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La Chandeleur

Imprimer Par Anselm Grün

Anselm Grün, moine bénédictin, est abbé du monastère de Münsterschwarzach en Allemagne. Docteur en théologie et psychologue, il est accompagnateur spirituel. Ses livres connaissent un grand succès en Europe. Plusieurs ont été traduits en français.

Quarante jours après Noël, le 2 février, on célébrait à Jérusalem depuis le v6 siècle une fête bien particulière. On l’appelait la fête de la Rencontre, ou de la Purification. À Rome, on célébrait alors la Présentation de Jésus au Temple. La piété populaire a toujours rapporté cette fête à Marie, et l’a nommée pour cette raison, en allemand, la fête des lumières de Marie (Mariä Lichtmess). Jadis, cette fête marquait la fin du temps de Noël. La réforme de la liturgie a abrégé ce temps ; elle en a fixé le terme à la célébration du baptême de Jésus. À Rome, le jour de la Présentation, on défilait en procession solennelle en portant des cierges. Il est probable qu’ainsi l’Église a repris à son compte l’usage païen de l’une de ces processions purificatrices qui se pratiquaient à Rome au début de février ; dans ce cas encore, on peut déceler les racines païennes de la fête, et constater qu’elle avait pour les chrétiens une signification archétypique. Mais quel sens cette fête peut-elle encore avoir aujourd’hui pour nous ?

Elle rappelle la rencontre de Marie et du vieillard Syméon. Celui-ci prend l’enfant dans ses bras et bénit Dieu en disant : « … mes yeux ont vu ton salut, / que tu as préparé à la face de tous les peuples, / lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël » (Luc, 2, 30-32). Pour moi, le rituel de ce jour comporte l’écoute de la cantate de Bach Ich habe genug [cantate n° 821. Le texte dit : « J’ai assez vécu; avec un grand désir, j’ai pris dans mes bras le Sauveur, l’espérance des fidèles. Je suis comblé ! Je l’ai vu, ma foi a serré Jésus sur mon cœur. » Au quarantième jour après Noël, le but de cette fête apparaît dans ces paroles. Si, pendant ces semaines, j’ai vraiment médité sur Jésus, si je l’ai pris dans mes bras, alors je suis comblé, alors je peux laisser aller tout ce qui me retenait encore. La Nativité m’accompagne dans la vie quotidienne ; avec le Christ dans mon cœur, je peux la sur­monter autrement.

Dans ses chants, la liturgie manifeste un autre aspect encore de cette fête. L’antienne que l’on chante lors de la procession aux cierges dit : « Décore ta demeure nuptiale, Sion, et reçois le Christ Roi. Prends dans tes bras Marie, la Porte du Ciel ; car elle porte le Roi de la lumière éternelle. » Cette fête nous invite à recevoir le Christ dans la demeure intérieure de notre âme; la demeure ainsi évoquée, c’est notre cœur. Les noces entre Dieu et l’être humain ont lieu quand nous laissons le Christ entrer dans la demeure intérieure du château de notre âme, comme Thérèse d’Avila nomme la chambre nuptiale de l’âme humaine. Ce qu’exprime et célèbre la procession de la Chandeleur, c’est cela. Au début de l’Eucharistie, les fidèles se rassemblent dans l’église plongée dans l’obscurité ; le prêtre consacre les cierges et les allume. Ensuite, tous rentrent dans l’église avec les cierges allumés : cette image montre que la lumière de Jésus-Christ entre dans le temple de notre cœur et illumine tout ce qui y était encore obscur et en attente de la rédemption.

Beaucoup de communautés essaient aujourd’hui de reprendre et de renouveler la célébration de la Chandeleur, car elles sentent que cette fête nous communique quelque chose d’essentiel concernant notre existence même: il faut qu’en notre vie toujours plus de nouveaux espaces s’ouvrent à la lumière qui s’est allumée à Noël dans notre monde. La lumière de Noël nous renvoie à notre vie quotidienne, en nous donnant pour tâche d’y ouvrir à l’illumination des domaines toujours plus nombreux : ceux du travail, de la vie de famille, de la communauté dans le service divin de l’engagement politique. Il faut que la lumière de Noël éclaire, aujourd’hui encore les païens, comme il est dit dans le chant de louange de Syméon. Il faut qu’aujourd’hui encore cette lumière de l’amour comble le monde, en toi qui me lis, et autour de toi, afin que tous les humaines voient le salut qui exauce leur désir le plus profond.

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