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Patristique,

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Patristique

Quatrième homélie sur saint Paul (2)

Imprimer Par Jean Chrysostome

DANS LA FAIBLESSE DE PAUL ET DE SES AUDITEURS…

5.Voilà un homme qui se tenait sur la place du marché, pour y pratiquer le travail du cuir, et il a eu le pouvoir de ramener Romains, Perses, Indiens, Scythes, Éthiopiens, Sar­mates, Parthes, Μèdes, Sarrazins, bref toute l’humanité, à la vérité, et tout cela en moins de trente ans. Comment expli­quer, dites-moi, qu’un artisan du marché, rivé à son atelier, habitué à manier le tranchet, ait pu être un pareil maître de sagesse, et avec une telle influence sur les gens, les peuples, les cités, les divers pays, sans manifester la moindre science oratoire, au contraire, avec la plus grande ignorance, et igno­rant en ce domaine il l’était ! Écoutez-le donc, quand il dit sans aucune honte : « Si je suis sans formation particulière pour l’éloquence, il n’en est pas de même pour la science. » (2 Co 11, 6) Et il n’avait aucun bien personnel, il l’avoue lui-même : « Jusqu’à présent, nous souffrons la faim et la soif, la nudité et les mauvais traitements. » (1 Co 4, 11) Et quand je parle de biens personnels, je devrais plutôt dire, tout sim­plement qu’il n’avait même pas le nécessaire pour se nourrir, bien souvent, ni de quoi se couvrir. Que son métier n’ait rien eu pour en faire quelqu’un en vue, c’est ce que prouve son disciple quand il donne ce détail : « Il demeurait chez Aqui­las et Priscille, car leur métier était le sien ; ils fabriquaient des tentes.» (Ac 18, 3) Et ce n’est pas non plus son ascen­dance qui le distinguait : aurait-il, sinon, exercé ce métier-là ? Ni la patrie, ni la race à laquelle il appartenait.
6.
Eh bien, malgré cela, il n’eut qu’à paraître, qu’à s’avancer, pour jeter le trouble, totalement, chez ses ennemis, pour y semer une entière confusion ; on aurait dit du feu tombant sur la paille οu le foin : il réduisit en cendres les positions des démons, il métamorphosa tout à son gré.
Que faut-il admirer? De le voir, avec si peu d’atouts, manifester une telle puissance, oui ; mais il y a aussi ses disciples, pour la plupart des gens pauvres, que rien ne distin­guait, sans instruction, des gens qui ne mangeaient pas à leur faim, obscurs et d’origine obscure. Il le fait savoir lui-même à qui le veut, et il n’a aucune honte de leur pauvreté, encore moins de réclamer des secours pour eux : « Je vais à Jérusa­lem, porter des secours aux saints. » (Rm 15, 25) Autre témoi­gnage en ce sens: « Que chaque premier jour de la semaine, chacun mette de côté chez lui cc qu’il aura épargné, et ainsi on n’attendra pas mon arrivée pour recueillir les dons.» (1 Co 16 2) Ce qui prouve que la plupart de ses disciples étaient des gens que rien du tout ne distinguait, c’est ce passage d’une lettre aux Corinthiens : « Considérez l’appel dont vous êtes l’objet : il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de gens bien nés. » (1 Co 1, 26) Et non seulement ils ne sont pas issus de grands milieux, mais il s’agit de gens tout à fait humbles. « Ce qu’il y a de faible dans le monde, c’est cela que Dieu a choisi, ce qui n’est pas, pour réduire à rien ce qui est. » (1 Co 1 27-28) Bon, direz-vous, voilà quelqu’un sans instruction, voilà un homme du commun, mais enfin, il avait bien, à un certain degré au moins, le talent de persuader? « Pour moi, je ne suis pas venu vous annoncer le témoignage de Dieu avec le prestige de la parole ou de la sagesse. Je n’ai rien voulu savoir, si ce n’est Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. Ma parole et mon message n’ont rien des discours persuasifs de la sagesse. (1 Co 2 1, 2, 4) Le message qu’il proclamait suffisait à aimanter les gens. Écoutez-le lui-même à ce sujet : « Tandis que les Juifs réclament des signes et que les Grecs cherchent la sagesse, nous, nous annonçons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les Grecs. » (1 Co 1 22-23) Mais il avait au moins, direz-vous, toute tranquillité pour sa prédication ? Non pas! Il ne respira jamais à l’abri des dangers : ι Oui, je me suis présenté à vous faible, craintif et tout rempli de crainte.» (1 Co 2 3)

