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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

19e Dimanche du temps ordinaire. Année C.

Imprimer Par Daniel Cadrin

Nos ancêtres dans la foi

Frères, la foi est le moyen de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître des réalités qu’on ne voit pas. Et quand l’Écriture rend témoignage aux anciens, c’est à cause de leur foi.
Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit vers un pays qui devait lui être donné comme héritage. Et il partit sans savoir où il allait. Grâce à la foi, il vint séjourner comme étranger dans la Terre promise ; c’est dans un campement qu’il vivait, ainsi qu’Isaac et Jacob, héritiers de la même promesse que lui, car il attendait la cité qui aurait de vraies fondations, celle dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte. Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’avoir une descendance parce qu’elle avait pensé que Dieu serait fidèle à sa promesse.
C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort, ont pu naître des hommes aussi nombreux que les étoiles dans le ciel et les grains de sable au bord de la mer, que personne ne peut compter. C’est dans la foi qu’ils sont tous morts sans avoir connu la réalisation des promesses ; mais ils l’avaient vue et saluée de loin, affirmant que, sur la terre, ils étaient des étrangers et des voyageurs. Or, parler ainsi, c’est montrer clairement qu’on est à la recherche d’une patrie. S’ils avaient pensé à celle qu’ils avaient quittée, ils auraient eu la possibilité d’y revenir. En fait, ils aspiraient à une patrie meilleure, celle des cieux. Et Dieu n’a pas refusé d’être invoqué comme leur Dieu, puisqu’il leur a préparé une cité céleste.
Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. Et il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses et entendu cette parole : C’est d’Isaac que naîtra une descendance qui portera ton nom. Il pensait en effet que Dieu peut aller jusqu’à ressusciter les morts : c’est pourquoi son fils lui fut rendu ; et c’était prophétique.

COMMENTAIRE

La Lettre aux Hébreux est un écrit complexe dont l’auteur, la date et le genre ne sont pas évidents. Mais au chapitre 11, elle présente une galerie de témoins de la foi, des personnages de la Première Alliance, d’Abel aux prophètes, qui sont nos ancêtres dans la foi. La deuxième lecture de ce dimanche nous parle de la foi d’Abraham et de Sara d’une manière inspirante. Cette foi d’Abraham et de Sara est confiance profonde en Dieu et capacité de voir ce qui ne se voit pas.

Abraham répondit à l’appel de Dieu par la foi, par la confiance. Il quitta son pays, sa sécurité, et partit pour un pays inconnu, à recevoir en héritage; il partit sans savoir où il allait (v.8), remettant sa vie à un Autre. Si Abraham pouvait partir dans la confiance, prendre ce risque, c’est qu’il y avait en lui une attente, liée au désir, à l’ouverture du cœur. Sa réalité en dedans était plus large que ce qui était déjà présent autour de lui. Il attendait une réalité plus grande, plus vivante, qui est mystère et don de Dieu. Il attendait cette ville que Dieu lui-même va construire (v.10).
Sarah aussi répondit par la foi, par la confiance. Malgré son âge avancé, elle fut rendue capable de donner la vie. Elle témoigne de ce que la fécondité est encore possible à tout âge. Pourquoi Sara pouvait-elle faire confiance? Parce qu’elle tint pour fidèle l’auteur de la promesse (v.11) : voilà une profonde confiance dans le Dieu vivant, qui est celui qui fait promesse.

Abraham et Sara, deux belles figures de l’Église. Ni Abraham ni Sara ne verront la réalisation des promesses, mais ils les ont vues et saluées de loin (v.13). De façon obscure, anonyme, ils ont posé les fondements de ce qui deviendra une tradition religieuse inspirant des juifs, des chrétiens, des musulmans. Ils deviendront père et mère d’une multitude de croyants, dont nous faisons partie aujourd’hui, nous qui sommes les filles et les fils d’Abraham et de Sara.

Abraham et Sara ont su voir plus loin que le visible devant eux, plus grand que leur cœur. Ils nous invitent à un regard qui considère que le réel, ce n’est pas juste ce qui est immédiatement devant nous; ce n’est pas seulement ce que les médias nous disent, ou ce que les gestionnaires de la décroissance nous annoncent. La réalité est plus vaste que ce petit monde. La confiance est cette attitude qui nous fait voir plus loin et qui nous fait miser notre vie, même s’il n’y a pas d’évidence, sur un Autre qui est créateur et miséricordieux.

Cette foi confiante permet de dépasser les lourdeurs du quotidien, où parfois nous sommes enfermés, et de pouvoir recommencer, par-delà les échecs, les demi-réussites, les blocages. Elle nous permet de ne pas trop nous écraser, sinon pour un temps de lamentation, bien nécessaire, mais ensuite elle nous fait nous relever. Confiance tenace, qui fait tenir. Cette confiance nous fait accepter que la vie est un don qui déborde les limites de notre espace intérieur et extérieur. La vie, c’est un don qui dépasse les frontières que nous assignons à la réalité pour essayer de contrôler nos vies. Cela demande un abandon de soi, un décentrement, qui est passage pascal.

Aujourd’hui, dans nos familles et communautés, bien des aînés nous donnent le témoignage d’une telle foi. Pour avancer sur les chemins actuels de l’aventure croyante, vers l’avenir, sans savoir où nous allons, nous avons besoin d’écouter et d’admirer nos ancêtres dans la foi.

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