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Méditation chrétienne

Le feu divin dans l’âme humaine (Oraison XXII)

Imprimer Par Catherine de Sienne

Catherine Benincasa naquit dans une famille de teinturiers. Elle se consacra très jeune à Dieu. À l’âge de quinze ans, elle entra chez les sœurs de la Pénitence de saint Dominique (tiers ordre). Auteur mystique (le Dialogue, les Oraisons), elle intervint publiquement dans la vie de l’Église en demandant au pape Grégoire XI de quitter Avignon pour Rome, puis en luttant pour mettre fin au grand schisme d’occident. Elle fut proclamée docteur de l’Église en 1970 et co-patronne de l’Europe en 1999.

Déité éternelle, ô haute éternelle Déité, ô suprême et éternel Père, ô feu qui sans cesse brûle ! Toi Père éternel, haute éternelle Trinité, tu es feu inestimable de charité. Ô Déité, Déité, qui manifeste ta bonté et ta grandeur ? Le don que tu as donné à l’homme. Et quel don lui as-tu donné ? Tout Toi Dieu, Trinité éternelle. En quoi t’es-tu à lui donné ? Dans l’étable de notre humanité qui était vraiment faite étable, réceptacle d’animaux, c’est-à-dire des péchés mortels pour montrer à quoi était arrivé l’homme par la faute, et alors tu t’es donné tout toi Dieu te conformant à notre humanité.

Ô Dieu éternel, ô Dieu éternel, tu dis que je regarde en toi, haute et éternelle Déité, et en regardant en toi tu veux que je me connaisse pour que je connaisse mieux ma bassesse par ta hauteur, et ta grandeur par ma bassesse. Mais je vois que si d’abord je ne me dépouille pas de moi-même, de ma volonté perverse, je ne peux te voir, c’est pourquoi tu m’as d’abord donné ta doctrine : il faut que je me dépouille de ma volonté en me connaissant moi, et dans cette connaissance je te trouve et te connais, et par cette connaissance plus parfaitement l’âme se dévêt de soi et se revêt de ta volonté. Alors tu veux qu’elle s’élève avec la lumière pour se connaître elle en toi.

Ô feu qui sans cesse brûle, l’âme qui en toi reconnaît elle-même, où qu’elle se tourne, dans les choses les plus petites, elle trouve ta grandeur, c’est-à-dire dans les créatures et en toutes les choses créées, parce que en toutes elle voit ta puissance, ta sagesse et ta clémence car si tu n’avais pu, su et voulu tu ne les aurais pas créées, mais tu as pu, su et voulu et tu as créé toute chose. Misérable et aveugle mon âme, tu ne t’es jamais connue toi en lui parce que tu ne t’es jamais dévêtue de ta volonté perverse ni revêtue de la sienne.

Et comment veux-tu, très doux amour, que je me regarde en toi ? Veux-tu que je regarde la création que tu m’as donnée à ton image et ressemblance, avec laquelle toi éternelle pureté tu t’es unie à la boue de notre huma¬nité, contraint par le feu de ta charité, feu avec lequel tu t’es encore laissé à nous en nourriture. Et quelle nourriture est-ce ? Nourriture des anges, suprême et éternelle pureté ; c’est pourquoi tu réclames et demandes une telle pureté de la part de l’âme qui te reçoit en ce très doux sacrement que, s’il était possible que la nature angélique se purifie, elle qui n’a pas besoin de purification, il faudrait que pour un tel mystère elle se purifie. Comment l’âme se purifie-t-elle ? Dans le feu de ta charité, et en lavant sa face dans le sang de ton Fils unique. Ô mon âme misérable, comment vas-tu à un tel mystère sans purification ? Honte à toi, digne d’habiter avec les bêtes et avec les démons, parce que toujours tu as agi comme les bêtes et suivi la volonté du démon.

