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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

1er Dimanche de l’Avent. Année B.

Imprimer Par Jacques Sylvestre

Veilleur, où est la nuit?

Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment. Il en est comme d’un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et recommandé au portier de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin. Il peut arriver à l’improviste et vous trouver endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »

Commentaire:

Avec l’année « B » débute la lecture de l’évangile selon saint Marc. Évangéliste de l’incompréhension, disciple de Pierre à Rome, Marc fut le premier à tenter la rédaction d’une « BONNE NOUVELLE » à l’intention d’une église pagano chrétienne comptant parmi ses membres des éléments juifs. Son objectif était de prouver à ses néophytes la divinité de Jésus. L’essai reposera sur les miracles de Jésus, signes de sa puissance en vue de l’établissement de son règne et de la libération de l’humanité. Si le succès s’avére extraordinaire dans les débuts, l’opposition conduite par Satan et les Docteurs de la Loi se montra des plus acerbe. Et le passage évoqué ce premier dimanche de l’Avent, commencement de l’année liturgique, tente de mettre en garde contre toute opposition, indifférence ou erreur.

La lecture de Marc exigerait une certaine connaissance de l’Ancien Testament. C’est par le bien fondé des Écritures que Marc et tous les évangélistes tentent d’étayer leur engagement. Rappelons ici la rencontre de Jésus avec les disciples d’Emmaüs désespérés : « Il commença à leurs expliquer les Écritures en tout ce qui le concernait » (Lc ).

La petite parabole de l’évangile, ce dimanche, fait problème. Quand le maître doit-il revenir ? « Vous ne savez quand le maître reviendra ». L’auteur insiste ici sur la probabilité d’un retour nocturne Pourtant on ne rentre pas d’un aussi long voyage à l’une des veilles de la nuit. D’où l’exhortation à veiller.

Nous sommes donc dans un contexte de nuit, plein de symbolisme dans la littérature de Israël. On a conscience des ténèbres qui règnent sur le monde : temps des tentations, périls, épreuves de tout genre. On retrouve abondamment ce thème de la nuit dans les lettres de Paul : « Il faut nous arracher au sommeil » conseille-t-il aux Romains (13,11). La nuit, c’est le temps présent avec toutes ses tribulations. Or la nuit est avancée, le salut est proche, le jour vient. (1 Th. 5,1+). L’intérêt de la parabole ne réside pas tellement dans le départ du maître pour un long et lointain voyage, mais l’attente dans la nuit. Le maître reviendra à une heure imprévisible de la nuit. Il importe que les disciples de Jésus et tous les chrétiens soient toujours prêts.

Le Fils de l’homme reviendra à l’improviste, la nuit, temps de tentations, d’épreuves et de souffrances. L’espérance du prophète prend ici tout son sens : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière » (Is. 9.1) Or celui qui croit en Jésus ne demeure pas dans les ténèbres (Jn.3,19 ; Ac. 26,18)

Mais même s’il est arraché aux ténèbres et devenu enfant de la lumière, le chrétien vit encore dans le temps de la nuit. Il demeure toujours en situation de tentations. Les disciples du Christ sont continuellement exposés au risque de tomber, de céder, d’être repris par le mal du monde présent.

La vigilance prend donc ici un relief accusé. Invités à veiller, les chrétiens doivent en ce monde de la nuit, réaliser leur vocation et le don reçu du Maître. Le jour approche, il importe de regarder le retour du Christ comme imminent et immédiatement devant soi. Veiller en attendant le retour du maître. Veiller, c’est-à-dire tenir sa vie tendue vers ce qui vient, le jour, la lumière et le Maître. Et cela ne peut être sans lutte. (Rm.13,11+). Veiller avec foi, amour, espérance et vérité.

Cette vigilance ne peut et ne doit entraîner aucune indifférence, aucun reniement envers l’existence présente. Le danger existe (2 Th. 3), on aurait alors mal compris le message du Christ. Veiller c’est vivre déjà le jour à venir dans la joie et la paix, fruits de l’espérance.

C’est donc dans cette parabole que prend tout son sens l’appel du prophète : « Veilleur où est la nuit ? »

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