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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

25e Dimanche du temps ordinaire. Année C.

Imprimer Par Jacques Sylvestre

Le coeur de l’Évangile

Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole : « Si l’un de vous a cent brebis et en perd une, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? Quand il l’a retrouvée, tout joyeux, il la prend sur ses épaules, et, de retour chez lui, il réunit ses amis et ses voisins ; il leur dit : ‘Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !’ Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ? Quand elle l’a retrouvée, elle réunit ses amies et ses voisines et leur dit : ‘Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !’ De même, je vous le dis : Il y a de la joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »

Commentaire :
En quoi ce chapitre 15e, peut-il être aux yeux de saint Luc d’actualité pour nous chrétiens d’aujourd’hui ? Faut-il davantage transférer dans le christianisme primitif le problème juif indiqué dans l’introduction ? Les premiers chrétiens auraient-ils réparti leurs coreligionnaires en deux catégories ? Ou bien, faut-il croire qu’au temps de l’évangéliste, une cassure s’était produite concernant la réception du message de l’évangile : refusé par les juifs, le message de miséricorde avait trouvé bon accueil de la part des païens. Paul et Barnabé déclaraient : « C’est à vous d’abord, Juifs, qu’il fallait annoncer la Parole de Dieu. Puisque vous la repoussez et que vous ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, nous nous tournons vers les païens.» (Ac. 13,44-48 et 28,25-28)

Si nous établissons un rapport entre l’introduction de ce chapitre 15e et l’épisode terminal, nous pourrions peut-être discerner la ligne directrice de l’ensemble. Des murmures sont à l’origine de l’enseignement de Jésus et l’opposition revient avec l’entrée en scène du fils aîné. Tout le passage et ses refrains, ses appels à la joie, pourraient être comme une invitation aux auditeurs récalcitrants. Le chapitre indiquerait alors comment passer du murmure à la joie partagée. Le passage reste ouvert et interpelle aujourd’hui encore le lecteur chrétien de l’évangile. Il stigmatise toute attitude d’ostracisme, d’intolérance de groupes choisis, d’élites, fermés sur eux-mêmes, incapables d’amour pour ceux que l’on méprise. Comment corriger pareille attitude et partager les sentiments de Dieu.

Jésus étonne et scandalise ceux qui se considèrent comme justes et pensent que Dieu ne peut que se réserver aux gens pieux plutôt qu’aux méchants. Jésus va répondre en révélant la conduite de Dieu. Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu, appeler non les justes mais les pécheurs. (Mc.2 ,17) Dans les première et deuxième paraboles, si la recherche retient davantage l’attention de Matthieu (18,12-14), en saint Luc, c’est la joie qui sous tend tout le récit.

Un fils pour son père : tel est sans doute le secret de la parabole de l’enfant prodigue. Chacun de deux fils a une fausse idée à ce sujet : Le cadet s’imagine ne plus être fils en raison de ses inconduites. L’aîné, lui, se considère comme serviteur de son père, mais un serviteur mal rétribué. Le père corrige en redisant à son aîné qu’il est non pas serviteur mais fils à qui tout appartient en même temps qu’à son père. Et du cadet que l’aîné dénonce comme « Ton fils que voilà », la père rétorque « Ton frère que voilà ». Jésus dénonce ici une religion mercenaire qui rend incapable d’adopter envers Dieu une attitude filiale en même temps qu’une attitude fraternelle avec les hommes. Opposition de Jésus au type de religion servile que peut engendrer certain culte de la loi ou certaine fausse théologie non inspirée de la Révélation. Car, il y a belle lurette que Dieu voit en nous des fils et des filles. Relire les premiers accents prophétiques (Osée 11, Jér. 2-3)

Dans cette révélation, car c’en est une, chacun, quelle que soit sa condition, peut se resituer devant Dieu. Le secret est le même qu’aux premiers temps : pour Dieu, nous sommes fils et filles éternellement bien-aimés, et les uns pour les autres, frères et sœurs. C’est pourquoi nous pouvons dire avec l’Esprit « qui crie en nous : Abba ! Père ! »

Nous sommes au cœur de l’Évangile, la Bonne Nouvelle, la Révélation.

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