Tel était son lot, mais il était le même pour ses disciples aussi. «Rappelez-vous, dit-il, ces premiers jours où vous avez été illuminés pour connaître, après, un grand assaut de souf­frances; tantôt vous étiez exposés en public aux opprobres et aux vexations, tantôt vous vous faisiez solidaires de ceux qui étaient ainsi traités. Vous avez accueilli avec joie la spo­liation de vos biens. » (He 10, 32-34) Et voici ce qu’il dit aux Thessaloniciens, cette fois : « Vous avez subi de la part de vos compatriotes exactement ce que nous avons subi nous-mêmes de la part des Juifs : ils ont mis à mort le Seigneur, ont persécuté leurs prophètes et nous ensuite ; ils ne plaisent pas à Dieu et sont les ennemis de tous.» (1 Th 2 14-15) Et aux Corinthiens il écrivait encore : « Les souffrances du Christ abondent pour nous, et de même que vous partagez les souffrances, de même vous êtes associés à la consola­tion » (2 Co 1 5) ; et aux Galates : «Est-ce en vain que vous avez tant souffert, s’il est vrai que vous avez pu souffrir en vain ? » (Ga 3 4)

Eh bien ! voilà un homme qui proclame le message, et il est pauvre, c’est un homme du commun, et son message n’a rien pour séduire, et tout pour scandaliser; voilà des auditeurs qui sont des gens pauvres, eux aussi, et de pauvres gens, des gens de rien ; voilà que les dangers succèdent conti­nuellement aux dangers, s’abattant sur les maîtres, s’abattant sur les disciples; voilà que l’homme que l’on annonce est un crucifié : qu’est-ce qui a pu donc susciter le triomphe? N’est-il pas évident que c’est une puissance divine et inef­fable ? Mais c’est évident pour chacun.

… ÉCLATE LA PUISSANCE DU CRUCIFIÉ

6.Tenez, réfléchissez à ce que Paul avait en face de lui, et vous le comprendrez parfaitement. Face à lui, c’est la situation inverse, et sur toute la ligne : on a la richesse, on est d’un grand milieu, d’un pays puissant, on possède les ressources de la rhétorique, une complète liberté d’action, une nuée de gens à vos ordres ; on a vite fait d’étouffer toute tentative d’ouvrir des voies nouvelles. Et malgré ces avantages, on doit s’incliner devant les autres, partis d’une situa­tion inverse : alors, dites-moi, comment expliquer cela? Imaginez un cas analogue : avec plusieurs corps d’armée, tout un armement, des troupes bien rangées en bataille, un roi est incapable de triompher des armées étrangères ; et voici qu’un homme misérable, sans aucun équipement, seul, n’ayant pas le moindre javelot, pas même un vêtement, n’a qu’à se présenter pour réussir là οù les autres avaient échoué avec tout leur armement, tout leur dispositif.

Alors, renoncez à votre erreur, donnez, sans faillir un seul jour, tous vos suffrages au crucifié, adorez sa puissance. Car enfin, un général exécute tout un plan autour de plusieurs cités, les entoure de fossés, amène des engins de siège près des remparts, fait couler des armes, enrôle des troupes, en disposant pour tout cela de ressources financières immenses, et il ne parvient pas à en faire tomber une seule ; et un homme se lance à l’attaque, sans aucune arme sur lui, il fait usage seulement de ses mains, et il se porte non pas contre une cité, οu deux, ni contre vingt, mais contre cent, contre mille, sur toute la terre, et il s’en empare avec tous leurs habitants ; il ne vous viendrait même pas à l’esprit de dire que c’est l’oeuνre d’une force humaine. Et c’est bien la même évidence qui s’impose aujourd’hui.

