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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

18e Dimanche du temps ordinaire. Année B.

Imprimer Par Daniel Cadrin

En quête de pain

La foule s’était aperçue que Jésus n’était pas là, ni ses disciples non plus. Alors les gens prirent les barques et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus. L’ayant trouvé sur l’autre rive, ils lui dirent : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés. Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son empreinte. » Ils lui dirent alors : « Que faut-il faire pour travailler aux oeuvres de Dieu ? » Jésus leur répondit : « L’oeuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » Ils lui dirent alors : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle oeuvre vas-tu faire ? Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit l’Écriture : Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. » Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous de ce pain-là, toujours. » Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif.

COMMENTAIRE

En ce dimanche, comme dans le précédent et dans ceux qui suivront, nous poursuivons la réflexion sur Jésus, pain de vie, avec le sixième chapitre de Jean. Nous pouvons lire le dialogue d’aujourd’hui comme une quête spirituelle, avec ses étapes, ses blocages et ses appels à aller plus loin.

Les gens sont en recherche de Jésus. Jean nous montre une foule qui se déplace pour le trouver et lui parler et Jésus lui-même qui est en mouvement. Autour de Jésus absent, puis rencontré, commence le cheminement.

Ils ont plusieurs questions à lui poser, portant d’abord sur le quand, puis sur le faire. Elles sont concrètes et attendent une réponse claire et pratique. Mais Jésus y répond de façon déconcertante. Il opère des déplacements dans les motifs et les enjeux de cette quête.

Tout d’abord, il met en question leur lecture du signe accompli (les pains multipliés). Ils le lisent en fonction des intérêts immédiats qu’ils peuvent en retirer. Jésus les invite à un regard plus religieux, à chercher cette nourriture qui est un don venant de Dieu et qui est source de vie éternelle. Et cette recherche est un travail, elle demande un engagement personnel et non seulement la consommation de biens même spirituels.

Les gens entrent dans ce déplacement et l’interrogent sur ce travail, cette œuvre à faire. Jésus alors opère un second déplacement plus radical. L’enjeu premier est de croire. Il ne s’agit pas de la foi au sens général, un mot que Jean n’emploie jamais, mais de croire, un verbe actif demandant un sujet personnel pour que le verbe tienne et soit vivant. Il s’agit de croire en celui que Dieu a envoyé. Ce n’est pas un travail extérieur à soi mais un acte éminemment personnel; la personne est toujours incluse dans sa réponse : je croix, nous croyons, …

Les gens reviennent alors au besoin de signes évidents : voir, et ensuite croire. Leurs questions cette fois-ci incluent les Écritures, elles se donnent un fondement solide dans l’expérience religieuse de l’Exode : Dieu a donné la manne au désert. Quelle manne nous donneras-tu?

En partant de ces éléments, Jésus à nouveau invite à aller plus loin. Il ramène à l’essentiel : la source de tout don est le Dieu vivant, de la pâque avec Moïse à celle avec Jésus. Et le pain donné, finalement, n’est pas un objet à recevoir ou acquérir ou un vague symbole : c’est Quelqu’un, Jésus lui-même, le pain de vie. La quête débouche sur l’accueil d’une personne, de façon plus profonde. Et Jésus termine en invitant à venir à lui et à croire en lui.

De la recherche plus immédiate d’une personne qui fait des miracles ou d’avantages à obtenir en se tenant autour de lui, la quête s’est déplacée : elle est devenue plus centrée sur le signe comme tel. Ultimement, les gens sont acculés à se situer par rapport à la personne de Jésus. C’est d’ailleurs ce que fait chaque Évangile, pour ses lecteurs, nous inclus.

La partie précédente du chapitre six nous avait conduits en montagne et en mer. Aujourd’hui, c’est le désert qui est évoqué, le lieu par excellence de la quête spirituelle, avec ses errances et ses déplacements, ses soifs et ses oasis. Jean nous rappelle que nous pouvons y trouver une source de vie qui comble : nous pouvons y rencontrer Quelqu’un qui nous y appelle et nous y attend, avec ses dons.

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