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Quel été!

Imprimer Par Denis Gagnon

Oui, quel été! La guerre, l’insupportable guerre! Le Proche Orient a pleuré tout l’été dans ses villes et ses villages bombardés comme sur nos écrans de télévision. Les journaux ont été inondés de photos d’enfants qui pleurent, tachés de sang, le front recouvert d’un bandage. Au Liban, en Israël, en Palestine, en Iraq, les jeunes jouaient à la guerre pour vrai. Et ça jouait dur! Un sport extrême!

Pendant que nous profitions d’une saison pleine de soleil , là-bas, le paysage était envahi par le feu des bombes et des nuages de fumée. Au coeur de la violence, on prononçait le nom de Dieu. On évoquait Allah pour appuyer des interventions terroristes. Pendant ce temps, l’adversaire croyait que le Dieu des armées, celui qui combattait naguère auprès de Saül et de David, marchait au combat contre les disciples de Mahomet.

On fait souvent appel à Dieu en temps de guerre. On cherche des appuis solides. Dieu pourrait en être un bon. On demande sa protection. On souhaite son intervention. Mais j’espère que Dieu ne se mêle pas de cela. J’espère qu’il laisse les humains assumer leurs responsabilités.

Je ne souhaite pas la discrétion de Dieu comme une sorte de punition pour mater des délinquants. Un jour, Jésus a dit: «Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu» (Matthieu 22, 21). Ce qui relève de la gérance de la terre doit être géré sur la terre entre terriens. Ce qui relève de Dieu doit être assumé avec lui.

Au coeur du mois de juillet, la liturgie catholique a évoqué l’image du berger. En voyant une foule désemparée, Jésus l’a comparée à un troupeau sans berger (cf. Marc 6, 34). Rendre à César ce qui lui revient, prendre en main la gérance de la terre, cela veut-il dire que les brebis que nous sommes n’ont pas besoin de berger?

Pour apprendre à organiser nos vies, pour développer de bonnes relations entre nous, nous n’avons pas besoin de berger. À travers les siècles, nous mettons en oeuvre des manières de faire. Grâce à notre intelligence, nous apprenons à vivre en société. Et s’il nous arrive de faire la guerre, nous savons très bien que la haine n’est pas une manière de vivre entre humains.

Nous n’avons donc pas besoin de berger pour savoir comment faire. Le berger conduit ses brebis vers un bon pâturage. Il oriente son troupeau, mais ce n’est pas lui qui broute l’herbe à la place de ses bêtes. Les brebis doivent manger par elles-mêmes. Nous avons besoin d’un berger pour nous orienter, pour savoir pourquoi faire. Nous avons besoin d’un berger qui nous révèle le sens des choses, le sens de la vie.

Par la bouche de Jérémie, Dieu a promis un vrai berger, «un Germe juste. Il régnera en vrai roi, il agira avec intelligence, il exercera dans le pays le droit et la justice… Voici le nom qu’on lui donnera “Le-Seigneur-est-notre-justice”.» (Jérémie 23, 5-6)

Saint Paul a reconnu en Jésus la promesse faite à Jérémie: «C’est lui le Christ qui est notre paix». En ces jours pénibles où s’affrontent au Moyen Orient juifs et non juifs, la lettre de saint Paul aux Éphésiens était d’une profonde actualité. Il vaut la peine d’en relire un extrait:

«C’est lui le Christ qui est notre paix: des deux, Israël et les païens, il a fait un seul peuple; par sa chair crucifiée, il a fait tomber ce qui les séparait, le mur de la haine… il voulait ainsi rassembler les uns et les autres en faisant la paix, et créer en lui un seul Homme nouveau. Les uns comme les autres, réunis en un seul corps, il voulait les réconcilier avec Dieu par la croix; en sa personne il a tué la haine.

«Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches. Par lui, en effet, les uns et les autres, nous avons accès auprès du Père dans un seul Esprit.» (Éphésiens 2, 14-18)

Le Christ n’est-il pas le berger qui donne le sens de cette terre que nous construisons de peine et de misère? Il a tué la haine dans sa personne. Dans sa victoire sur la haine et sur la mort, il nous dit qu’il n’y a pas d’autre avenir pour la terre que l’amour. Nous n’avons pas d’autre avenir que de nous aimer les uns les autres.

Denis Gagnon, o.p.

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