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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

30e Dimanche du temps ordinaire. Année Bé

Imprimer Par Daniel Cadrin

Voir et marcher

Nous avons l’impression parfois d’être aveugles, de ne rien comprendre à la vie, ou encore d’être en marge, en dehors des réseaux et de leur circulation ; ou nous pouvons nous percevoir comme figés, incapables de faire un pas en avant. Et pourtant, des passages, des transformations peuvent advenir sur nos chemins. Nous connaissons des personnes qui ont vécu de telles conversions et qui maintenant voient, participent et avancent sur un chemin même difficile et risqué.

La guérison de l’aveugle Bartimée nous parle justement de ces passages, de ce chemin de conversion. Ce récit nous montre une vie transformée. Au début, Bartimée ne voit pas; il est assis au bord du chemin, il n’est même pas sur le chemin; et il mendie. A la fin, non seulement il voit mais aussi il est sur le chemin et il marche à la suite de Jésus. Il est devenu un disciple. Entre le début et la fin de ce parcours, Bartimée a vécu une expérience de conversion, une transformation, qui comprend plusieurs étapes. C’est vraiment un itinéraire spirituel qui peut ressembler aux nôtres, sur nos propres chemins.

D’abord, quand il est assis au bord du chemin, même s’il ne voit pas et ne bouge pas, il fait déjà quelque chose: il crie, il implore. Au moins il peut faire cela. Il y a déjà en lui une quête et un intérêt pour Jésus. Il fait appel à la compassion de Jésus. Mais sa quête de guérison rencontre des obstacles: beaucoup le rabrouent pour qu’il se taise. Devant cette adversité, il ne se laisse pas arrêter: il continue de crier, il insiste. Son désir le pousse du dedans, malgré le mur de silence que certains veulent bâtir entre lui et Jésus.

Son effort finalement n’est pas vain. Jésus l’entend et demande aux gens de l’appeler. Alors ces gens appellent l’aveugle, ils lui disent: «Aie confiance, lève-toi, Jésus t’appelle.» Cela est magnifique et dit bien que, pour aller à Jésus, nous avons besoin que d’autres nous appellent à la confiance et nous soutiennent. Notre propre force ne suffit pas. Nous avons besoin que des gens nous disent: «Jésus a entendu ton cri, il s’intéresse à toi; ne reste pas assis, passif et résigné à ta petite vie; reprends confiance, tiens-toi debout, tu n’es pas abandonné.» Jésus passe par ces relais, ces médiateurs, pour venir nous toucher. De même, à notre tour, nous pouvons devenir pour d’autres ces voix qui les appellent à la confiance et à se lever, à sortir de leur aveuglement et de leur défaitisme.

Mais il ne suffit pas d’entendre cet appel. Il faut ensuite agir nous-mêmes, faire notre part. C’est ce que fait Bartimée: il se lève avec élan et il va vers Jésus. Personne ne peut faire à sa place, à notre place, ce geste décisif de nous lever pour aller vers Jésus. L’énergie est revenue, Bartimée bondit, ou plutôt rebondit. Il est maintenant en mouvement. Mais il a fallu les étapes précédentes pour qu’il ose enfin bouger les pieds et se mettre sur le chemin, celui d’une vie nouvelle.

Puis vient le moment de la rencontre personnelle entre Jésus et Bartimée, avec son dialogue et sa guérison, où confiance, salut et transformation du regard sont liés. «Ta foi t’a sauvé»: ta confiance t’a rendu libre, elle t’a remis debout. Et Jésus appelle à nouveau Bartimée mais pour un envoi: «Va», maintenant regarde et marche par toi-même, poursuis ta route, elle ne fait que commencer.

Après ce moment de rencontre, Bartimée voit: ce sont les yeux de la foi qui se sont ouverts à la suite de cette démarche et maintenant il peut suivre Jésus sur le chemin, celui de la mission, celui qui mène à Jérusalem et à la pâque. Chemin de rencontres, de recherches, de conflits, chemin qui demande liberté du coeur et courage, chemin où l’expérience croyante, espérante et aimante nous fait avancer plus loin, jusqu’au bout.

Cette histoire de Bartimée, c’est aussi celle de tarit de gens et c’est la nôtre, sur nos chemins, où que nous soyons rendus. Nous pouvons nous retrouver à l’une ou l’autre étape du parcours, criant au bord du chemin ou bondissant vers Jésus. Nous ne sommes jamais en dehors du récit et de son itinéraire, appelés à voir et à marcher sur un chemin de conversion.

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