Pourquoi Dieu a-t-il permis que des brigands soient mis en croix avec le Christ, οu qu’avant lui se soient signalés tels οu tels imposteurs? Pour que nous ayons des termes de comparaison, et qu’ainsi la suprématie de la vérité apparaisse aux yeux des moins clairvoyants, que l’on ne voie plus en lui un brigand, un imposteur de plus, mais que l’on comprenne la distance infinie qui l’en sépare. Car rien n’a pu porter le moindre ombrage à sa gloire, ni le fait de partager les mêmes traitements que les brigands, ni l’apparition, la même époque, de ces imposteurs. Dites, en effet, que c’est la croix et non la puissance du crucifié qui a été l’auteur du triomphe ; les tenants de Theudas et de Judas sont là pour fournir une réfutation : leurs objectifs étaient les mêmes que les nôtres, des signes ont accompagné leur action, et ils étaient nombreux, mais ils ont été anéantis.

Je vous le répète, si Dieu a permis tout cela, c’est pour montrer surabondamment ce qui est sa marque propre. Il a permis que des faux prophètes se signalent à la même époque que les prophètes, que des faux apôtres se mani­festent en même temps que les apôtres, pour vous apprendre que rien de ce qui vient de lui ne peut recevoir ombrage de quoi que ce soit.

LE MONDE ANTIQUE DRESSÉ CONTRE LES CHRÉTIENS

7.Dois-je montrer par un autre biais la force étonnante, incroyable, qui était à l’œuvre dans cette prédication, dois-je vous apporter aussi la preuve que ses adversaires eux-mêmes ont contribué à son essor, à sa diffusion? Paul avait des ennemis qui prêchaient la foi dans Rome pour mettre le comble à la colère de Néron qui menait la lutte contre lui : ils se chargent de prêcher, eux aussi, pour élargir l’audience de la Parole et accroître le nombre des disciples, et pousser à bout la fureur du prince, rendre le fauve tout à fait féroce, en un mot. C’est ce qu’il affirme dans sa lettre aux Philip­piens : « Je désire que vous le sachiez, frères : mon affaire a plutôt tourné au profit de l’Évangile; la plupart des frères, enhardis à cause de mes chaînes, redoublent d’intrépidité pour répandre sans crainte la Parole. Certes, il y en a qui le font par malveillance, pour susciter des querelles, mais d’autres le font par complaisance, vraiment. Les uns, c’est par esprit d’intrigue, dans une intention qui n’a rien de pur, en croyant aggraver le poids de mes chaînes; les autres par amour, sachant que je suis là pour défendre l’Évangile. Mais après tout qu’importe? D’une manière οu de l’autre, pour de mauvaises raisons οu dans un esprit de vérité, le Christ est annoncé. » (Ph 1 12 et 14-18)

Vous avez vu qu’ils étaient nombreux à prêcher pour des raisons de basse intrigue. Eh bien, cela n’a pas empêché la Parole de s’imposer, et elle l’a fait grâce même à ses adversaires !

Ah ! des obstacles par ailleurs, il n’en manquait pas ! Ainsi, les lois en vigueur alors n’étaient certes pas des auxi­liaires, mais elles étaίent même un élément d’opposition, elles entretenaient la guerre, et il y avait aussi la perversité et l’ignorance des calomniateurs, qui répétaient : «lls ont un roi, ce Christ. » lis n’avaient pas idée de la royauté d’en haut, cette royauté qui doit inspirer une crainte sacrée, cette royauté sans bornes; alléguant que les Apôtres s’effor­çaient d’établir un empire sur toute la terre, ils se répan­daient en calomnies contre eux, et c’était la lutte, menée sur un front commun, et par chacun de ces ennemis individuellement; d’un côté, du point de vue de l’État, on prétendait que le régime établi allait être emporté, et que les lois étaient bouleversées ; au plan privé, que chaque famille était déchirée et se désagrégeait : ne voyait-on pas le père faire la guerre à son fils, le fils renier le père, les femmes leur mari, et les maris leur femme, les filles renier leur mère et chacun d’autres gens de sa parenté, les amis renier les amis, en une espèce de guerre aux mille visages, aux mille formes, qui gagnait les familles? Les membres en étaient divisés, les assemblées de notables troublées, les tribunaux plongés dans la confusion, comme si les coutumes ancestrales étaient en train d’être ruinées, les fêtes et le culte des dieux ruinés eux aussi, en bref, tout ce que les anciens législateurs avaient tenu à voir conservé avec une particulière vigilance, avant tout autre chose. Ajoutez à cela les soupçons chez les empereurs, qui faisaient pourchasser les chrétiens en tous lieux.

