle vécue en solitaire dans le couple. C’est une situation qui est loin d’être isolée. Dans nos communautés chrétiennes, il nous veiller à être attentif à bien accueillir et entourer tous ces croyants qui vivent seul leur foi. La force d’une communauté priante qui accompagne et accueille ces personnes peut être déterminante dans la poursuite de leur cheminement de foi.

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