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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

2e Dimanche du temps ordinaire. Année B.

Imprimer Par Jacques Sylvestre

Que cherchez-vous?

Le lendemain, Jean Baptiste se trouvait de nouveau avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. » Les deux disciples entendirent cette parole, et ils suivirent Jésus. Celui-ci se retourna, vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi (c’est-à-dire : Maître), où demeures-tu ? » Il leur dit : « Venez, et vous verrez. » Ils l’accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était vers quatre heures du soir. André, le frère de Simon Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord son frère Simon et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie (autrement dit : le Christ). André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Képha » (ce qui veut dire : pierre).

Commentaire :

« Que cherchez-vous ? – Maître, où demeures-tu ? – Venez et voyez ! » L’histoire d’une vocation, histoire de toute vocation. Un homme connu du public avait proclamé : Voici celui qui vient, celui qu’on espère, l’Élu de Dieu. Quelques uns de ses disciples se mettent aussitôt à la suite de l’Inconnu de Nazareth. Un regard, un mot « Suis-moi» et les voilà conquis. Avaient-il des projets en tête, quelques aspirations intérieures, des visées spirituelles, attentes inavouées jusque là nourries de la méditation assidue des Écritures ? N’étaient-ils pas en somme en état de recherche ? Le grand Augustin confiait dans ses Soliloques : « Tu ne m’aurais pas trouvé si tu ne m’avais cherché ». Tel l’aveugle sur la route de Jéricho qui, apprenant que c’était Jésus la Nazaréen qui passait, ce mit à crier à fendre l’âme : « Seigneur, fais que je vois ». À son invitation, il se déleste de son manteau et se mit à le suivre. Qu’importe la suite, seul les débuts doivent ici nous retenir.

« Nous avons trouvé » proclament les disciples de bouche à oreille. S’ils n’avaient rien attendu, rien cherché, ne seraient-ils pas encore là, sur le bord du chemin, alors que le Seigneur passe. Car c’est sur la route que le Christ tient école : « Je suis le chemin ». Et la formation qu’il offre sera elle-même un cheminement, même si les appelés posent la question « Où demeures-tu ? ». « Le fils de l’homme n’a pas une pierre où reposer sa tête ». Jésus n’est pas le « maître » d’un système comme on peut devenir « maître en sacrée théologie ». Si les premiers appelés « demeurèrent près de lui » (1,39) c’est en l’accompagnant sur le chemin qui conduit d’expériences en expériences jusqu’au don le plus complet de l’amour : « Nul n’a plus d’amour que celui qui donne sa vie pour ceux qu’il aime ».

Il ne s’agit pas dans ce cheminement d’une recherche d’identité, objectif tellement obsessif de nos jours, mais d’une recherche de Jésus. Arès avoir clamé « la mort de Dieu », notre monde pose maintenant la question : « Dieu est-il ressuscité ? » Retour en force du divin en notre monde capitaliste, socialiste, matérialiste, quel que soit le visage transfiguré ou défiguré qu’il lui donne. Voilà le chemin d’une foi non dégénérée mais régénérée. Les disciples de Jean Baptiste attendaient un libérateur politique, le Messie d’Israël, la restauration de la nation, la venue de temps messianiques. Ils découvrirent un homme étonnamment libre, libre à l’égard du passé, de la religion établie, l’institution, du légalisme et toute forme de nationalisme politique ou religieux. La liberté se réalisait à l’intérieur de chacun et pour chacun. Rencontre avec un homme en tout semblable, la liberté deviendra communion de vie avec sa vie de Fils de Dieu. C’était bien au-delà de ce qu’ils espéraient en demandant à l’Inconnu : « Où demeure-tu ?» Et cette invitation du Maître : « Venez et voyez », qui peut en soupçonner la démesure ?

On n’utilise pas Jésus Christ, comme Dieu d’ailleurs. Jésus n’est pas utile. Comme Nicolas Boulte répondait à la question : « Jésus, ça sert à quoi ? Il faut aimer Jésus Christ pour lui-même, pour rien, comme on aime, quoi ! » Voilà ce qu’il nous faut chercher dans la prière, la méditation, le recueillement, la rencontre avec lui et nos frères. La gratuité de l’amour. Dieu est amour et celui qui aime connaît Dieu parce que Dieu est amour » (1 Jn, 4)

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