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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

26e Dimanche du temps ordinaire. Année A.

Imprimer Par Daniel Cadrin

Il y a tant à faire

Jésus disait aux chefs des prêtres et aux anciens : « Que pensez-vous de ceci ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : ‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à ma vigne.’ Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’ Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. Abordant le second, le père lui dit la même chose. Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’ et il n’y alla pas.
Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier ». Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean Baptiste est venu à vous, vivant selon la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; tandis que les publicains et les prostituées y ont cru. Mais vous, même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas repentis pour croire à sa parole.

Commentaire :

Nos agendas se remplissent vite. Les sollicitations, demandes et invitations, venant de visages connus et de figures anonymes, attendent notre réponse. Avec le courriel, l’immédiateté de la demande semble requérir une réponse aussi rapide! Participer à la réunion d’un comité, visiter un malade, assister à une conférence, aller à une fête de famille, donner un témoignage, se rendre à un rendez-vous médical, aider quelqu’un à déménager, chanter dans la chorale, téléphoner à un ami isolé, rédiger un article, remplir un formulaire d’abonnement …. Sans compter ce que nous demandons de nous-mêmes : une marche quotidienne à prendre, des lectures et émissions à ne pas manquer, une attention soutenue à chaque personne rencontrée, un vrai temps de méditation à assurer, un ménage dans nos fichiers, …

Évidemment, en pratique, nous ne répondons pas à plusieurs de ces demandes. Ou alors nous répondons oui par habitude, pour faire plaisir, ou parce que vraiment nous prévoyons nous engager. Ou encore nous répondons non, sans trop y penser, ou pour calmer notre thérapeute intérieur qui a bien insisté sur l’affirmation de notre autonomie. De plus, quelque résidu de bon sens nous porte à admettre qu’il n’est pas possible dans le temps de répondre à toutes ces demandes. Un choix doit être fait, distinguant l’important de l’urgent. Mais ensuite, que faire? Si le temps est notre bien le plus précieux, sa gestion demeure une tâche impossible, incessante, qui de plus nous prend de ce temps si précieux!

Nous pouvons facilement nous reconnaître dans les deux fils de la parabole, propre à Matthieu. Le premier dit non à la demande du père. On le comprend. Il risque de manquer un festin où sera servi l’agneau si doux, sa blonde arrive demain matin, il doit pratiquer son grec, l’entrée n’est pas pelletée… Alors, la vigne peut attendre. Mais finalement, il y va. Qu’est-ce qui l’a amené à modifier ses prévisions? Peut-être a-t-il réussi à mettre en pratique la distinction entre l’important et l’urgent; ou la vigne est à la fois importante et urgente. Et son père a peut-être vraiment besoin de lui. Le texte nous dit que ce fils s’est repenti, c’est-à-dire il s’est converti. Son horizon s’est transformé : il ne voit plus le monde de la même manière et il agit en conséquence.

Le deuxième fils répond oui à la demande du père. Nous le comprenons : c’est ce que nous faisons si souvent, et sincèrement. Mais voilà que tout un ensemble de circonstances l’ont empêché de se rendre à la vigne : la circulation était bloquée, il a été invité soudainement à un festin d’agneau, il voulait rencontrer la blonde de son frère, on annonce une tempête, …. Et puis, son père n’a pas vraiment besoin de lui. Et cette vigne n’est pas si urgente que cela; elle est importante, sûrement, mais l’important peut toujours attendre.

La parabole est encadrée par deux questions de Jésus (v.28.31), qui s’adresse directement à ses auditeurs : Que pensez-vous de ceci? Qui a fait la volonté du père? Il ne s’agit pas seulement d’entendre la parabole; elle aussi sollicite une réponse personnelle. Les auditeurs donnent d’ailleurs la bonne réponse, même si cela ne suffit pas. Puis (v.31) Jésus fait une application de la parabole à la situation et aux personnes du milieu ambiant; cette petite histoire se passe aujourd’hui. Enfin (v. 32), il explicite sa réflexion. Or les auditeurs de Jésus sont ici les grands-prêtres et les anciens, des personnages impressionnants et puissants. Ils font partie de la parabole : ils sont comme le deuxième fils, celui du oui qui n’agit pas, alors que les publicains et prostituées, figures sociales marginales, sont comme le premier fils, celui du non qui s’engage.

Dans ce récit, Jésus parle d’enjeux religieux : il est question de vigne, une symbolique majeure dans les Écritures qui évoque le peuple et la mission; de faire, un verbe central en Matthieu (cf. Mt 7,21; 25, 40). Il est question de conversion et de croire à la parole. La justice et le Royaume sont évoqués.

Les questions de Jésus s’adressent aussi à nous. Nous pouvons poursuivre l’actualisation de cette parabole. Elle peut au moins nous inviter à réfléchir sur nos listes de demandes, auxquelles nous avons dit oui ou non, qu’importe. Parmi celles-ci, laquelle actuellement requiert de ma part une réponse active, parce que des enjeux cruciaux y sont présents, auxquels je tiens ou que je veux approfondir? Malgré son apparence ordinaire, laquelle de ces sollicitations vient toucher ma mission personnelle, me demande une sorte de conversion et de croire à la Parole? Évidemment, une fois cette priorité identifiée avec justesse, il me reste encore à faire….

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