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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

5e Dimanche de Pâques. Année C.

Imprimer Par Jacques Sylvestre, o.p.

Gloire et amour

Quand Judas fut sorti, Jésus dit : « Maintenant le fils de l’homme a été glorifié et Dieu a été glorifié en lui. Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même et il le glorifiera bientôt. Mes petits enfants, je n’en ai plus pour longtemps à être avec vous… Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Oui, comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. A ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à cet amour que vous aurez les uns pour les autres.»

Commentaire :

Mes petits enfants ; on croirait entendre le patriarche adressant ses dernières recommandations à ses fils rassemblés à son chevet. Premiers mots d’un testament, monologue du mourant. Dans ce bref passage, nous pouvons identifier d’une part un fragment de la liturgie chrétienne primitive qui proclame la gloire du Fils de l’homme, et d’autre part l’essentiel du « Discours d’adieu » de Jésus. Nous y retrouvons l’annonce du départ prochain, des recommandations d’ordre moral, une exhortation à la foi en Dieu, à la persévérance dans l’observation des commandements et un regard sur l’avenir.

HYMNE AU FILS DE L HOMME

Du texte abrégé que nous lisons, une double interprétation peut se dégager des premiers mots. Est-il question de la gloire acquise par le Christ au cours de sa vie terrestre ou de celle que lui vaudront sa passion et sa résurrection ? S’il est question de la foi pascale de l’Église, la seconde interprétation est certes plus probable. Pour l’église dans laquelle vit l’auteur du 4e évangile, l’expression de la foi et de l’espérance est maintenant devenue celle des chrétiens : foi dans la gloire acquise par le Christ en sa mort et sa résurrection, et espérance de la gloire que le Fils de l’homme va recevoir dans la glorification nouvelle de la parousie. Les paroles de Jésus dans ce 4e évangile doivent souvent être comprises dans le cadre de la vie de l’Église et la perspective de la foi pascale. Les mots « L’heure vient et elle est maintenant venue » souligne l’actualisation dans la vie de l’Église des paroles de Jésus au cours de sa vie terrestre. Le chapitre 17e fournit un exemple de cette manière johannique. « Maintenant » désigne l’époque d’après Pâques : le 4e évangile insiste sur le fait que les disciples avant la résurrection n’avaient pas une pleine intelligence des paroles ni une foi parvenue à maturité. Mais s’agit-il ici de paroles du Ressuscité ? Il paraît évident que nous nous trouvons ici dans les harmonies d’une hymne liturgique ; les mots « gloire » et « glorifier » sont du vocabulaire de l’hymnologie chrétienne. Des chrétiens louent Dieu pour la gloire du Fils de l’homme acquise lors de sa résurrection.

COMMANDEMENT NOUVEAU

Depuis quand ce commandement de l’amour est-il un précepte nouveau ? Ne le trouve-ton pas déjà dans l’Ancien Testament (Lev. 19 : 18) et dans le code de lois des bédouins du désert (Ex.20-22) ? L’évangile vient-il instaurer une nouvelle manière d’aimer ? A vrai dire, ce commandement n’est pas nouveau puisque le monde juif le connaissait déjà. Un intense climat de fraternité régnait déjà au sein de la synagogue. Si l’Ancien Testament, la Loi ancienne, avant Jésus, prescrit d’aimer son prochain comme soi-même, Jésus demande de l’aimer comme lui-même nous a aimés. (Jn.13 : 34 et 15 : 12) C’est donc une mesure inédite que Jean rappelle ici, un au-delà manifesté et exprimé dans la personne de Jésus qui a donné sa vie pour ses frères (I Jn. 3 : 16). Cet amour fraternel deviendra le signe distinctif des disciples de Jésus. Jean s’adresse à une communauté chrétienne ; aussi semble-t-il ignorer l’exhortation des trois autres évangélistes concernant l’amour des ennemis. Dans l’esprit du Christ, l’amour fraternel devient la base de la vie et la manifestation au monde de l’amour de Jésus. D’ailleurs le terme « commandement » traduit assez peu l’expression grecque utilisée par Jean ; le mot « voie » conviendrait davantage : une façon de vivre plus qu’en ensemble de préceptes.

DISCIPLE DE JÉSUS

L’identification à Jésus ne se trouve nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament. Durant le séjour de Jésus sur terre, sa collégialité avec les disciples n’exigeait nulle manifestation particulière pour la reconnaissance. Le seul fait de l’écouter et de le suivre identifiait assez ouvertement le disciple de Jésus. Mais désormais, après son départ, seul un style de vie basé essentiellement sur l’amour fraternel deviendra la marque distinctive des chrétiens. Ni rite, ni loi, ni Credo ne pourront remplacer ce signe. Et les chrétiens seront reconnus dans le monde dans la mesure où l’on pourra dire comme des premières communautés des Actes : « Voyez comme ils s’aiment ».

Cette page d’évangile adressée à des enfants s’achève en identifiant par l’amour des frères et sœurs en Jésus Christ.

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