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Cinéma d'aujourd'hui,

Responsable de la chronique : Gilles Leblanc
Cinéma d'aujourd'hui

De la suite dans les idées : FAUBOURG 36 et LES CITRONNIERS

Imprimer Par Gilles Leblanc

Au cinéma, il est intéressant d’observer le parcours de réalisateurs, tels Eran Riklis qui se préoccupe du conflit israélo-palestinien et Chritopher Barratier qui aime donner beaucoup de place au chant et à la musique. Arrêtons-nous à leur plus récente production qui s’inscrit dans la suite de leur film précédent.

FAUBOURG 36

Quatre ans après l’immense succès des CHORISTES, Christopher Barratier revient avec un nouveau film d’époque porté par la musique, dans lequel il pose un regard étonnamment désenchanté sur les années du Front Populaire de Léon Blum. De fait, FAUBOURG 36 baigne dans un climat de morosité et de suspicion, la montée du fascisme, la libido exacerbée des uns et les rêves d’ascension des autres favorisant les trahisons à répétition au sein d’un petit monde néanmoins uni par l’amour du spectacle.

En 1936, l’élection du Front Populaire ravive tous les espoirs du peuple français. Pourtant, c’est la dèche chez Pigoil, régisseur au chômage depuis la fermeture du Chansonia, music-hall de son quartier acquis sous la menace par le caïd Galapiat. Après une période d’abattement marquée par des excès d’alcool, puis par la perte de la garde de son gamin, Pigoil se reprend en main.

Avec l’aide du comique Jacky Jacquet et de l’éclairagiste Émile Leibovich, militant socialiste juif, le régisseur occupe le Chansonia, dans le dessein de le rouvrir. Placé devant le fait accompli, Galapiat fait mine de consentir et impose à la troupe sa nouvelle protégée, Douce, dont la voix exceptionnelle assure un vif succès au Chansonia. Mais les choses s’enveniment lorsqu’Émile s’éprend de la jeune femme.

Touffu, parfois longuet, le film n’évite pas non plus les accès mélodramatiques, tandis que certains développements s’avèrent prévisibles et convenus, tels ceux illustrant les tribulations familiales du régisseur et le triangle amoureux entre le mafieux manipulateur, la belle ambitieuse et le voyou au grand cœur. De plus, les chansons originales, qui reprennent souvent la manière et le langage populaire des succès d’Édith Piaf, ne sont guère mémorables. Toutefois, la réalisation est assurée et profite d’une reconstitution d’époque agréablement stylisée et colorée, façon Amélie Poulain. Enfin, l’interprétation, dominée par Gérard Jugnot et la nouvelle venue Nora Arnezeder, est très sympathique.

LES CITRONNIERS

Quatre ans après LA FIANCÉE SYRIENNE, l’israélien Eran Riklis poursuit son étude des remous qui affligent le Moyen-Orient. Le conflit israélo-palestinien est ici cristallisé autour d’une plantation de citronniers sur le point d’être rasée, métaphore absurde de l’obsession sécuritaire.

En Cisjordanie, Salma, veuve palestinienne, voit d’un mauvais œil débarquer ses nouveaux voisins: le ministre israélien de la Défense et son épouse Mira. Leur résidence, qui jouxte la frontière, se trouve en face de la plantation de citronniers de Salma. Conséquemment à cette situation, les services militaires décrètent qu’il faut la raser par mesure de protection pour le ministre. Craignant de perdre son moyen de subsistance et l’héritage de son père, Salma se rend jusqu’en cour suprême pour faire valoir ses droits, appuyée par Ziad, un jeune avocat séduit par sa beauté et son courage. Tandis que l’affaire prend une ampleur internationale, Mira, malheureuse auprès de son époux, s’affiche de plus en plus solidaire du combat de Salma, lequel est d’ailleurs loin d’être gagné.

La mise en scène retenue, articulée avec finesse et en échappées poétiques, illustre habilement les effets de cette paranoïa sur le quotidien de divers personnages distribués des deux côtés de la frontière, cette dernière servant de miroir aux deux héroïnes féminines, qui s’émanciperont chacune à sa façon. Leurs destins s’enchevêtrent d’ailleurs avec une grande fluidité dans le récit complexe et humaniste qui multiplie les considérations familiales et sentimentales sans se répandre en explications inutiles.

Dans le rôle de Salma, l’actrice palestinienne Hiam Abbass offre une prestation remarquable qui contribue largement à la réussite de ce plaidoyer pour la tolérance et le dialogue.

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