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Vivre dans la dignité

Imprimer Par Denis Gagnon

Au Québec, une commission d’étude réfléchit sur l’opportunité de permettre l’euthanasie et le suicide assisté à ceux et celles qui sont en phase terminale. Elle a pour titre «Mourir dans la dignité».

L’euthanasie est une action qui provoque la mort de quelqu’un dans le but d’abréger ses souffrances. Dans le suicide assisté, le malade se donne lui-même la mort en recourant à l’aide de quelqu’un d’autre.

La mort est une réalité qui nous rejoint tous un jour ou l’autre. Devant elle, nous réagissons de différentes manières. Certains envisagent cette étape de leur vie avec sérénité, le cœur pacifié, l’esprit tranquille. D’autres, et ils me semblent très nombreux, regardent la mort avec crainte et tremblement. Ils ont peur de la rupture elle-même, mais ils craignent davantage les derniers moments de vie, ces moments qui sont souvent marqués de grande souffrance. Comment cela va-t-il se passer? Dans quel état me trouverai-je quand viendra la mort? Certains considèrent la souffrance comme une atteinte à la dignité humaine. Par conséquent, ils réclament le droit de «mourir dans la dignité». Ils veulent partir avant d’atteindre un état de grande souffrance.

Personnellement, je choisis en mon âme et conscience d’aller jusqu’au bout de ma vie, même si je dois traverser des périodes de grande dégradation dans mon corps et dans mon esprit. J’ai la ferme conviction que je n’ai pas tous les droits sur ma vie. Ce que je suis, ce que je fais a une dimension sociale incontournable. Je suis un individu qui possède une certaine autonomie, mais je ne suis pas totalement maître de moi-même. Je suis aussi un être de relation, j’ai des liens avec d’autres. Admettre l’euthanasie ou le suicide, c’est lancer un message à ceux qui sont âgés, aux handicapés, aux grands malades qui demandent des soins de longue durée. C’est leur dire : votre vie n’a pas la qualité requise pour être appelée une vie; vous ne devriez pas être là. Refuser l’euthanasie ou le suicide, c’est reconnaître la valeur de toute vie, même la plus diminuée, même la plus fragile et la plus dépourvue d’autonomie. La vie est un mystère dont nous ne percevons pas toutes les richesses. Ne faut-il pas aller jusqu’au bout pour ne rien perdre de ce que nous sommes?

Le croyant que je suis va même plus loin. Je n’ai pas fait mon corps ni mon esprit. Ce n’est pas moi qui aie pris l’initiative de vivre. De grands pans de mon existence échappent à mon contrôle. La vie est donc un cadeau qui m’est offert. Et je ne suis pas propriétaire du souffle qui m’anime. En bout de piste et tout au long de mon existence terrestre, Dieu demeure le créateur de ma vie. Il reste le maître du voyage que j’ai entrepris il y a plusieurs années, voyage qui me conduira vers un ailleurs que je ne connais pas encore et que Dieu me promet plus harmonieux que l’étape que je traverse présentement.

Je considère donc que je dois m’en remettre à mon créateur quant à ma mort. Par contre, au cours des années que je passe sur terre, je ne suis pas passif. J’exerce un certain pouvoir sur ma vie, sur ma façon de vivre. Quand je suis malade, j’ai le droit et même le devoir de recourir à la médecine pour améliorer mon sort, pour chercher la guérison ou pour soulager ma souffrance. La société a même le devoir de venir à mon secours et de m’offrir des soins palliatifs de manière à favoriser la qualité de ma vie si ténue soit-elle, si éprouvante qu’elle soit. Il faut tout mettre en œuvre pour vivre dans la dignité depuis notre naissance jusqu’à notre dernière heure.

Peut-être me reprochera-t-on de parler sereinement de la mort alors que tout ne va pas trop mal. Peut-être aurais-je un autre discours si j’étais en phase terminale. Je ne sais pas comment j’affronterai mes derniers moments. Mais j’ai suffisamment connaissance de mes fragilités et des faiblesses de ma santé pour deviner avec assez de lucidité ma sortie de piste. Je sais que l’étape sera vraisemblablement douloureuse. Malgré cela, je persiste à m’en remettre à Dieu.

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