Envers et contre tout
Jésus dit: « Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait point Dieu et qui n’avait d’égard pour personne. Il y avait aussi dans cette ville une veuve qui venait lui dire : Fais-moi justice de ma partie adverse. Pendant longtemps le juge refusa. Mais ensuite, il dit en lui-même : Quoique je ne craigne point Dieu et que je n’aie d’égard pour personne, néanmoins, parce que cette veuve m’importune, je lui ferai justice, afin qu’elle ne vienne pas sans cesse me rompre la tête ». Le Seigneur ajouta: « Entendez ce que dit le juge inique. Et Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et tardera-t-il à leur égard ? Je vous le dis, il leur fera promptement justice. Mais, quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »
Commentaire :
Cette parabole rapportée exclusivement par Luc est soigneusement construite : une introduction indiquant les destinataires et le but de l’exemple ; la parabole est suivie de son application. Parabole très sobre, d’une simplicité d’action, avec des personnages bien campés. Le contexte de cette parabole n’est pas sans signification : Luc rapporte d’abord la guérison des dix lépreux, suit un long discours adressé aux disciples sur le jour du Fils de l’homme. Il ajoute la parabole du juge qui laisse traîner le jugement précédent la parabole du Pharisien et du Publicain.
La parabole du juge inique s’adresse aux disciples ( 17 : 22), elle est comme l’application de l’invitation du Christ : « il faut toujours prier sans se décourager », que Luc a certes mûri avec son maître Paul ( 2 Th. 1 : 11, et 3 : 13 ; Col. 1 : 3 ; 2 Co. 4 : 1,16 ; Ga : 6 : 9). Le personnage central est un juge d’une petite cité, appliquant la justice selon ses humeurs à des personnes sans défense. Une veuve le harcèle pour lui demander très simplement : « Rends-moi justice ». Après avoir laissé traîner la cause, le juge las de ses appels, se décide donc à lui rendre justice, sans motifs valables, par pur égoïsme, pour que la veuve ne revienne plus lui casser la tête.
Il s’agit d’un juge « sans justice ». La parabole va centrer toute l’attention sur l’action du juge et non sur sa personne. Car si ce juge de la parabole ne semble avoir aucun souci de justice, il n’en est pas ainsi de Dieu., le juste juge, patient et indulgent ( Pr. 19 : 11 ; Si. 18 : 11 ; Mat. 18 : 26,29 ; 1 Co. 13 :4 ; Jc 5 : 7-8). Justice sera rendu promptement à ceux qui l’appellent. La conclusion, l a signification de la parabole est d’une clarté : « Dieu ne ferait-il pas justice à ses élus ? » « Je vous le dis » : formule d’affirmation solennelle que l’on retrouve plusieurs fois chez Luc ( 15 : 7,10 ; 16 : 9 ; 18 : 14) . Dieu va faire justice aux siens comme le laissait entendre l’interrogation passionnée précédente, et il va le faire « bien vite ». Justice sera rendue promptement à ceux qui l’appellent.
Et la dernière réflexion : « y aura-t-il encore la foi au dernier jour, » nous situe. On la retrouve en Mat. 23 : 23 et Luc l’utilise plusieurs fois dans les Actes ( 6 : 7 ; 15 : 9). Il s’agit de l’engagement envers le Seigneur. Luc doit faire ici allusion aux persécutions qui imposent aux croyants de rendre compte de leur foi au péril de leur vie. (6 : 22-23 ; 21 : 12-19 ; Ac. 7 : 55-60) Une menace plane sur la fidélité. Cette question contient une invitation pressante aux fidèles qui attendent la venue du Fils de l’homme : fidélité dans la prière pour conserver cette fidélité au Christ.