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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

Sainte Marie Mère de Dieu. Année B.

Imprimer Par Jacques Sylvestre

Nouvelle  Église, nouveau Temple

Ils se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après l’avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tout le monde s’étonnait de ce que racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son coeur. Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu selon ce qui leur avait été annoncé. Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.

Commentaire :

Pour rédiger cette page dans laquelle l’évangéliste tient à nous faire vivre quelque peu le mystère de la naissance du Fils de Dieu, saint Luc relit, du moins de mémoire, l’Ancien Testament. Sur le chemin d’Emmaüs, Jésus lui-même n’avait-il pas avec ses disciples repassé les Écritures pour leur permettre de comprendre l’événement « mort et résurrection ». En référant aux livres de l’Exode (3,1 – 4,17) et des Juges (6,11-21), sans négliger Isaie (6), Jérémie (1) et enfin Ézéchiel (1,1 – 3,21), nous retrouverons l’inspiration de ces écrits néo-testamentaires. Ce sont des schémas classiques et traditionnels. En relisant le récit tel que présenté ici par Luc, nous sommes à même de mesurer la liberté avec laquelle il adapte à l’originalité de l’événement la forme dont il se sert Comme sur la route d’Emmaüs, il voit en cette narration ancienne la preuve de l’événement surnaturel dont il se fait le messager.

C’est d’une liturgie de grandes fêtes dont Luc s’inspire, mais vécue cette fois en pleine nature, dans un total dépouillement : « Je vis le Seigneur assis sur un trône grandiose et surélevé. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils se criaient l’un à l’autre ces paroles : « Saint, saint, saint, est Yahvé Sabaot. Sa gloire emplit toute la terre. Les montants des portes vibraient au bruit de ces cris et le temple était plein de fumée » (Is. 6)

En la plaine de Bethléem, nouveau temple rustique, dans le silence de la nuit et le recueillement des bergers assoupis, la voix des anges éclatent dans le ciel : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur terre aux hommes de bonne volonté ». Alertés et quelque peu pris de stupeur, ces pauvres dans la nuit firent quelques pas dans la direction du petit bourg de Bethléem pour trouver dans la crèche un homme, une femme et un petit enfant emmailloté et couché dans une mangeoire. Le bœuf, l’âne et la tendresse des humains réchauffaient le petit. Avec émerveillement, le plus doucement du monde, ces hommes au visage ravagé par le temps et la froidure se penchèrent sur l’enfant : « Comme il est beau votre petit ! » confiaient-il à la toute jeune maman et à son époux, « comme il est beau ! ». C’était dans leur vie rustre et solitaire des hauts pâturages une lumière, une consolation, une source d’émerveillement.

Était-ce l’enfant, le sourire de la toute jeune maman ou le silence protecteur de l’homme… les bergers semblaient saisis par la scène. Pourtant, ils en avaient vue naître des petits, des agneaux, sans doute. Mais un enfant qui vient au monde, c’était à leurs yeux la merveille des merveilles. « Que deviendra cet enfant ? ».

Dans le silence de son cœur et de sa foi, nouvelle église, Marie, nous confie Luc, « gardait tous ces événements dans son cœur pour les méditer ». La nuit de Noël ne fut pas pour elle que le premier grand événement de sa vie maternelle, mais la source d’une vie intérieure pleine de questions, d’adorations et d’émerveillements. « Un sauveur vous est né » avait clamé les anges, cette révélation avait saisi l’esprit de celle qui allait être la première des sauvés. Avant même de présenter au monde la lumière, le salut et l’espérance, elle savait en vivre. Sa vie de femme et de mère était le lieu de rencontre avec Dieu.

Notre quotidien ne peut-il devenir également lieu de croisement des pas de Dieu et source de recueillement? Tant de choses se passent auxquelles nous ne prêtons la moindre attention. Pour les bergers, l’enfant aurait pu être un autre enfant, mais l’attention qu’ils portèrent à cette naissance fut pour eux la révélation : « Un sauveur vous est né ».

La nature et l’événement constituaient le nouveau Temple de la révélation, la nouvelle Église.

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