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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

Baptême du Seigneur. Année C.

Imprimer Par Jacques Sylvestre, o.p.

Bougies et chandelles

Le peuple était dans l’attente ; tous sondaient leur cœur à propos de Jean et se demandaient : Ne serait-il pas le Christ ? Jean répondait à tous : Moi, je vous baptise par l’eau, mais vient le plus puissant que moi ; je ne suffis pas pour délier la lanière de ses sandales… A ce moment, tout le peuple a été baptisé. Jésus aussi a été baptisé. Il priait quand le ciel s’est ouvert. Le Souffle saint s’est présenté physiquement sous la forme d’une colombe, descendit sur lui, et une voix venue du ciel se fit entendre : Tu es mon fils, mon aimé, en toi je trouve ma joie.

Commentaire :

Le chapitre troisième de Luc débute comme les récits de Marc et de Matthieu : avant l’ouverture de la mission de Jésus, on trouve la prédication de Jean-Baptiste et les deux épisodes du baptême et de la tentation de Jésus. Ces éléments donnent sans doute un sens à la mission qui va suivre. On n’oublie pas que l’auteur, historien consciencieux et de plus évangéliste, a souci de présenter un sujet « utile » qui contribue à l’édification morale des destinataires. Ce récit du baptême de Jésus n’est donc pas une nouvelle parmi les nouvelles, il constitue le prélude à l’annonce de la Grande Nouvelle, et c’est dans cette optique qu’il faut en faire la lecture.

Le baptême de Jésus clôt celui de Jean. Ce n’est pas peu dire. La réputation du Précurseur n’était plus à faire : on accourait de loin pour se faire baptiser par lui. Cette démarche purificatoire n’était pas pure fantaisie ou simple geste rituel de la part du Baptiste ou de ses fidèles. Il ne suffisait pas de frapper à sa porte pour être reçu au baptême comme cela résume bien souvent la démarche paroissiale. Le rituel devait être précédé d’un réel effort de conversion. Et quoiqu’il en soit, on venait nombreux, on ne connaissait que ce baptême (Ac. 18 : 25) bien qu’il y eut d’autres sources de purification : « De quel baptême avez-vous donc été baptisées ? » (Ac. 19 : 3) Baptême au nom de Paul (1 Co. 1 : 13+15), baptisés en Moïse dans la nuée (1 Co. 10 : 2).

BAPTISÉ

Modestement, perdu dans la foule des pauvres de Yahvé, Jésus se présente donc à Jean pour recevoir le baptême et descend dans les eaux du Jourdain. Alors qu’il priait, note familièrement saint Luc, des manifestations révèlent une partie du mystère caché depuis la création du monde : « L’Esprit Saint descendit sur sa tête, comme une colombe, et du ciel une voix se fit entendre : c’est Toi mon Fils ; Moi, aujourd’hui je T’ai engendré «. On croirait entendre le prophète Isaïe : « Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui j’ai mis toute ma joie. J’ai fait reposer sur lui mon esprit ». Et pour les plus érudits en matière de révélation prophétique, le message se complète avec les mots qui suivent : « Mon serviteur ne criera pas, il ne haussera pas le ton… il n’écrasera pas le roseau froissé et n’éteindra pas la mèche qui fume encore… Il ouvrira les yeux des aveugles, fera sortir les captifs de leur prison et ceux qui habitent les ténèbres…» Inondé, ruisselant des eaux de l’Esprit, les cieux se déchirent et Jésus reflète la parfaite vérité du Père, sa tendresse, son amour pour l’humanité purifiée en lui par son Baptême. Nous touchons là une toute première révélation de la Trinité, ce que fêtent davantage en ce jour les églises orientales. Telle est l’origine de la formule dans l’administration du sacrement chrétien : « Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ».

BAPTISÉS DANS LE CHRIST » (Rm. 6 : 3 )

Avec le Christ, nous sommes descendus dans les eaux du Jourdain et plongeant sous les eaux, nous avons signifié notre mort à toute vie pécheresse, et émergeant des eaux, nous avons exprimé le retour à la vie, la résurrection. Tel était la figuration sacramentelle du rituel dans les piscines des baptistaires d’autrefois. Saint Ambroise résumait ainsi tout le mystère de la grâce baptismale : « Seul Jésus est plongé dans l’eau, mais il nous a tous relevés ! Seul, il est descendu, mais pour que nous remontions tous ! Seul il s’est chargé des péchés de tous, mais pour qu’en lui les péchés de tous fussent purifiés »

Cette fête du baptême de Jésus, c’est aussi la fête, notre fête dont nous devons approfondir le sens et l’engagement chaque jour, cette relation qui nous lie à Dieu pour toujours : « Tu es mon fils bien-aimé. En toi, j’ai mis tout mon amour ». C’est dire cette merveille qu’il faudrait vivre au quotidien. « Le commencement et le principe de la vie, c’est mon baptême, écrivait Basile de Césarée (+ 379). Le premier de mes jours, c’est le jour de ma nouvelle naissance. La Parole, la plus précieuse de toutes, celle-là même qui fut prononcée quand je reçus moi aussi l’adoption filiale. Ainsi suis-je devenu enfant de Dieu ».

Cela mérite bien le meilleur de gâteau avec bougies et chandelles. Mais une seule suffirait : la fidélité quotidienne à notre engagement baptismal.

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