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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

26e Dimanche du temps ordinaire. Année A.

Imprimer Par Jacques Sylvestre

L’être et le faire

Que pensez-vous de ceci ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : « Mon enfant, va travailler aujourd’hui à ma vigne. Celui-ci répondit : « Je ne veux pas ». Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. Abordant le second, le père lui dit la même chose. Celui-ci répondit : « Oui, Seigneur ! » et il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils répondirent : « Le premier ». Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu. Car Jean Baptiste est venu à vous, vivant selon la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; tandis que les publicains et les prostituées y ont cru. Mais vous, même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas repentis pour croire à sa parole.

Commentaire :

« Ce n’est pas en disant : « Seigneur, Seigneur ! qu’on entrera dans le Royaume des cieux, avait, un jour, déclaré Jésus, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux ». (Mt. 7,21) L’apôtre Jean de son côté insistait : « Petits enfants, n’aimons ni de mots, ni de langues, mais en actes et en vérité » (1 Jn. 3,18)

Le passage de l’évangile de ce jour semble porter sur l’engagement. Il est d’une très grande actualité, même s’il demeure toujours en rapport étroit avec le contexte historique de l’annonce du message de Jésus Christ. Deux comportements sont ici définis, opposés l’un à l’autre. Le premier consiste à dire spontanément « Oui » pour une satisfaction personnelle, tout « observateurs de la loi » que nous croyons être comme les Pharisiens, mais ne rien faire. Le second consiste au contraire à nous laisser d’abord interpeller par la Parole, dans la réalité de notre vécu. Et même si, spontanément, la réponse est négative, presque de défense, nous ne pouvons plus voir les choses de la même façon, et le cœur se transformera petit à petit.

De fait, la Parole de Dieu dérange de soi, et la réponse risque d’être un refus. Ne projette-elle pas l’homme hors de ses habitudes et de lui-même Ce « non » constitue une réponse on ne peut plus personnelle et compromettante. Une mise en disponibilité demeure toujours possible malgré toutes apparences, et risque de contredire notre propre rythme de vie. C’est en ce sens que Jésus ajoute:« Les publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume ».

L’engagement, réalité humaine fort contestée de nos jours comme de tout temps. L’homme tient à sauvegarder sa propre liberté. N’oublie-t-on pas que l’homme vaut toujours davantage ce qu’il devient par sa réponse au projet divin, et non ce qu’il demeure. « Allez à ma vigne », qu’est-ce à dire sinon se plier, s’astreindre à la réalité terrestre et humaine en acceptant la volonté divine exprimée concrètement. C’est ainsi que nous contribuons à la fin d’un monde et à la venue d’un monde nouveau que nous attendons et espérons tellement. Gardons-nous bien de toute forme d’évasion vers des espérances indéfinies, voire même les fins dernières, au risque d’oublier ou de négliger les engagement présents de la vie, sources de dynamisme et fondements de la réalité future. Un même danger menaçait les premiers chrétiens vivant dans l’attente du retour du Christ.(1 Thess. 5)

Pour bien saisir le message de cet évangile, il importe une fois encore de replacer le récit dans la bouche de Jésus et l’enseignement de Matthieu. Malgré son extrême sobriété, l’épisode comporte une leçon incomparable. Il rappelle Samuel et son blâme sur la conduite du roi Saül : « Le Seigneur se plaît-il aux holocaustes et aux sacrifices comme dans l’obéissance à la parole du Seigneur ? L’obéissance est autre chose que le meilleur sacrifice, la docilité autre chose que la graisse des béliers » (1 S.15,22)

Le leçon de la parabole est simple : obéir, ce n’est pas dire « OUI », mais faire ce qui est demandé. La volonté divine ne consiste pas en une série de préceptes à observer, mais en une réponse personnelle à un Dieu qui appelle de façon souvent imprévisible. Et cette obéissance n’est possible que grâce à la reconnaissance dans la foi de cette volonté exprimée dans la parole des envoyés de Dieu, les événements qui dérangent, les projets définis… La foi est toujours première. L’obéissance est réponse à Dieu qui parle et nous interpelle chaque jour de moult façons. L’engagement, quels que soient ses préambules ou ses difficultés, n’est pas dans ce « Oui » ou ce « Non », mais dans l’être et le faire quotidien.

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