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L’un n’est pas l’autre

Imprimer Par Denis Gagnon

« Chaque époque, selon Martin Heidegger, a une chose à penser. Une seulement. La différence sexuelle est celle de notre temps. » (IRIGAREY, Luce, Éthique de la différence sexuelle, Paris, Éditions de Minuit, 1984, p. 13)

Nous vivons présentement de grands changements jusque dans nos rapports humains. Nous portons des questions fondamentales, même en ce qui concerne nos relations interpersonnelles. Nous avons des conversions importantes à faire, jusques-là. Dépasser les stéréotypes, les clichés sexistes, les préjugés sur les femmes comme sur les hommes sont autant de questions que nous ne pouvons esquiver.

Dans notre réflexion sur la différence sexuelle, nous faisons erreur si nous confondons l’égalité et l’identité. Nous avons tort de penser qu’il faille parvenir à une humanité sans distinction, sans différence sexuelle ou encore qu’il faille adopter pour tous et toutes exclusivement des modèles masculins ou des modèles féminins.

Dans le premier récit de la création au livre de la Genèse, les oeuvres créées par Dieu sont établies dans la différenciation: ténèbres et lumière, terre et eaux, eaux d’en haut et eaux d’en bas, les jours et les nuits, etc. Jusqu’à l’être humain qui se présente homme et femme, et image de Dieu en tant qu’homme et femme au point qu’on soit forcé de dire avec Emmanuel Lévinas : « L’homme sans la femme diminue dans le monde l’image de Dieu. » (Difficile liberté, Paris, Albin Michel, 1976, p. 55)

Alors que Dieu n’a aucun sexe, son image sur la terre est avant tout sexuée. C’est même la première chose qui est dite d’elle: «Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa; mâle et femelle il les créa» (Genèse 1, 27). L’islam dit, dans une tradition coranique: « La première chose que Dieu a créée en l’homme fut son sexe ». (Nous suivons ici ligne après ligne les propos de LACROIX, Xavier, dans L’avenir, c’est l’autre, Paris, Cerf, 2000, p. 211)

L’homme seul ne peut tout dire de l’humanité. «Le sexe en tant que différence est ce qui interdit radicalement à l’homme de s’enfermer dans l’image qu’il se fait de lui-même.» (VASSE, Denis, La Chair envisagée, Paris, Seuil, 1988, p. 297.) L’un n’est pas l’autre. Chaque être humain est complet en lui-même. Mais il ne peut considérer qu’il épuise en lui-même toute l’humanité. Chez l’autre, nous reconnaissons ce qui nous ressemble. Mais nous remarquons aussi ce qui est différent. Dans l’amour, nous choisissons surtout ce qui nous différencie. Et Xavier Lacroix de poursuivre: «Chacun doit se dire: je ne contiens pas tout l’humain en moi; ce que je suis ne peut se comprendre qu’en référence et différence avec ce qu’est l’autre moitié de l’humanité, dont je ne suis pas.» (Ibid., p. 212)

Comme le couple est image de Dieu, il ne peut être perçu dans toute sa richesse et se percevoir lui-même que dans la révélation que Dieu fait de lui-même. On ne peut se comprendre et se connaître qu’en laissant Dieu se dire lui-même et se faire connaître. Par ailleurs, Dieu ne peut être perçu que par la médiation de l’humanité. Plus précisément, Dieu s’exprime dans le couple qui en est l’image et la ressemblance. Dans sa pluralité, le couple humain laisse soupçonner toute la diversité du mystère de Dieu. «Aussi l’homme laisse-t-il son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et ils deviennent une seule chair.» (Genèse 2, 24)

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