Tu veux. Bonté éternelle, que je regarde en toi et que je voie que tu m’aimes, et que tu m’aimes par grâce, afin que de ce même amour j’aime toute créature douée de raison, donc tu veux que j’aime et serve mon prochain par grâce, c’est-à-dire en subvenant à lui spirituellement et corporellement autant qu’il me soit possible sans aucun souci de ce qui m’est utile ou agréable, et même tu ne veux pas que je m’en éloigne pour cause d’ingratitude et de persécution ou d’infamie que je pourrais recevoir de lui. Que ferais-je donc pour que je le voie ? Je me dévêtirai de mon vêtement fétide et avec la lumière de la très sainte foi je me regarderai en toi et je me vêtirai de ta volonté éternelle, et avec cette lumière je connaîtrai que toi, Vérité éternelle tu es pour nous table, nourriture et serviteur. Toi, Père éternel, de cette table tu nous donnes la nourriture de l’Agneau ton Fils unique. Il est pour nous nourriture très suave, tant par sa doctrine qui nous nourrit de sa volonté, et tant par le sacrement que nous recevons dans la sainte communion, et qui nous nourrit et nous conforte alors que nous sommes pèlerins et voyageurs en cette vie. L’Esprit Saint est pour nous vraiment serviteur puisqu’il nous administre cette doctrine en illuminant l’œil de notre intelligence, et nous inspirant de la suivre, en outre il nous communique la charité du prochain et la faim de la nourriture des âmes et du salut du monde entier, pour ton honneur, à toi, Père. De là, nous voyons que les âmes illuminées en toi, vraie lumière, ne laissent jamais passer un point du temps qu’elles ne mangent cette nourriture suave pour ton honneur.

Amour inestimable, tu montres en toi les nécessités du monde et plus encore de la Sainte Église, et l’amour que tu as pour elle parce qu’elle est fondée sur le sang de ton Fils, qui y est déposé. Et encore tu manifestes l’amour que tu as pour ton vicaire, l’ayant fait ministre de ce sang. Alors je me regarderai en toi afin de devenir pure, et ainsi purifiée je crierai devant ta miséricorde pour que tu diriges l’œil de ta pitié sur les nécessités de ton épouse, et que tu éclaires et fortifies ton vicaire. Éclaire aussi parfaitement tes serviteurs, qu’ils le conseillent droitement et franchement, et dispose-le à suivre la lumière que tu infuseras en eux.

Toi, haute et éternelle sagesse, tu n’as pas placé l’âme seule, mais tu l’as accompagnée des trois puissances, c’est-à-dire : mémoire, intelligence, volonté, et elles sont tellement unies ensemble que ce que l’une veut les autres le suivent. Ainsi si la mémoire se met à voir tes bienfaits et ta bonté sans limite, aussitôt l’intelligence veut les entendre et la volonté aimer et suivre ta volonté. Et parce que tu ne l’as pas placée seule, tu ne veux pas qu’elle soit seule sans l’amour de toi et la dilection de son prochain. Et alors elle est parfaitement unie quand elle est ainsi accompagnée : elle est devenue une chose avec toi et une chose avec son prochain par union d’amour et désir de charité. Et ainsi on peut dire avec les paroles de Paul : « Tous courent mais un seul remporte le prix », c’est-à-dire la charité. Mais quand l’âme est accompagnée de la faute alors elle reste seule parce qu’elle est séparée de toi qui es tout bien : étant séparée de toi elle est séparée de la charité du prochain et elle est accompagnée de la faute qui est néant, et donc, Vérité éternelle, tu montres qu’elle est seule. Peccavi Domino, miserere mei : je n’ai jamais su me connaître moi en toi, mais c’est ta lumière qui fait voir ce que l’on connaît de bien.

Dans ta nature, Déité éternelle, je connaîtrai ma nature. Et quelle est ma nature, amour inestimable ? C’est le feu parce que tu n’es autre que feu d’amour, et c’est de cette nature que tu as donnée à l’homme puisque par feu d’amour tu l’as créé. Et ainsi toutes les autres créatures et toutes les choses créées, tu les as faites par amour. Ô homme ingrat, quelle nature t’a donnée ton Dieu ? Sa nature. Et toi tu n’as pas honte d’ôter de toi une si noble chose, par la faute du péché mortel ?

Ô Trinité éternelle, mon doux amour ! Toi lumière donne-moi la lumière, toi sagesse donne-moi la sagesse, toi suprême force fortifie-moi. Aujourd’hui. Père éternel, que se dissolve notre nuage afin que parfaitement nous connaissions et suivions en vérité ta Vérité d’un cœur pur et libre.

Dieu viens à notre secours, Seigneur hâte-toi de nous aider. Amen.

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