Et qu’on ne vienne pas dire que les difficultés étaient bornées aux pays de culture grecque, tandis que les Juifs, eux, assuraient la paix! Car les Juifs étaient précisément beaucoup plus mal disposés : n’allaient-ils pas, eux, jusqu’à les accuser de détruire les fondements de leur propre société ? « Ils ne cessent pas, disaient-ils de proférer des paroles de blasphème contre le lieu saint et contre la loi» (Ac 6 13).

PAUL A MAITRISÉ CE GIGANTESQUE DÉCHAINEMENT. AVEC QUELLES FORCES?

8.Alors, tandis que le feu se met partout, que l’incendie éclate dans les familles, dans les cités, dans les campagnes, dans les déserts, qu’il éclate chez les Grecs comme chez les Juifs, chez les princes comme chez les sujets, chez les parents proches aussi bien, tandis que la mer prend feu, que la terre prend feu, que les rois s’enflamment et que la fureur s’exaspère mutuellement, que la rage est pire que celle qui anime les fauves, voici que notre bienheureux Paul bondit dans cette gigantesque fournaise, se dresse au milieu des loups, et on a beau l’attaquer de tous côtés, non seule­ment il ne se laisse pas écraser sous les coups, mais il ramène tout ce monde dans la voie de la vérité.

Dois-je vous parler, après cela, d’autres combats, les plus difficiles ? Le combat contre les faux apôtres, et celui qui lui faisait le plus mal, le combat contre la faiblesse de ses disciples : oui, nombreux étaient les fidèles qui se laissaient gâter. Et Paul, là aussi, résiste.

Mais avec quoi? Avec quelles forces? « Nos armes, dit-il, n’ont rien à voir avec l’ordre de la chair, mais elles sont capables, pour la cause de Dieu, de renverser les forteresses, car nous renversons les sophismes et toute puissance orgueil­leusement dressée contre la connaissance de Dieu.» (2 Co 10 4-5)

Voilà qui modifiait tout, voilà qui donnait une tournure différente à toutes les vicissitudes. Voyez le feu qui prend, il rogne peu à peu les épines, elles se recroquevillent, dis­paraissent sous l’action de la flamme, et voilà les champs purifiés ; eh bien, il suffisait que les mots sortent de la bouche de Paul, et plus impétueusement qu’une flamme, pour que tout cède, pour que tout disparaisse devant lui, cultes des divinités, fêtes, grands rassemblements religieux, coutumes ancestrales, lois corruptrices, passions collectives, menaces des princes, complot dans les familles, basses besognes des faux apôtres.

Prenons une meilleure comparaison encore : regardez monter les rayons du soleil, les ténèbres s’enfuient, les bêtes sauvages s’enfoncent et se cachent dans leurs tanières pour tout le reste du jour, les bandits s’éloignent, et prompte­ment, les assassins rentrent au plus vite dans leurs cavernes, les pirates disparaissent, et les pilleurs de tombes se retirent, tandis que les débauchés, les voleurs et les cambrioleurs, craignant que la lumière du soleil ne les accuse, s’éva­nouissent au loin ; tout devient clair et lumineux, la terre, la mer, car les rayons qui montent répandent partout leur éclat, sur les eaux des océans et sur les montagnes, sur les campagnes et sur les villes. Eh bien, quand le message fut proclamé par le héraut, quand Paul le répandit en tous lieux, on vit l’erreur s’enfuir, et la vérité faire à nouveau son chemin : graisses et fumées des sacrifices, cymbales et tambou­rins, beuveries et orgies, fornications et adultères, et tout le reste, qu’on n’ose même pas nommer, tout ce qui était perpétré dans les sanctuaires des idoles, tout cela prit fin, tout se consuma, comme la cire sous l’action du feu se liqué­fie, tout fut comme de la paille dévorée par le feu ; on vit au contraire la flamme lumineuse de la vérité monter resplen­dissante et gagner les hauteurs du ciel même, et tout ce qui devait entraver son essor ne faisait qu’ajouter à son élan, tout ce qui devait couper sa route ne faisait qu’ajouter à sa force; les périls n’arrivaient pas à en suspendre le mouve­ment impétueux, irrésistible, pas plus que la tyrannie des pratiques anciennes, pas plus que la puissance des coutumes et des lois ancestrales ou que la difficulté de faire admettre par les lois les implications de l’enseignement divin; non rien n’avait plus aucun poids.

