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Billet hebdomadaire

Lettre à mon frère qui deviendra pape bientôt!

Imprimer Par Denis Gagnon

À toi mon frère,

Te voilà bientôt le pasteur de l’Église universelle. Quelques jours à peine te séparent de ce moment unique où tes pairs t’auront choisi pour mener les destinées de l’Église catholique romaine. Comment recevras-tu cette élection? Quels sentiments traverseront ton esprit? Par quelles émotions passeras-tu? Auras-tu peur? Seras-tu fier de ce qui t’arrive? Oseras-tu penser que tu le mérites ou bien, plus humblement, trouveras-tu que tes confrères et le Saint Esprit t’en demandent beaucoup? Une prière d’action de grâce ou de supplication montera-t-elle spontanément à tes lèvres?

J’aimerais bien que tu sois surpris de ton élection. Et que rapidement te viennent à l’esprit tes limites personnelles, tes pauvretés. Je ne veux pas, en disant cela, t’inviter à être timoré, à te laisser abattre par la perspective de devoir mener une barque aussi gigantesque. Je veux simplement que tu t’en remettes totalement à Dieu, à la présence de son Esprit, à la confiance. Si cet acte de foi t’habite, tu guideras l’Église dans l’attention constante aux signes de l’Esprit et aux appels de tes frères et de tes soeurs.

Ce sentiment d’humilité ferait de toi un homme audacieux. N’ont vraiment de l’audace que ceux qui ont la certitude que Dieu est le premier à agir dans leur vie. N’osent vraiment que ceux qui reconnaissent les appels de Dieu à travers la vie de tous les jours. Dieu parle dans les petites heures de la vie quotidienne comme au cours des grands événements qui laissent des marques dans l’histoire. Il n’y a que les pauvres qui ont l’oreille assez fine pour entendre Dieu. Je souhaite ardemment que tu sois de ceux-là.

J’aimerais qu’en te voyant agir les plus petits comme les plus grands aient la conviction que tu les comprends. Pour cela, il faudra que tu crois profondément que l’Esprit s’exprime dans chaque baptisé. Et que ce qu’il dit n’est jamais ridicule même dans le plus ridicule des êtres humains. Gouverne avec l’impression que les plus humbles font partie de tes conseillers privilégiés. Surtout ceux qui vivent des situations difficiles. Je pense en particulier à ceux et celles qui sont rejetés ou méprisés, ceux qui vivent des échecs irréversibles, ceux qui n’arrivent pas à être considérés par les autres. Écoute bien attentivement ceux qui sont condamnés par d’autres catholiques; c’est souvent là qu’on rencontre les souffrances les plus pénibles. Et les souffrants sont souvent des sages.

Si jamais te vient l’impression que tu perds le contrôle de l’Église, n’aie pas peur. Si tu crains que les baptisés en mènent trop large, ne panique pas. Si tu redoutes les excès, rappelle-toi que l’exemple vient de haut: Dieu, le premier, ne s’est pas retenu. N’est-ce pas excessif que de laisser son Fils mourir sur une croix? N’est-ce pas excessif que de le ressusciter d’entrer les morts? N’est-ce pas excessif que de lancer l’Esprit dans l’univers au risque que son action soit confondue avec les excès de l’imagination créatrice des fous de l’Évangile?

Permets-moi de souhaiter que tu ne sois pas trop sage. Sois du genre Jésus de Nazareth! Quelqu’un qui n’a pas peur de rencontrer les pécheurs. Il y en a encore, tu sais. Et il y en a encore qui nous précèdent dans le royaume? N’hésite pas à sermonner les grands qui se graissent en profitant de leur situation d’autorité. Rappelle à tes frères et à tes soeurs que l’esprit est plus important que la loi. Et que les seules lois qui méritent respect sont celles qui expriment fidèlement l’esprit.

On ne t’aimera pas toujours si tu ressembles trop à Jésus. Accepte de perdre des partisans, s’il le faut, pour demeurer fidèle à son Évangile. Jésus a payé cher sa communion à son Père et son option pour les pauvres et les petits. Peux-tu être dispensé du prix que te coûte ta foi?

En terminant, j’ai une faveur à te demander: prie pour moi. Ce que j’attends de toi, je dois en vivre moi-même. Et compte sur ma propre prière.

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