Je voudrais vous faire comprendre toute la force du phénomène qui a joué alors. Menacez les païens, je ne dis pas des périls, de la mort sous une forme οu une autre, ni de la faim, mais seulement d’une légère amende, vous les verrez sur-le-champ retourner leur conviction; mais chez nous, rien d’un tel comportement : on avait beau mutiler, assassiner les nôtres, leur faire la guerre en tous lieux, et mener cette guerre de mille manières, leur conviction s’épa­nouissait de plus en plus.

Oh! il n’est pas la peine de mentionner les païens de notre époque, gens vils et bien méprisables ! Non, prenons l’exemple des païens de jadis, ceux que l’on admirait, ceux qui ont arraché des cris d’enthousiasme pour leur philo­sophie, un Platon, un Pythagore, le philosophe de Clazo­mènes, et quantité d’autres de la même taille, et vous verrez mieux alors la force du message prêché. Après que Socrate eut bu la ciguë, ses disciples, pour une partie d’entre eux, se retirèrent à Mégare, dans la crainte d’avoir le même sort, les autres durent abandοnner leur patrie et la liberté, et mise à part une femme, une seule, ils n’eurent d’ascendant sur personne d’autre. Quant au philosophe de Cittium, malgré les écrits de philosophie politique qu’il laissa, il connut le même effacement de son influence. Et pourtant ils n’avaient rien eu pour entraver leur route, aucun danger ne les avait arrêtés, ils n’étaient pas des gens sans talent, ils excellaient à manier le langage, l’argent ne leur avait pas manqué, et ils étaient d’un pays qui jouissait d’une renom­mée universelle : eh bien, avec cela, ils n’eurent aucun résultat.

Voilà qui est bien caractéristique de l’erreur : sans que rien la trouble, elle se dissipe; et voilà qui caractérise la vérité : elle a beau être attaquée de bien des côtés, elle pour­suit son expansion. La simple réalité des faits suffit à le proclamer : paroles et discours sont inutiles, la terre entière fait entendre sa voix, et tous les points du monde, cités et campagnes, continents et mers, contrées habitées, contrées désertes, sommets des montagnes. Car Dieu n’a pas laissé les déserts à l’écart de la dispensation de sa générosité, il les a comblés, eux aussi, de tous les biens qu’il nous a apportés en venant du ciel, et cela par la bouche de Paul, et par la grâce qui résidait en lui. Et cette grâce a resplendi, surabondante, en lui, parce qu’il avait, d’abord, manifesté un dynamisme qui l’en avait rendu digne, et c’est ainsi que la plus grande partie des merveilles que j’ai exposées est due à sa parole.

Alors si Dieu a fait cet honneur au genre humain d’esti­mer l’un de ses membres digne de produire tant de grandes choses, soyons pleins d’émulation, attachons-nous à l’imiter, efforçons-nous de nous rendre semblables à lui, nous aussi, et n’allons pas croire que c’est irréalisable. Ah ! je ne ces­serai pas de le répéter, comme je l’ai déjà fait : il avait un corps exactement comme le nôtre, il se nourrissait comme nous, son âme était exactement comme la nôtre ; mais, voilà, sa volonté était grande, et son dynamisme éclatant, et c’est ce qui l’a rendu tel que nous le voyons.

Alors pas de découragement, pas de laisser-aller ! Prenez les dispositions d’esprit requises, et rien ne vous empêchera de recevoir la même grâce. Car Dieu ne fait pas acception des personnes : c’est lui qui l’a formé, et c’est encore lui qui vous attire; il a été son Seigneur, et il est aussi bien le vôtre ; il a fait retentir le nom de Paul, et il cherche à vous couronner, vous aussi. Présentons humblement nos personnes à Dieu, purifions-nous, afin de recevoir, à notre tour, le même don surabondant et d’obtenir les mêmes biens, avec la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire et la puissance, maintenant et à jamais et pour les siècles des siècles. Amen.

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